L'eau d'une rivière atteint plus de 90°C, elle bout et cuit les animaux vivants
Imaginez l'eau d'une rivière aussi chaude que celle de la casserole de vos pâtes. C'est ce qui a été évalué dans la "Shanay-timpishka" qui signifie en indigène "l'eau qui bouillonne au feu du soleil". Elle fait partie d'un affluent du fleuve Amazone dans la région de Mayantuyacu au Pérou. Des températures dépassant les 90°C ont été mesurées par endroits, atteignant même parfois le point d'ébullition. La surface de l'eau est alors totalement embrumée.
"Vous mettez votre main à l'intérieur et vous verrez des brûlures au deuxième ou au troisième degré en quelques secondes", a assuré André Ruzo, géoscientifique à l'origine des mesures et qui a écrit un livre sur le sujet titré The boiling river, Adventure and discovery in the Amazon, rapporte The Sun. Cette rivière est aussi mortelle pour les animaux : "La première chose à perdre, ce sont les yeux. Apparemment, ils cuisent très vite. Ils prennent une couleur blanc laiteux. Les animaux essaient de nager, mais leur viande cuit sur l'os parce qu'il fait très chaud. Ils perdent donc de la puissance jusqu'à ce qu'ils arrivent finalement à un point où l'eau chaude entre dans leur bouche et ils cuisent de l'intérieur", explique l'expert.

A l'extérieur, les températures sont aussi élevées allant de 25°C en moyenne sur un an dans les zones les plus fraiches à 29°C dans les endroits plus chauds. Des pics à 45°C ont même été relevés, comme le rapporte une autre étude. Comment expliquer une telle chaleur ? Il existe d'autres rivières très chaudes dans le monde, notamment en Islande et dans le parc de Yellowstone aux Etats-Unis, où la haute température s'explique par une activité volcanique proche, mais ici ce n'est pas le cas.
Les habitants de la région l'attribuent à Yacumama, "mère des eaux", un esprit en forme de serpent géant qui donne naissance aux eaux chaudes et froides. Pour les chercheurs, l'eau de pluie pourrait s'infiltrer à grande profondeur par des failles. La température augmente ensuite naturellement dans le sol avant de remonter rapidement à la surface par ces mêmes fractures.
Ils ont par ailleurs constaté que plus la chaleur était forte, moins la végétation était nombreuse. Certaines espèces ont ainsi totalement disparu de la région. "La forêt semblait peut-être plus broussailleuse. Il y avait moins de grands arbres et elle semblait aussi un peu plus sèche, la litière de feuilles mortes était plus craquante", a déclaré Riley Fortier, doctorant à l'Université de Miami qui a exploré les lieux en 2022, à la BBC. Ils y voient aussi un signe inquiétant de ce à quoi pourrait ressembler la forêt amazonienne à l'avenir.
Les scientifiques estiment ainsi que la zone est un laboratoire naturel pour comprendre les effets du réchauffement climatique. Les conditions ne sont toutefois pas faciles : "C'est comme faire du travail de terrain dans un sauna", a commenté Riley Fortier.