Les mots préférés des politiques décryptés La "Lanterne" et le "maroquin"

 A quoi fait-on référence précisément lorsqu'on évoque "La Lanterne", pavillon mis à la disposition du Président de la République à Versailles ? Et d'où vient le terme "maroquin" qu'on utilise souvent pour désigner un portefeuille ministériel ?


nicolas sarkozy dispose de la lanterne.
Nicolas Sarkozy dispose de la Lanterne. © Commission européenne

 La Lanterne pavillon de chasse édifié en 1787, situé dans le parc de Versailles. Résidence de villégiature du Premier ministre depuis le début de la Ve République. André Malraux, pourtant ministre de la Culture, y logea pendant sept ans – après la destruction de son appartement par un attentat de l'OAS. Sa compagne Louise de Vilmorin se chargea de la décoration du pavillon. L'endroit fut très prisé par Laurent Fabius, Michel Rocard (qui y fit construire piscine et tennis) puis Lionel Jospin. Pour l'anecdote, Édouard Balladur y fit enterrer son chien. La Lanterne n'a rien de révolutionnaire : construite par le prince de Poix, "elle ne doit pas son nom aux émeutes mais au lanternon qui couronnait le pavillon", nous apprennent Raphaëlle Bacqué et Gérard Rondeau dans leur beau livre République. Mis à la disposition du président de la République depuis 2007, l'ancien relais est devenu l'un des lieux de repos de Nicolas Sarkozy, qui y fêta son mariage avec Carla Bruni. La petite phrase : "Avec la perte de la Lanterne, tu as perdu le meilleur du job !" (Jean-Pierre Raffarin à François Fillon).

"Le maroquin est un cuir que l'on réservait aux livres de grande valeur..."

 Maroquin reliure en cuir, portefeuille. Ne pas confondre avec (ou écrire, par inadvertance) "marocain". Cela dit, le maroquin était, à l'origine, une peau de chèvre, tannée avec du sumac, plante importée... du Maroc. Glossaire du bibliophile : "Le maroquin est un cuir que l'on réservait aux livres de grande valeur et qui se reconnaît par un grain fort marqué. Il est souvent teint en rouge ou en vert. Il provenait à l'origine des chèvres du Cap et fut utilisé à partir du XVIIe siècle." Par extension, le portefeuille en maroquin en est venu à désigner la fonction de ministre. Ex. : "À Nantes, le maroquin contre le bilan. Élisabeth Hubert, ministre de la Santé, affronte le maire PS, Jean-Marc Ayrault." (Libération du 1/6/1995). Les ministres se doutent-ils qu'il n'y aurait pas de maroquin sans chèvre ? Quand Le Figaro titrait, en 2009, "Séguin 'ne croit pas trop' à un maroquin", fallait-il y voir de la malice ?