Cette arme pourrait amener Poutine à négocier et stopper la guerre en Ukraine
C'est une carte grâce à laquelle l'Ukraine pourrait faire pression sur la Russie : les missiles Tomahawk. Cela fait des semaines que Kiev demande à Washington la livraison d'armes de ce type capables de faire évoluer les rapports de forces de la guerre en Ukraine. Une lueur d'espoir est apparue le lundi 6 octobre après que Donald Trump a dit avoir "à peu près pris [une] décision" sur l'envoi de missiles Tomahawk.
Sauf que le président américain conditionne encore les livraisons des missiles à l'usage que compte en faire l'Ukraine : "Je veux savoir ce qu'ils en feront. Sur quelles cibles les armes de première frappe seront tirées", a déclaré Donald Trump devant la presse dans le Bureau ovale. Le président américain pourrait donc s'opposer à certaines utilisations de ces missiles longues portées qui pourraient effectivement faire évoluer la guerre en Ukraine, mais aussi avoir des impacts sur les relations russo-américaines nouvellement reprises.
Si l'Ukraine espère tant compter ces missiles Tomahawk dans son arsenal, c'est parce que ces armes ont une portée de 1500 à 2500 kilomètres et lui permettraient d'étendre sa menace sur le territoire russe. Pour rappel, Moscou se trouve entre 750 et 800 kilomètres de la frontière ukrainienne et serait donc facilement atteignable avec un de ces missiles. Plus que la capitale russe, ce sont 1 945 sites militaires supplémentaires qui entreraient dans le viseur de l'armée ukrainienne (1 655 sites avec les missiles d'une portée de 1 500 kilomètres). Et quelle menace puisque les missiles Tomahawk peuvent être dotés d'une ogive de 450 kilos.

"Le missile de croisière (Tomahawk) est bien plus efficace que toute arme à longue portée similaire donnée à Kiev par les alliés occidentaux", souligne The Telegraph. "Avec les Tomahawk, l'Ukraine peut, très probablement, porter des coups significatifs — voire détruire — des infrastructures militaires clés en Russie, comme l'usine de drones Shahed à Elabuga (Tatarstan) ou la base aérienne d'Engels-2 (région de Saratov), d'où partent les bombardiers stratégiques", ajoute pour sa part l'agence de presse Ukrinform, qui cite l'Institut pour l'étude de la guerre. Certaines cibles auraient déjà été soufflées par les renseignements américains aux forces ukrainiennes selon le Wall Street Journal qui écrit que Donald Trump aurait autorisé la transmission de telles informations.
Mais en donnant à l'Ukraine une force de frappe aussi importante et en autorisant son usage contre des sites stratégiques, Donald Trump entrerait en conflit avec Vladimir Poutine et réduirait ses chances d'aboutir à un des négociations et un accord de paix. Les efforts menés jusque là ayant déjà été vains. D'où l'hésitation affichée du président américain d'équiper les troupes de Volodymyr Zelensky. Les Etats-Unis ont d'ailleurs évoqué auprès de Reuters certaines explications justifiant la non-livraison de missiles Tomahawk à l'Ukraine, notamment des stocks limités prioritairement destinés à la marine américaine et à d'autres utilisations.
A ce stade, la livraison des armes à Kiev n'est toujours pas assurée. A Moscou, Vladimir Poutine joue la carte de l'impassibilité. S'il reconnaît que les missiles Tomahawk sont "puissants", il affirme qu'ils "ne changeraient pas l'équilibre des forces sur le champ de bataille" en Ukraine.