Rachel Lambert : le parquet veut une audition de la femme de Vincent Lambert

Rachel Lambert : le parquet veut une audition de la femme de Vincent Lambert La femme de Vincent Lambert a mené un long combat pour que son époux "parte en paix". Son avocat s'indigne aujourd'hui d'une demande d'autopsie et d'une demande d'audition émises par le procureur.

"J'ai parfois l'impression que tout le débat sur la fin de vie se joue dans cette chambre, autour de mon mari", écrivait Rachel Lambert dans son livre, publié en 2014 chez Fayard, "Vincent : parce que je l'aime, je veux le laisser partir". La mort de son époux, survenue ce jeudi 11 juillet 2019, un peu avant 8h30, ne clôt pas tout à fait ce long chapitre, durant lequel elle aura fait entendre sa voix, régulièrement et avec insistance, pour qu'un terme soit mis à ce qu'elle considérait être un "acharnement thérapeutique". Le corps de Vincent Lambert devrait en effet subir une autopsie dans les prochains jours.

Ce jeudi matin, son avocat a regretté sur France Info que le dossier ne soit pas clos, alors qu'une page pourrait être tournée aujourd'hui. "On pouvait aller vers l'apaisement. On a vécu cela très durement. C'était très dur pour Rachel. Mon cabinet vient de m'avertir que ce ne sera pas complètement terminé. On va encore ajouter aux souffrances de Rachel, de sa famille... J'apprends que M. le procureur de la République a décidé d'autopsier le corps de Vincent Lambert et d'auditionner Rachel Lambert", a-t-il indiqué, considérant que cette démarche était faite dans le cadre de la plainte déposée par les parents de Vincent Lambert contre le médecin qui a lancé la procédure de fin des traitements. "Je ne comprends pas. C'est ajouter à la souffrance des gens. Au jour où tout semble apaisé, voilà ce qui nous arrive. On ne peut pas s'opposer (à l'autopsie). Le parquet a parfaitement le droit de demander une autopsie", a-t-il ajouté, manifestant sa "profonde colère". "C'est une grave erreur".

Rachel Lambert auditionnée après 10 ans de combat

Rachel Lambert, soutenue par la plupart des frères et soeur de Vincent, ainsi que par son neveu, soutient depuis le début que son mari, infirmier comme elle, n'aurait pas voulu rester en vie dans ces conditions, surtout depuis 2014, lorsque ses lésions cérébrales ont été qualifiées d'"irréversibles".  "J'aurais donné n'importe quoi pour qu'il reste en vie", jurait-elle dans une interview donnée à Elle en 2014. Et de s'interroger : "Mais de quelle vie parle-t-on ?". Rachel Lambert, depuis dix ans, a souvent entendu l'argument de l'euthanasie, porté haut et fort par les parents Lambert, persuadés que leur fils ne se trouve pas dans un état végétatif, mais plutôt handicapé.

Plusieurs étapes dans ces dix ans de combat seront allées dans le sens de Rachel Lambert : en 2015, quand la Cour européenne des droits de l'homme estime que la poursuite des traitements prodigués à Vincent Lambert relèvent de l'obstination déraisonnable, permettant légalement l'arrêt des traitements, ou quand en 2016, la tutelle du patient est donnée à sa femme. Le 2 juillet 2019, alors que la Cour de cassation, plus haute juridiction français, s'est prononcée en faveur de l'arrêt des traitements, Rachel Lambert restait prudente, jusqu'à ce lundi 8 juillet, lorsque l'on apprend que Viviane et Pierre Lambert abandonnaient tout recours judiciaire pour tenter de maintenir leur fils en vie. Quelques jours plus tôt, Rachel Lambert implorait sur BFM TV que son mari "trouve sa liberté et qu'il soit respecté dans ses convictions et dans l'homme qu'il nous a montré et qu'il était".