Christine Lagarde : un retour surprise sous les projecteurs avec la BCE
CHRISTINE LAGARDE - Christine Lagarde a été désignée présidente de la BCE ce mardi 2 juillet 2019, à l'issue des négociations sur les postes clés au sein de l'UE...
Elle est l'invitée surprise des négociations très ardues qui ont suivi les élections européennes à Bruxelles. Christine Lagarde, ancienne ministre de l'Economie de Nicolas Sarkozy et actuelle directrice générale du FMI, prendra bientôt la tête de la Banque centrale européenne. A 63 ans, elle succédera à l'Italien Mario Draghi à un poste de pouvoir, puisque la BCE détermine le cours et la santé de l'euro, autrement dit de toute l'Union européenne. Christine Lagarde se trouvera aussi à un poste éminemment politique, juge de paix dans l'éternel débat entre les partisans d'une politique monétaire expansionniste et ceux qui défendent la rigueur, pour limiter au maximum l'inflation.
Dès sa nomination, les premières critiques ont émergé au sein de l'UE et dans les médias, pointant l'inexpérience de Christine Lagarde, qui n'a jamais dirigé de banque centrale avant la BCE. C'était le cas des Duisenberg, Trichet et autres Draghi qui étaient tous passés par la banque centrale de leur pays avant de diriger celle de l'Union. Reste que Christine Lagarde jouit d'une bonne image depuis des années sur la scène européenne, en particulier depuis son rôle dans la gestion de la crise des subprimes en 2007, alors qu'elle débarquait à peine à Bercy. Il y a dix ans tout juste, en 2009, elle était même désignée comme le meilleur ministre des Finances de la zone euro par le Financial Times.
Christine Lagarde, meilleur choix pour Macron et Merkel
Surtout, le profil de Christine Lagarde est sans doute celui qui convenait le mieux à un compromis avec l'Allemagne, dans une séquence des plus tendues entre Paris et Berlin. Alors que c'est l'Allemande Ursula von der Leyen, sur proposition d'Emmanuel Macron, qui deviendra présidente de la Commission européenne à la place de Jean-Claude Juncker, un ou une Français(e) se devait d'occuper un poste clé dans le nouveau dispositif. Christine Lagarde semble avoir marqué des points pour l'image qu'elle renvoie à l'international, notamment à la Chancellerie, où Angela Merkel serait dit-on sensible, à sa réputation.
Engagée en tant que directrice du FMI jusqu'en 2021, Christine Lagarde a immédiatement clarifié sa position sur Twitter, après l'annonce de sa nomination à la BCE. "En consultation avec le Comité d'éthique du Conseil d'administration, j'ai décidé de quitter provisoirement mes fonctions de DG (directrice générale) du FMI durant la période de nomination", a-t-elle affirmé, se disant, en français et en anglais, "très honorée" du choix des chefs d'Etat européens.
Je suis très honorée davoir été nominée pour la Présidence de la BCE. Au vu de ce qui précède, et en consultation avec le Comité déthique du Conseil dadministration, jai décidé de quitter provisoirement mes fonctions de DG du FMI durant la période de nomination.
— Christine Lagarde (@Lagarde) 2 juillet 2019
Biographie courte de Christine Lagarde
Jeunesse de Christine lagarde
Christine Lagarde est née à Paris le 1er janvier 1956. Issue de parents enseignants, elle grandit au Havre, au sein d'une famille de quatre enfants. Elle suit des cours au lycée François-Ier puis au lycée Claude-Monet et pratique parallèlement la natation synchronisée. Après l'obtention de son baccalauréat en 1974, elle part un an aux Etats-Unis et découvre la politique en effectuant un stage au Capitole auprès de William S. Cohen. Elle y suit des cours, est diplômée du lycée Holton Arms School à Bethesda et effectue un stage au Capitole en tant qu'assistante parlementaire de William S. Cohen.
Christine Lagarde avocate
A son retour en France, malgré un échec au concours d'entrée à l'ENA, elle complète ses études avec une maîtrise d'anglais, une maîtrise en droit des affaires et un DESS de droit social. Grâce à un solide bagage juridique, Christine Lagarde va accomplir une brillante carrière d'avocate d'affaires. Dès 1980, elle officie au sein du prestigieux cabinet d'affaires Baker & McKenzie, se voyant consacrée présidente du comité exécutif mondial en 1999. Entre 1995 et 2002, elle intègre le Think Tank Centerfor Strategic and International Studies, et travaille au développement des échanges entre la Pologne et les Etats-Unis.
Xavier Giocanti, le mari de Christine Lagarde
Christine Lagarde partage depuis 2006 la vie de Xavier Giocanti, qu'elle a épousé en secondes noces en 2009. Né en Corse, Xavier Giocanti est avocat international comme elle, mais aussi chef d'entreprise à Marseille. Christine Lagarde et Xavier Giocanti se connaissaient depuis la fac, mais se sont ensuite perdus de vue pendant plus de 20 ans. La nouvelle présidente de la BCE était auparavant mariée à Wilfried Lagarde, analyste financier originaire du Loiret.
Christine Lagarde ministre de l'Economie
Après avoir été décorée de la Légion d'honneur en 2000, Christine Lagarde entame sa carrière politique. Ministre déléguée au commerce extérieur au sein du gouvernement Villepin en 2005, elle reste au gouvernement en 2007, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, devenant ministre de l'Agriculture et de la Pêche puis ministre de l'Economie, avec pour mission de mettre en place des réformes économiques. La loi TEPA, la loi de modernisation de l'économie, la réforme du crédit à la consommation et la création de Pôle emploi figurent parmi ses principaux travaux.
Christine Lagarde au FMI
En 2011, Christine Lagarde se voit confier la direction du FMI suite au départ de Dominique Strauss-Kahn et quitte le ministère de l'Economie. Elle est la première femme à accéder à ce poste. En 2013, le magazine Forbes la classe septième femme la plus puissante du monde.
Salaire de Christine Lagarde
Le FMI étant très transparent sur ses rémunérations, il a publié dès 2011 le contrat de travail de Christine Lagarde et a donc dévoilé son salaire. Celui-ci est de 467 940 dollars par an et est renforcé par une "une allocation pour frais de représentation" de 83 760 dollars par an. Le total dépasse donc les 550 000 dollars (380 000 euros) annuels.
Christine Lagarde et l'affaire Tapie
Dès 2013, Christine Lagarde est rattrapée par l'affaire de l'arbitrage entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais. C'est en effet Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie, qui a mis en place le tribunal d'arbitrage qui décidera du versement, aux frais de l'Etat, de 404 millions d'euros à l'homme d'affaires dans ce litige. Mise en examen pour "négligence" en août 2014, Christine Lagarde sera jugée devant la Cour de justice de la République en décembre 2016. Au terme du procès, le parquet requiert sa relaxe, mais la Cour la déclare coupable de "négligence". Christine Lagarde sera dispensée de peine et sa condamnation ne sera pas inscrite à son casier judiciaire. La même année, elle sera malgré tout reconduite à la tête du FMI. Elle devait diriger l'institution jusqu'en 2021.