Les jeunes ne prennent plus le petit-déjeuner comme leurs parents, ils font quelque chose qui change tout
Le petit déjeuner est-il vraiment le repas le plus important de la journée ? L'affirmation a été popularisée par la diététicienne Lenna F. Cooper dans les pages d'un magazine de santé américain, nommé Good Health, il y a une trentaine d'années. Mais son origine est bien plus vieille. C'est en effet en pleine révolution industrielle que ce repas s'est ritualisé. Auparavant, "les aliments qu'on associe maintenant au petit-déjeuner n'étaient pas encore répandus", explique Alain Drouard, historien et sociologue de l'alimentation, à Libération.
Si de nombreuses études lient la prise régulière d'un petit-déjeuner à une bonne santé, à une perte de poids ou même à de plus faibles risques de problèmes cardiaques ou de diabète, les méthodes qu'elles utilisent ne sont pas toujours convaincantes. En outre, il existe tellement de variantes de ce repas qu'il est difficile d'y associer de réels effets bénéfiques sur la santé.
Face à ce constat, l'institut de sondage OnePoll pour Kellogg's a demandé à un échantillon de 2000 personnes, représentatif de la population française adulte, si le petit-déjeuner était toujours un repas sacré. Au total, 77% d'entre eux le considèrent encore comme une composante majeure de leur équilibre nutritionnel quotidien. Pour 31% des Français, c'est également "une parenthèse exclusive". "Cette pause matinale structure leur journée et offre un répit précieux avant d'affronter leurs obligations", indique l'étude.

Mais ce moment privilégié pour les uns se révèle plutôt être une opportunité de productivité pour les autres. C'est pourquoi, 24% conjuguent quotidiennement leur petit-déjeuner avec d'autres activités : consulter leurs e-mails, naviguer sur les réseaux sociaux, préparer les enfants pour l'école etc.
Ces habitudes de vie différentes révèlent une fracture générationnelle. 19% des 18-24 ans privilégient en effet le multitâche matinal contre à peine 4,5% des plus de 65 ans. Ces derniers sont près de 57% à considérer le petit-déjeuner comme un moment de détente avant d'entamer leur journée. "Cette évolution témoigne d'une adaptabilité remarquable de ce rituel aux modes de vie contemporains", souligne l'étude.
Pour les très jeunes générations cependant, sauter le petit-déjeuner peut se révéler dangereux pour la santé. Selon le Dr Arnaud Cocaul, ce repas est "essentiel" pour des adolescentes qui ont de forts "besoins énergétiques". Avec une collégienne sur sept qui ne prend pas de petit-déjeuner tous les jours, la jeune génération risque un déficit de calcium, en temps normal compensé par les produits laitiers. "Cela pourrait aboutir à une génération à 50 ou 60 ans d'ostéoporotiques", prévient le spécialiste sur Mouv'.