PS, UMP/UDI, FN... et si tout le monde avait perdu ?

PS, UMP/UDI, FN... et si tout le monde avait perdu ? Si la droite apparaît comme la grande gagnante du premier tour du scrutin, la victoire est en réalité toute relative. 85 % des inscrits n'ont pas voté pour l'UMP/UDI

[Mise à jour le 24 mars 2015 à 10h21] Quels sont les vrais enseignements politiques du premier tour des élections départementales ? La droite s'offre une victoire, le FN confirme son poids électoral, le PS résiste avec un résultat aux départementales "un peu meilleur que prévu". Tous les partis ou presque tentent depuis hier d'interpréter les résultats du scrutin en leur faveur. Mais l'enseignement principal de ce premier tour est clair : le tripartisme s'est installé en France. Pour le second tour des élections départementales 2015 dimanche prochain, comme pour les autres élections à venir, il va en effet falloir compter à l'avenir sur 3 forces politiques : la droite, la gauche et le Front national.

Pour autant, compte tenu du niveau élevé de l'abstention, les formations politiques de tous bords devraient prendre un peu de recul. La réalité est la suivante : la droite unie (UMP-UDI), si elle est arrivée en tête, ne recueille même pas l'aval de 15% des inscrits sur les liste électorales. 1,5 Français sur 10, c'est tout de même bien peu pour lancer la dynamique de l'alternance. Le FN ne fait pas peu, pire, il semble quant à lui perdre sa place de premier parti d'opposition, qu'il avait conquise pour un temps, lors des européennes. Et la gauche prend peu à peu conscience du drame de ses divisions qui l'ont privée du maintien au second tour dans plus de 500 cantons.

Les tout derniers résultats définitifs ont été communiqués ce lundi par le ministère de l'Intérieur. Sur les 98 départements concernés, les scores par formation sont les suivants : l'alliance UMP-UDI-UD obtient au total 28,75% des voix, le FN: 25,19% des suffrages et le PS, avec ses alliés, atteignent 21,85% (28,66% avec les divers gauche). Le Front de gauche est crédité d'un peu plus de 6% des suffrages, mais en revendique, dans un communiqué diffusé aujourd'hui, plus de 9%. Le parti de Jean-Luc Mélenchon et ses alliés communistes accusent le ministère de l'Intérieur d'avoir manipulé les nuances des candidats et d'avoir "caché" des prétendants du Front de gauche dans la nuance "divers gauche". EELV obtient 2,03% des votes exprimés. Au total, le bloc de droite et le bloc de gauche ont tous deux réunis près de 36% des voix.

Résultats des départementales : 290 élus au 1er tour

Il est désormais possible sur Linternaute.com de voir les résultats des départementales dans chaque ville, dans chaque commune ou dans chaque canton. Le ministère de l'Intérieur a annoncé 290 élus dès le premier tour sur 4108 candidats : 220 candidats de droite, 56 de gauche, 8 Front national, et 6 divers. Le FN s'est maintenu dans 1 100 cantons sur 2 054. La gauche, elle, est éliminée dans un quart des cantons (524).

La droite est en mesure de conquérir au moins 15 départements à la gauche dimanche prochain, probablement plus. L'institut OpinionWay va même plus loin, avec des projections tablant sur une déferlante bleue dimanche prochain : "probablement" 71 départements à droite, 19 "probablement à gauche" et 3 sans majorité absolue. Le FN ne serait donc pas en mesure de gagner le moindre département, à moins dans ces trois derniers conseils où il pourrait prendre la majorité grâce à une alliance ou jouer le rôle d'arbitre.

Les ténors de la politique nationale sont en tous cas repartis en campagne aujourd'hui. tandis que Marine Le Pen fustigeait sur RMC l'analyse de Manuel Valls qui minimise à la fois la défaite du PS et la progression du FN, elle a demandé de nouveau la démission du Premier ministre. De son côté, Manuel Valls a commencé la journée sur RTL, en demandant une forte mobilisation et surtout une union de la gauche au second tour, alors que les divisions ont fait beaucoup de dégâts au premier. Le chef du gouvernement s'est ensuite rendu en Seine-Saint-Denis, département de gauche en passe de basculer, d'où il a lancé un appel aux électeurs de droite cette fois : ne pas suivre la consigne du "ni-ni" (ni PS, ni FN) dans les cantons où la droite a été éliminée et faire barrage au FN en votant socialiste. Nicolas Sarkozy, qui avait justement réaffirmé cette ligne du "ni-ni" hier soir, a quant à lui reçu son allié de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, au siège du parti. Les deux hommes ont tenu à afficher leur union alors que la ligne à suivre face au FN n'est pas partagée. Demain, le président de l'UMP sera l'invité de RTL à son tour, avant une semaine très dense de campagne.

