Marion Le Pen : est-elle plus dure que sa tante ?
[Mis à jour le 6 décembre 2015 à 18h09] C'est devenu une antienne de la part des observateurs politiques : l'exclusion de Jean-Marie Le Pen durant les investitures pour les régionales 2015 est la traduction de la forte poussée étatiste-souverainiste incarnée par Florian Philippot au sein du Front national. Le jeune vice-président du parti est devenu le tenant d'une ligne revendiquant une forme de "gaullisme" au patriotisme exacerbé, une ligne s'étant faite une place dans un parti encore très marqué par des décennies de Le Penisme "canal historique". Les médias s'amusent régulièrement des bisbilles personnelles exprimées ça et là entre le bras droit de Marine Le Pen et la jeune députée du Vaucluse, qui brigue la présidence de la région PACA. Et entre Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot, les petites animosités ne sont pas seulement d'ordre personnel. Leurs divergences politiques incarnent les divisions de fond au sein du Front national.
Marine Le Pen, en tant que présidente de parti, doit savoir faire la synthèse entre ce qui ressemble de plus en plus à des "courants" au sein du Front national, avec même une certain panache pour nier l'existence de désaccords sur certains sujets. Marion Maréchal-Le Pen, a elle plus de libertés pour afficher un certain radicalisme que n'ose plus faire sien Marine Le Pen. La jeune députée n'est pas foncièrement convaincu par le positionnement anti-libéral qui se manifeste depuis quelques années au FN. Les chevaux de bataille de Marine Le Pen, ce sont la lutte contre la "dictature de l'Union européenne", le combat à mener contre la zone euro, cette "secte où l'on meurt à petit feu", la bataille dychotomique dans laquelle s'affronte l'intérêt supérieur de la nation française et le "mondialisme".
Marion Le Pen plus traditionaliste que Marine
La jeune Marion Maréchal-Le Pen est tout aussi anti-européiste que sa tante, mais incarne un Front national bien moins obsédé par les questions économiques. Elle a, au contraire, construit sa popularité auprès des militants sur les positions habituelles et usuelles du Front national. La jeune parlementaire est une traditionaliste pur jus, qui convoque les prophéties du déclinisme de la France et de la mise à mal de son identité à l'envi. La patrie, elle l'identifie plus volontiers que sa tante à "la France éternelle", celle au sein de laquelle les chrétiens auraient une place plus légitime que les musulmans, celle qui exige l'assimilation la plus stricte pour perdurer, celle qui se méfie du multiculturalisme. D'une certaine manière, Marion Maréchal-Le Pen se détache de sa tante en assumant la ligne classique de l'extrême-droite sur les questions de société. Elle s'est affichée comme première militante contre le mariage pour tous et a d'ailleurs regretté que la présidente du Front national soit restée si éloignée de la ligne de front. Ses piliers politiques à elle, ce sont la patrie, la famille, l'identité, la sécurité, la lutte contre l'immigration. Traditionaliste sur les moeurs, traditionaliste sur les thématiques historiques du Front national.
Ainsi, au vu de ces différences, les résultats du FN aux régionales traduira également les rapports de force à l'intérieur même du parti frontiste. Si Marion Maréchal-Le Pen réalisait en PACA un score plus important que sa tante en Nord-Pas-de-Calais, Picardie, elle pourrait prendre de l'importance et du gallon au sein du FN et ainsi revendiquer une certaine attention pour ses idées. D'un autre côté, le leadership de la présidente du parti pourrait être renforcé dans le cas d'un chiffre important à l'issue du second tour. D'autant qu'elle peut aussi compter sur la candidature de Florian Philippot en Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine pour asseoir sa légitimité.
En video - Pour Marion Maréchal-Le Pen, la France est "un foyer de catholicisme" :
Crédit vignette : Apercu - Sipa