Malek Boutih : "Je suis pour la mise sous tutelle de certaines zones par l'Etat"
Après les attentats qui ont frappé la France, le député PS de l'Essonne, ancien de SOS Racisme, était l'invité de #DirectPolitique sur Linternaute.com, 20 Minutes et Ouest-France.
Après les attentats sanglants la semaine passée et la mobilisation historique de dimanche, Malek Boutih a fait de nombreuses propositions sur notre plateau, pour la sécurité mais aussi pour redéfinir le "vivre-ensemble" en France aujourd'hui. Sur la sécurité, il s'est notamment prononcé pour "la mise sous tutelle d'un certain nombre de zones par la gestion directe de l'État." Selon lui, les élus locaux ne sont plus, en effet, en capacité de gérer la situation. Et pour cause : "Pour être élu et pour avoir des voix, on discute avec n'importe qui. Et finalement, le communautarisme en arrange certains", selon le député qui pointe une "mécanique électoraliste".
VOIR AUSSI Renseignements - "On ne peut pas dire que tout va bien" |
"On a fait une faute en 1989, au moment de l'affaire du voile"
L'ancien leader anti raciste a également "balayé devant [sa] porte", en avouant avoir fait une erreur lors de l'affaire des collégiennes voilées, à Creil, dans l'Oise, en 1989. Il a déclaré : "Je viens de SOS Racisme. On a fait une faute en 1989 au moment de l'affaire du voile, à Creil. Nous aurions dû être dans le camp de ceux qui étaient implacables. Je le dis aussi pour que mes propos ne soient pas vécus comme une accusation."
"Il faut libérer la parole sur tous les sujets"
Pour Malek Boutih, "il y a, chez les Français, une attente pour que la République se rétablisse sur tout le territoire". Après la marche du 11 janvier, il faut d'abord selon lui ouvrir la discussion entre les différentes composantes de la société et "libérer la parole sur tous les sujets". "Je suis curieux d'entendre ceux qui disent vouloir vivre comme au temps du prophète" ose même le député de l'Essonne qui ouvrirait ce débat également aux radicaux. "J'ai envie d'entendre tout le monde", ajoute-t-il, y compris "ceux qui se sont convertis et qui ont une vision très radicale de la religion".
"On doit accepter le FN dans ce travail"
Dans les états généraux ou la discussion transpartisane qui se profile, Malek Boutih ne ferme pas la porte au Front national. "Quand le Front national est élu dans des institutions, on doit l'accepter dans ce travail. Il s'agit de la défense du pays, pas des partis", résume l'élu qui se réjouit d'un "comportement de l'ensemble des dirigeants" qui a été "digne et exemplaire". "Nous devons travailler en commun. S'il n'y a pas ce travail en commun, les mesures sur la sécurité ne vont pas prendre", conclut-il.
VOIR AUSSI "Il y a, chez les Français, une attente" "Les élus n'ont jamais autant senti ce qu'être élu voulait dire" |
"Les habilitations d'imams, c'est un concept auquel je crois peu"
Alors que certains déplorent un manque d'organisation et de hiérarchie dans l'islam de France, permettant à des imams radicaux de propager le fondamentalisme, Malek Boutih est sceptique quant à l'idée de mettre en place une "habilitation"des imams comme le propose Nicolas Sarkozy. "Je ne crois pas que le rôle de la République soit de dire aux croyants ce qu'il doivent croire. Mais cette hiérarchie doit être organisée par les musulmans eux-mêmes. C'est leur responsabilité", tranche le député.
Islamo-nazisme : "Un projet totalitaire mondial"
Le terme employé par Malek Boutih ces derniers jours pour qualifier les terroristes n'est pas passé inaperçu : le député a en effet évoqué un "islamo-nazisme" pour décrire ceux qui ont fait 17 victimes au total dans la capitale la semaine passée. Alors que Laurent Fabius appelle à une modération des propos des hommes et femmes politiques, le député de l'Essonne persiste et signe : "Ils ont un projet totalitaire mondial [...]. Islamo-nazisme, tout le monde comprend très bien."
VOIR AUSSI Qatar - "S'il y avait un responsable, ça serait facile" "L'immigration, c'est un élément, aucun sujet ne doit être tabou" |
"On ne tape pas à la porte d'un député pour lui demander une place en HLM ou un boulot pour sa famille"
En fin d'émission, Malek Boutih a appelé avec force à un changement de mentalité qui doit aussi s'opérer chez les citoyens. Vantant la "France modérée", la "France paisible" mais pas "faible" qui a défilé dimanche, il demande aussi de ne pas oublier cette marche individuellement. Dénonçant une forme de "consumérisme" politique chez les citoyens, il appelle à une mobilisation : "On ne tape pas à la porte d'un député pour lui demander une place en HLM ou un boulot pour sa famille. On devrait aussi venir pour demander ce qu'on peut faire pour la France".
VOIR AUSSI Hollande - "On retrouvera nos difficultés politiques" |
L'intégralité de l'émission
Voir toutes les vidéos
Malek Boutih invité de #DirectPolitique
Un sursaut national et international inédit, une mobilisation jamais vue en France, peut-être comparable à celle de la Libération. Les marches républicaines organisées dans tout le pays après les attentats qui ont fait 17 morts à Charlie Hebdo, à Montrouge et dans un hyper casher de la porte de Vincennes la semaine dernière, ont réuni 3,7 millions de personnes. Une vague de solidarité, mais aussi d'unité qui engage désormais les politiques. Comment une telle tuerie a-t-elle été possible en France ? Quelles erreurs ont d'abord formaté, puis ouvert la voie à des criminels tels que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ? Que faire désormais pour empêcher un autre drame ? Et, plus important encore, comment permettre à nouveau le "vivre ensemble" dans le pays et continuer à faire vivre l'esprit du 11 janvier ? Malek Boutih, ancien vice-président de SOS racisme et député PS de l'Essonne, était l'invité de #DirectPolitique ce mardi sur Linternaute.com, 20 Minutes et Ouest-France.
Issu d'une famille algérienne, Malek Boutih effectue des études de droit et de sciences politiques avant de s'engager dans la vie associative. La marche pour l'égalité de 1983 sera un tournant. L'année suivante, il entre à SOS racisme dont il sera vice-président de 1985 à 1992. Il sera à l'origine de plusieurs initiatives dont le test de discrimination, la création de la Maison des Potes de Grigny ou de l'association Banlieues du Monde. Membre du Parti socialiste dès 1986, Malek Boutih tentera de peser pour que la direction adopte une nouvelle ligne sur la politique d'immigration, mais restera souvent à la marge des débats. Parachuté en Charente aux élections législatives de 2007 et battu dès le 1er tour, il prendra ouvertement ses distances avec François Hollande, le patron du PS de l'époque et les ténors de la formation politique. Il sera finalement élu en juin 2012 dans la 10e circonscription de l'Essonne.
Chaque mardi, Linternaute.com, 1er site d'actualités de France, 20 Minutes, 1er quotidien gratuit et Ouest-France, 1er quotidien français payant, reçoivent une personnalité du monde politique pour un entretien de 40 minutes avec les journalistes des rédactions et les internautes.
Abonnez-vous à nos alertes #DirectPolitique