Mort d'Idriss Déby : pourquoi le président tchadien était un allié de la France
Idriss Déby est mort ce mardi, succombant à ses blessures contractées lors des combats contre des rebelles venus du nord du Tchad, samedi dernier. Le président tchadien était avant tout un combattant. Bien que chef d'Etat depuis trente ans, il n'hésitait pas à enfiler son treillis et à assister l'armée de son pays, composée pour la majeure partie de membres de son ethnie zaghawa. L'offensive du week-end dernier a fait des dégâts et dès lundi, on apprenait que l'armée tchadienne avait éliminé plus de 300 rebelles, tout en perdant cinq militaires. Les opposants, portés par le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), annonçaient de leur côté avoir mis fin aux jours d'Idriss Déby, sans que cela soit confirmé officiellement.
Mais ce mardi, l'armée a annoncé à la télévision d'Etat la mort de celui qui venait tout juste d'être réélu, avec près de 80% des voix, dans des résultats qui restaient provisoires ce lundi. De son nom complet Idriss Déby Itno, le président tout puissant du Tchad avait également, en août dernier, été élevé au rang de maréchal, nouvelle preuve du caractère martial de son règne. La puissance de son armée, à même de lutter contre les offensives djihadistes dans la région du Sahel, avait fait de cet homme, décédé à 68 ans, un précieux allié de l'Occident et en particulier de la France. C'est d'ailleurs grâce à l'aide française qu'il parvient à soulever le régime de Hissène Habré en 1990 pour s'emparer du pouvoir par un coup d'Etat.
En 2018, Idriss Déby supprimait le poste de Premier ministre
Plus récemment, l'opération Barkhane lancée par la France en 2014 avec pour objectif de stabiliser la situation au Sahel doit en partie sa puissance à l'aide tchadienne, dont l'armée est considérée comme l'une des plus puissantes de l'Afrique centrale. Pour la France, ce soutien fait également figure d'"ami encombrant", comme l'estiment bon nombre d'experts de la région, en référence au pouvoir très autoritaire déployé par Idriss Déby au Tchad depuis trente ans. Plusieurs ONG internationales se sont inquiétées de la violation des droits humains exercée par le chef d'Etat, qui, dans les années 1990, était accusé, lui et sa Garde républicaine, de multiples exécutions.
Par ailleurs, Idriss Déby était soupçonné de réduire à néant les forces d'opposition à son pouvoir, avec notamment, lors de la dernière présidentielle, seulement six candidats autorisés à concourir sur seize candidatures. En 2018, Idriss Déby, après avoir nommé dix-sept Premiers ministres depuis le début de son premier mandat, avait tout simplement décidé de supprimer cette fonction pour s'octroyer 100% des prérogatives exécutives.