Les informations de lundi - Analyses, réactions [Direct]

15h27 : En Allemagne aussi, on commente aussi l'élection. Le magazine Spiegel analyse ainsi le scrutin : "L'avance de l'extrême droite modifie la tectonique de la Ve République, en faveur du tripartisme. Jusqu'alors, la vie politique était rythmée par l'alternance gauche-droite".

14h54 - Une rencontre entre Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Lagarde est prévue à 15h00, au siège de l'UDI. Les deux hommes ont manifesté des avis différents sur les consignes de vote pour le second tour.

14h16 - Le Front de gauche annonce un score de 9,4% au niveau national. Le PCF vient de publier un communiqué dénonçant les résultats illisibles du ministère de l'Intérieur. Le FDG considère que son score est en progression par rapport aux élections départementales de 2008 et 2011.

14h00 - Selon les chiffres du Monde.fr, la droite et le centre a qualifié pour le second tour 1653 candidats, la gauche et la gauche radicale 1373 candidats, le Front national 1108 candidats.

13h21 - Le PS espère ne pas perdre la face au second tour. Le secrétaire national aux élections, Christophe Borgel a estimé devant la presse que les socialistes allaient conserver "assurément" une "vingtaine" de conseils départementaux à l'issue du scrutin dimanche.

12h20 - Un point sur les confrontations du second tour : seulement 314 triangulaires pour 1536 duels dimanche prochain. Une seule quadrangulaire, dans le canton d'Ambazac dans la Haute-Vienne.

12h02 - Hervé Morin, ancien ministre UDI interrogé ce matin sur Sud Radio, estime que "l'union dès le premier tour" de l'UDI et de l'UMP était dorénavant nécessaire dès le premier tour pour ne pas "passer à la trappe". Hervé Morin a fait campagne pour la présidence de son parti il y a quelques mois en défendant une indépendance totale de l'UDI vis-à-vis de l'UMP.

11h43 - Emmanuel Macron s'est exprimé lors d'un point presse. Le ministre de l'Economie estime que le cap de l'exécutif doit être maintenu : "La clé des deux années à venir c'est de continuer les réformes en profondeur dont les impacts se feront percevoir dès 2016 et c'est tout à fait faisable".

11h25 - Le FN a une carte à jouer dans le Vaucluse. "L'objectif est atteint, nous sommes présents dans les 17 cantons, nous sommes premiers dans 11 d'entre eux" a déclaré ce matin Marion-Maréchal Le Pen devant la presse à Carpentras.

10h51 - Les résultats du Pas-de-Calais sont enfin connus. Les résultats tardaient, à cause d'une panne informatique des services des pouvoirs publics. Le FN est en tête (35,6%) devant le PS (30,2%), et l'UMP (23,3%).

10h31 - Pour Bruno Le Maire, Nicolas Sarkozy doit rester modeste. Sur Radio Classique LCI ce matin, l'ancien candidat à la présidence de l'UMP a eu ces mots : "Ne crions pas victoire trop tôt, la reconquête, elle est longue, elle est difficile, on reconquiert les territoires, il faudra ensuite reconquérir le coeur des Français et retrouver toute notre crédibilité".

10h21 - Pour François Fillon, le ni-ni adopté par l'UMP en bureau national est la bonne stratégie. Sur RTL, il a nuancé cette position : "On n'est pas non plus dans la situation où on sonne le tocsin, comme l'a fait le Premier ministre en expliquant que la République est en danger. Le jour où la République sera en danger, chacun prendra ses responsabilités".

10h10 - Le Premier ministre rassuré. Selon France Info, qui relaie l'anecdote, "Manuel Valls se serait allumé un cigare" en voyant la gauche et le PS plus haut et le FN plus bas qu'annoncé. Compte tenu de la forte mobilisation du locataire de Matignon dans cette campagne, en faisant du Front national "l'adversaire principal", Manuel Valls peut apparaître comme l'artisan de la relative contenue du vote FN.

10h00 - Le FN est en tête dans 43 départements. Si a droite comme la grande gagnante de l'élection,  les résultats du Front national de ce premier tour de ces départementales sont historiques : le parti de Marine Le Pen n'a jamais autant convaincu d'électeurs sur un tel scrutin par le passé.

"UMP, PS, FN : tous satisfaits du 1er tour des Départementales ?"

