Laurent Fabius : fortune, patrimoine, ISF... Son argent attire la rumeur

Laurent Fabius : fortune, patrimoine, ISF... Son argent attire la rumeur Le ministre des Affaires étrangères, issu d'une célèbre famille d'antiquaires, a toujours attiré les rumeurs et les suspicions, parfois infondées, sur son patrimoine.

[Mis à jour le 15 avril 2013 à 17h21] En juin 2012, lors de la mise en place du gouvernement, L'Express demandait à tous les ministres s'ils s'acquittaient ou non de l'ISF. Quatre d'entre eux répondaient positivement : Marisol Touraine, Michèle Delaunay, Jérôme Cahuzac et Laurent Fabius. Après l'affaire Cahuzac, un autre de ces ministres assujettis à l'ISF est aujourd'hui cité dans le scandale d'évasion fiscale qui frappe le gouvernement avec ses nombreuses ramifications. Libération rapporte en effet des "rumeurs" sur un présumé compte en Suisse de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, sans pour autant apporter d'éléments concrets sur son existence. Le quotidien, critiqué pour ces "révélations non fondées", s'associe ainsi à une longue série de rumeurs sur la fortune et le patrimoine du socialiste.

D'où viennent ces rumeurs ? Comme chaque ministre depuis 2011, Laurent Fabius a rempli et rendu publique sur le site du gouvernement une "déclaration d'intérêts". Un document censé rendre compte des "instruments financiers", mais aussi des responsabilités actuelles ou antérieures des ministres pouvant entrer en conflit avec leur poste gouvernemental. Une déclaration généralement remplie a minima par les intéressés. Dans ce document, Laurent Fabius signalait simplement des participations financières dans deux sociétés spécialisées dans le photovoltaïque, la SA Prima solaire et la Société Panhélios Energy, ainsi que dans la Société financière Piasa, une maison de vente aux enchères. La quatrième de France derrière Christie's, Sotheby's et Artcurial. C'est cette société qui aujourd'hui alimente le plus les conversations sur la fortune de Laurent Fabius.

Un million d'euros dans une société de vente aux enchères

Selon une récente enquête du site Rue89 qui se basait sur le greffe du tribunal de commerce de Paris, Laurent Fabius est l'actionnaire principal de Piasa, dans laquelle il aurait investi plus de 1 million d'euros sur ses fonds personnels (791 500 euros en 2008 puis 251 500 d'euros plus tard) après l'avoir rachetée à François Pinault. Avant son entrée au gouvernement, Laurent Fabius détenait 40 % de la maison de vente, aux côtés de 12 autres investisseurs : de puissants avocats, de riches mécènes ou des dirigeants de sociétés comme Serge Weinberg. Ce dernier est un ancien de PPR et surtout un ancien collaborateur de Laurent Fabius au ministère du Budget, entre 1981 et 1982.

La société Piasa est des plus florissantes : en 2010, celle-ci aurait enregistré un chiffre d'affaires de 10,6 millions d'euros et un bénéfice de 1,16 million d'euros. Selon les informations du greffe, elle n'aurait en revanche jamais versé de dividendes à ses actionnaires. Et, tant qu'il est ministre, Laurent Fabius, ne devrait pas plus en recevoir. Le temps de sa mission, chaque ministre doit en effet confier la gestion de son patrimoine mobilier "à un intermédiaire agréé, sur la base d'un mandat garantissant qu'ils ne pourront intervenir directement dans cette gestion", précise la loi. Dans sa déclaration d'intérêts, Laurent Fabius précisait ainsi qu'il mettait "en sommeil" sa participation. Ce qu'Alain Cadiou, le directeur général de Piasa, a confirmé dans la presse : "Il n'est plus actionnaire officiellement de Piasa, il ne participe plus aux réunions, il ne fait plus partie des gens à qui on envoie des informations".

Le trésor de la famille Fabius

Comment Laurent Fabius s'est il lancé dans l'aventure de la société de vente aux enchères Piasa ? Ce détail est peu connu du grand public, mais le socialiste est le petit fils d'Elie Fabius, un homme éminemment connu dans le monde des marchands d'art. Antiquaire, Elie Fabius a créé en 1882 l'une des plus prestigieuses galeries d'art parisienne et a dès lors constitué une riche collection d'œuvres d'art, qui deviendra la collection "Fabius Frères". Une aventure racontée dans un ouvrage d'Olivier Gabet en 2011, "Un marchand entre deux Empires".

Riche de nombreuses sculptures comme "La Rieuse aux roses" et "Le Rieur aux pampres" ou de célèbres œuvres de Jean-Baptiste Carpeaux, la collection "Fabius Frères" a été transmise de génération en génération et a été gérée successivement par le père de Laurent Fabius avec ses oncles, puis par son frère, François, jusqu'à son décès en 2006. La collection a ensuite été dispersée en 2011 lors d'enchères pilotées par... la société Piasa en association avec Sotheby's.

Reste que la vente, qui a atteint un total de 9,5 millions d'euros, aurait principalement profité à la belle-sœur de Laurent Fabius, la veuve de François Fabius.

Laurent Fabius a déjà plusieurs fois levé le voile sur sa passion personnelle pour l'art. Il publiait par exemple en 2010 "Le Cabinet des douze : Regards sur des tableaux qui font la France". Un des rares livres écrits par un politique sans pour autant parler de politique. Mais cette passion autant que ce patrimoine auront aussi alimenté bien des fantasmes sur la véritable fortune du ministre et sur ses choix politiques. En 1981, quand la gauche instaure l'ISF et en exonère les œuvres d'art, on pointe le ministre du Budget Fabius, jugé coupable de défendre les intérêts de sa famille. Plus récemment, en 2011, on comparait parfois Fabius à DSK en les classant dans la catégorie "gauche caviar", tous les deux possédant un riche patrimoine et un superbe appartement dans les beaux quartiers de Paris. Laurent Fabius aura même fait l'objet des pires rumeurs sur ses revenus, dépassant plusieurs dizaines de millions d'euros. Des rumeurs qui n'ont jusqu'à aujourd'hui jamais été avérées.

D'autres détails ?

Au début des années 2000, en marge d'un congrès du Parti socialiste, Le Parisien rapportait que Laurent Fabius cherchait à vendre sa propriété du Gers après sa séparation douloureuse avec Françoise Castro. L'ancien Premier ministre aurait alors jeté son dévolu sur une "maison de village dans l'Ariège". "Une ancienne boulangerie, qu'il fait retaper petit à petit, avec vue magnifique sur la chaîne des Pyrénées", selon le quotidien. Des informations qui pourraient être confirmées ou infirmées dans la déclaration de patrimoine du ministre ce lundi 15 avril.

EN VIDEO - En visite au Mali, Laurent Fabius a rappelé l'importance de la tenue des élections présidentielles.

"Visite de Laurent Fabius au Mali"