Élections européennes 2014 : les 5 leçons du scrutin

Élections européennes 2014 : les 5 leçons du scrutin Le Front national est arrivé en tête en France à l'issue des élections européennes 2014. Voici les principales leçons de ce scrutin.

1- Un choc confirmé voire amplifié. Le Front national est donc bien arrivé en tête des élections européennes 2014 selon les estimations publiées depuis 20 heures et affinées tout au long de la soirée. Le parti de Marine Le Pen obtient 25 % des suffrages, soit un quart des voix et s'impose dans cinq des sept circonscriptions métropolitaines. Marine Le Pen, qui menait la liste FN dans la circonscription Nord-Ouest, obtient plus de 30 % des voix. Florian Philippot est crédité de plus de 29 % des voix dans sa circonscription Est, Jean-Marie le Pen d'un peu moins dans la circonscription Sud-Est. C'est un véritable séisme qui secoue ainsi la France alors que le FN était donné, certes en tête dans plusieurs sondages, mais loin des 25 % obtenus ce soir.

2- Le FN ne gagne pas d'électeurs. C'est le paradoxe de cette élection. Le FN, qui obtient pourtant un énorme score en termes de pourcentage de votes exprimés, ne gagne pas de voix en numéraire. C'est en effet l'abstention, frappant principalement les autres partis, qui est à l'origine de sa victoire par KO. Selon iTélé, le FN totalise en effet 5,4 millions de voix, soit moins qu'aux élections présidentielles de 2012. Le quart des "votes exprimés" ne signifie donc pas qu'il existe un quart d'europhobes ou de populistes en France, puisque plus de la moitié des électeurs (58 % selon les estimations publiées au moment d'écrire ces lignes) n'est pas allée voter. Une leçon à retenir avant les départementales de mars 2015 qui annoncent une nouvelle vague bleu-marine. Si l'on ramène le vote FN au nombre d'électeurs inscrits (et non au nombre de votants), son score serait ainsi plus proche des 10 %.

3- Cette victoire du FN est donc une victoire en trompe l'œil. Avant d'être la victoire du FN, elle est la défaite des autres partis qui n'ont pas su mobiliser leur électorat. A l'échelle européenne d'ailleurs, la poussée europhobe n'est pas significative. C'est le PPE, Parti Populaire Européen, auquel l'UMP est affiliée, qui l'emporte à l'échelle de l'UE. Il y a fort à parier qu'après le revers de la gauche en France, fortement préjudiciable à Martin Schulz, ce soit Jean-Claude Juncker qui soit désigné président de la Commission européenne dans les prochains jours. Ce dernier revendique déjà la victoire.

4- Une défiance contre l'Union européenne est tout de même indéniable. Avec 58 % d'abstentionnistes et une majorité de votants s'étant prononcés contre l'euro et les institutions européennes, on peut dire que l'UE ne convainc plus aujourd'hui, alors qu'elle incarnait paix et prospérité il y a cinquante ans. Une enquête de CMM Benchmark Panel pour Linternaute.com l'avait déjà démontré lors de la campagne. L'UE est trop lointaine, ses institutions trop floues et son fonctionnement trop complexe. Bien souvent, par méconnaissance, elle est perçue (à tort ?) comme cette grande inconnue qui, de Bruxelles, impose les pires décisions et ses "diktats" à la France.

5- François Hollande subit encore un revers cinglant. Si la dimension européenne de l'élection est à prendre en compte, c'est aussi à une sanction nationale que nous avons assisté. Le changement de Premier ministre et le mini-remaniement effectués au début du mois d'avril, après la défaite déjà lourde des municipales, n'y ont rien fait. Pire encore qu'aux municipales, les électeurs socialistes n'ont pas eu de figures locales auxquelles se rattacher. Entre un ancien ministre déchu (Vincent Peillon), un ancien syndicaliste qui a préféré une carrière politique (Edouard Martin) et quelques députés sortants valeureux du Parlement européen mais inconnus (Pervenche Berès), le PS ne pouvait, en réalité, faire que pire lors de ces élections.