Pourquoi les missiles Tomahawk demandés par l'Ukraine pourraient pousser Poutine à stopper la guerre

Pourquoi les missiles Tomahawk demandés par l'Ukraine pourraient pousser Poutine à stopper la guerre L'Ukraine demande des missiles Tomahawk aux Etats-Unis et Donald Trump pourrait accepter de les livrer afin de faire pression sur Poutine. Une décision qui n'est pas sans risque.

L'Ukraine va-t-elle obtenir les missiles américains qu'elle demande à Donald Trump depuis des mois ? La livraison de missiles Tomahawk est au cœur de la rencontre entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue américain organisée ce vendredi 17 octobre à Washington. Le locataire de la Maison Blanche a récemment laissé entendre qu'il pourrait consentir à la fourniture de ces armes de longue portée capables de toucher une cible située à 1 600 ou 2 500 kilomètres selon les modèles. "Si cette guerre n'est pas réglée, j'enverrai peut-être des Tomahawks", a-t-il même déclaré à des journalistes, selon le New York Times.

Le 6 octobre, déjà, Donald Trump assurait avoir "à peu près pris [une] décision" au sujet des missiles Tomahawk réclamés par l'Ukraine. Il ne s'y refusait pas, mais conditionnait la livraison des armes à l'usage que compte en faire l'armée ukrainienne. "Je veux savoir ce qu'ils en feront. Sur quelles cibles les armes de première frappe seront tirées" avait-il déclaré devant la presse. Le président américain semblait alors opposé à l'idée que les armes américaines soient utilisées pour frapper certaines cibles russes, seulement quelques mois après la reprise des relations entre Moscou et Washington.

Un autre obstacle évoqué par Donald Trump risque de s'opposer à la livraison des missiles à l'Ukraine : la question des stocks limités. Ces missiles utilisés par la marine américaine et à d'autres effets doivent revenir prioritairement aux Etats-Unis a assuré Donald Trump.

Un missile plus puissant que toutes les armes déjà livrées à l'Ukraine

Si l'Ukraine espère tant compter les missiles Tomahawk dans son arsenal, c'est parce que ces armes de longue portée lui permettraient d'étendre sa menace sur le territoire russe. Pour rappel, Moscou se trouve entre 750 et 800 kilomètres de la frontière ukrainienne, et serait donc facilement atteignable avec un de ces missiles. Plus que la capitale russe, ce sont 1 945 sites militaires supplémentaires qui entreraient dans le champ de tir de l'armée ukrainienne (1 655 sites avec les missiles d'une portée de 1 600 kilomètres). Et quelle menace puisque les missiles Tomahawk peuvent être dotés d'une ogive de 450 kilos.

"Le missile omahawk est bien plus efficace que toute arme à longue portée similaire donnée à Kiev par les alliés occidentaux", souligne The Telegraph. "Avec les Tomahawk, l'Ukraine peut, très probablement, porter des coups significatifs — voire détruire — des infrastructures militaires clés en Russie, comme l'usine de drones Shahed à Elabuga (Tatarstan) ou la base aérienne d'Engels-2 (région de Saratov), d'où partent les bombardiers stratégiques", ajoute pour sa part l'agence de presse Ukrinform, qui cite l'Institut pour l'étude de la guerre.

Volodymyr Zelensky a indiqué fin septembre au média Axios que le missile Tomahawk devait surtout servir d'arme de dissuasion et permettre à l'Ukraine de faire pression sur la Russie en vue de négociations sur la fin de la guerre. "Nous en avons besoin, mais cela ne signifie pas que nous l'utiliserons. Car si nous l'obtenons, je pense que cela exercera une pression supplémentaire sur Poutine pour qu'il prenne la parole".

La livraison de Tomahawk, un message de Trump à Poutine

S'il semblait frileux à l'idée que les missiles américains servent à toucher des cibles stratégiques russes et fragilisent sa relation naissante avec Vladimir Poutine, Donald Trump pourrait désormais voir dans la livraison des Tomahawk un moyen de contraindre le président russe aux négociations. Un changement de politique qui ne serait pas étonnant après l'échec des premières négociations organisées par Washington et mises en échec par la Russie.

Le fait que les renseignements américains ont accepté de fournir des informations sur des cibles d'infrastructures énergétiques en Russie pour renforcer les attaques menées par l'Ukraine contre des raffineries de pétrole est un argument allant dans le sens d'une nouvelle stratégie de Donald Trump.

Cela reste cependant un pari risqué pour le président américain, car Vladimir Poutine a indiqué que la livraison de missiles Tomahawk à l'Ukraine serait considérée comme une "nouvelle étape d'escalade" dans le conflit. Pourtant, la Russie a déjà tiré des missiles de portée intermédiaire comprise entre 500 et 5 500 kilomètres à la fin de l'année 2024. Le Kremlin aurait une crainte particulière de l'usage de tels missiles à son égard explique le chercheur Aaron Stein dans une note du centre de réflexion américain Foreign Policy Research Institute : "L'opposition russe au déploiement de missiles Tomahawk à lanceur terrestre en Europe est profondément ancrée dans la crainte de frappes décapitantes contre ses dirigeants". "Nous pensons qu'ils ont réellement peur", et ce depuis la crise des euromissiles de la fin des années 1970, insiste le chercheur.

Donald Trump pourrait ainsi chercher à jouer sur les craintes russes en augmentant la pression jusqu'à ce que Vladimir Poutine cède. Contraindre le président russe ne serait cependant pas si simple. Ce dernier a reconnu que les missiles Tomahawk sont "puissants", mais a affirmé qu'ils "ne changeraient pas l'équilibre des forces sur le champ de bataille" en Ukraine.