Les informations essentielles de la soirée des départementales

23h55 - Alain Juppé y va de son petit commentaire, envoyant un petit message à Nicolas Sarkozy : "Je tire du 1er tour des élections départementales une première leçon :l'union de la droite et des centres, ça marche".

23h48 - Marine Le Pen s'est déjà exprimée dans Le Monde, dans une interview exclusive. Elle a notamment réagi aux résultats affichés par le ministère de l'Intérieur plaçant le FN en troisième position : "Cette lecture nationale n'a pas de sens. Celui que l'on a délogé, c'est le PS. On l'a délogé de mille cantons !"

23h05 - Contrairement à l'UMP, l'UDI appelle à "faire barrage à l'extrême droite" au second tour, par la voix de son président, Jean-Christophe Lagarde. Une ligne clairement différente à celle de l'UMP, alors que les centristes ont fait candidatures unies avec le parti de Nicolas Sarkozy.

22h52 - Le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, appelle au rassemblement de toute la gauche pour le second tour dimanche prochain, critiquant le FN, qui selon lui "préconise l'apartheid et la fracture sociale".

22h40 - Pour Cécile Duflot, les résultats des Verts communiqués officiellement ne reflètent pas la réalité. L'ancienne ministre a posté ce message cinglant sur Twitter : "L'opération pipotage du min de l'intérieur sur #EELV à 2% ne dissimule pas que nous sommes a 10% là ou ns étions présents".

22h35 - Situation unique dans le canton d'Orange : c'est un duel FN-Ligue du sud qui se tiendra au second tour, soit une confrontation entre deux partis d'extrême droite.

22h01 - Jean-Michel Baylet a été réélu dès le premier tour dans son canton, avec 50,72% des suffrages exprimés.

21h50 - Le PS Henri Emmanuelli est élu dans les Landes, dans le canton de Côteaux de Chalosse, avec 50,77% des voix au premier tour.

21h31 - Patrick Kanner (PS), membre du gouvernement, arrive en tête du premier tour dans le canton de Lille 5 devant les candidats de l'UMP/UDI.

21h13 - Stéphane le Foll, le porte-parole du gouvernement, a également posté son commentaire sur Twitter : "Des candidats de gauche qui résistent, mais qui paient la désunion. Un message au 2nd tour : se rassembler".

21h05 - Jean-Luc Mélenchon a réagi sur Twitter : "Score bidon à 20h. Le PS s'additionne tous ses dissidents plus tous les tandems FDG-EELV". Et d'ajouter "La moitié des candidats PG sont étiquetés 'divers gauche'".

20h46 - Eric Ciotti (UMP) annonce être réélu dès le premier tour dans le canton de Tourrette-Levens, dans les Alpes-Maritimes.

20h25 - Pour Marine Le Pen, "le FN réussit l'exploit de dépasser largement dans une élection locale son score des européennes. [...] Manuel Valls devrait avoir la décence de présenter sa démission plutôt que d'appeler à voter UMP". 

20h18 - Nicolas Sarkozy n'a pas la même lecture des résultats que le Premier ministre : "Ce premier tour montre la profonde aspiration des Français à un changement clair, à commencer par les départements. Ils ont le sentiment que depuis trois ans on ne cesse de leur mentir". Le patron de l'UMP a ajouté : "Dans un grand nombre de départements, les conditions d'un basculement vers la droite républicaine et le centre sont réunies".

20h10 - Manuel Valls vient de faire son discours. Il salue la résistance des socialistes. "Un électeur sur deux est allé voter, c'est plus que prévu et je m'en réjouis". A-t-il annoncé, ajoutant : "Le total des voix de gauche atteint ce soir l'équivalent de celui de la droite, rien n'est encore joué".

L'UMP/UDI grande gagnante du premier tour

"Sarkozy : "Il n'y aura aucun accord local ou national" avec le FN au second tour"

Pourquoi plusieurs vagues de résultats hier soir

Alors que le mode de scrutin a été totalement chamboulé pour ces élections d'un genre nouveau (on élit désormais un homme et une femme pour respecter la parité), l'issue du scrutin a suivi un cheminement complexe connu des initiés.Deux conseillers départementaux sont élus dans ce canton et son amenés à siéger au conseil départemental. Un département compte en moyen une trentaine de cantons, de quoi rendre la remontée des résultats complexe. Les premières estimations ont été réalisées à partir des premiers dépouillements réalisés dans un échantillon de bureaux de vote sélectionnés par les instituts car représentatifs.