Nicolas Sarkozy : son discours surréaliste en Tunisie [VIDEO]

Nicolas Sarkozy : son discours surréaliste en Tunisie [VIDEO] En déplacement en Tunisie, Nicolas Sarkozy a tenu un point presse long et décousu. Le président du parti Les Républicains a même réussi à froisser l'Algérie.

En déplacement en Tunisie dimanche et lundi, Nicolas Sarkozy a tenu un point presse remarqué avant de rendre hommage aux victimes de la tuerie du musée du Bardo. Durant presque sept minutes, le président du parti Les Républicains a très peu parlé du pays qui l'accueillait. Il s'est en revanche longuement exprimé sur la Libye et a même réussi à froisser les Algériens. "La Tunisie est frontalière avec l’Algérie et avec la Libye", a-t-il commencé. Avant de poursuivre : "Ce n’est pas nouveau, vous n’avez pas choisi votre emplacement". Une sortie ponctuée par un petit sourire qui a choqué à Alger.

EN VIDEO - Voir la séquence qui a choqué les Algériens

"Nicolas Sarkozy en visite en Tunisie : Ses propos choquent l'Algérie"

Pour le média Tout Sur l’Algérie, "Nicolas Sarkozy dérape", pour l'ancien ministre Abdelaziz Rahabi, ses propos sont "inacceptables". "C'est Tintin au Congo !", s'énerve même le député PS Alexis Bachelay sur Twitter. C’est que l’ancien président n’en était qu’au début de son discours (à voir en entier sur Youtube). "L'Algérie, qu'en sera-t-il dans l'avenir, de son développement, de sa situation ?", a-t-il ensuite questionné. "C'est un sujet. Qui me semble-t-il doit être traité dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée".

La Libye "abandonnée" en 2012

Cette petite phrase n'est pas le seul point de la déclaration de Nicolas Sarkozy qui peut laisser circonspect. Celui qui avait reçu Mouammar Kadhafi à l’Elysée en 2007 s’attarde en effet longuement sur la Libye, "malheureuse Libye, qui a souffert pendant des décennies de l’un des dictateurs les plus cruels". Enchaînant les digressions, l'ancien chef de l'Etat s'attarde sur le sort de la cité libyenne de Benghazi, à qui Kadhafi promettait des "rivières de sang", et sauvée en 2011 du dictateur par une intervention internationale. La ville sera même comparée tout de go à Srebrenica, où "8000 musulmans furent massacrés" lors d'un conflit qui n'avait pas grand chose à voir, pourtant, avec le conflit libyen.

Puis Nicolas Sarkozy rappelle que sous son impulsion, les Nations unies et la Ligue arabe s'étaient associées à la coalition contre Kadhafi (répétant à l'envi cette formule : "les Nations unies, ça un sens ici", "la Ligue arabe, ça un sens ici"...), avec un résultat éclatant selon lui : une Benghazi "sauvée" et une "page Kadhafi tournée", le tout "sans bavure" ("ça a un sens ici le mot bavure !"). La joie de la "la rue arabe" ("j’espère que vous n’êtres pas choqués par ce mot"), une "rue arabe" aidée par les Occidentaux ("une première depuis Lawrence d’Arabie") et qui ne criait pas "mort aux juifs". Enfin l'organisation d'élections libres "pour la première fois de son histoire"...

La conclusion de Nicolas Sarkozy est semblable à celle développée dans Le Monde il y a quelques jours : jusqu'en 2012, la Libye était sur la bonne voie, mais après l'arrivée de François Hollande, la communauté internationale l'a laissée tomber. "Et je ne voudrais pas aujourd'hui qu'on laisse tomber la Tunisie et les Tunisiens", a-t-il conclu devant une Rachida Dati, un Renaud Muselier ou encore un Eric Ciotti silencieux et visages fermés. Etait-ce là le sens de ce long discours ?  A moins que ce ne soit cette déclaration d'amour glissée entre deux envolées sur les voisins du pays hôte : "Excusez moi je suis trop long mais j’aime votre pays, j’aime votre région et j’aime la Méditerranée par-dessus tout", a fini par reconnaître le président du parti Les Républicains...