Marisol Touraine : Première ministre ? Une hypothèse sérieuse
Qui pour succéder au Premier ministre Jean Castex, qui remettra sa démission cet après-midi ? Les rumeurs vont bon train. Depuis quelques jours, le nom de Marisol Touraine revient comme une hypothèse crédible, chez les membres du camp présidentiel. Hypothèse relayée par RTL mardi 10 mai, puis par RMC le lendemain. En réalité, si Emmanuel Macron a fait son choix, celui-ci reste un secret bien gardé. Mais Marisol Touraine coche belle et bien plusieurs cases susceptibles de faire pencher le chef de l'Etat en sa faveur.
Mardi 10 mai, la direction de La République en Marche et ses alliés organisaient une journée de formation réunissant tous les candidats aux législatives investis par la majorité présidentielle. C'est à cette occasion que les journalistes de RTL et de RMC ont recueilli les pronostics de nombreux membres du camp Macron. D'après les deux médias, deux noms revenaient partout : celui d'Audrey Azoulay, la présidente de l'Unesco... et celui de Marisol Touraine. Plusieurs macronistes faisaient remarquer la présence de cette dernière au premier rang lors de l'investiture d'Emmanuel Macron, samedi 7 mai. "Elle prend de l'envergure en Macronie", confie par ailleurs un proche de Marisol Touraine à RMC, ajoutant : "Elle est très souriante et bizarrement elle est devenue difficilement joignable."
Quel est le parcours de Marisol Touraine ?
Marisol Touraine s'est surtout fait connaitre pour avoir été ministre des affaires sociales et de la santé, pendant l'entièreté du quinquennat de François Hollande (2012-2017). Diplômée de Sciences Po Paris et de Harvard, agrégée de sciences économiques et sociales, elle a commencé sa carrière au secrétariat des sciences économiques et sociales, organisme interministériel sous l'autorité de Matignon. Elle a ensuite été conseillère du Premier ministre Michel Rocard, avant d'être nommée au conseil d'Etat par François Mitterrand. Marisol Touraine a également été secrétaire nationale du PS, et élue députée quatre fois. Elle est actuellement présidente d'Unitaid, une organisation internationale qui oeuvre à réduire le prix des médicaments.
Pourquoi Marisol Touraine a-t-elle le profil d'une nouvelle Première ministre d'Emmanuel Macron ?
Interrogé sur ses intentions, Emmanuel Macron a laissé entendre qu'il souhaitait nommer une personne avec une fibre "sociale et écologiste". Une personnalité de gauche, donc, de préférence. Dans son entourage, on répète son intention de nommer une femme, 30 ans après le court passage d'Edith Cresson à Matignon. Femme, de gauche, Marisol Touraine coche ces deux cases. Ajoutons qu'elle soutient Emmanuel Macron depuis 2017 : aux dernières législatives, elle s'était présentée sans succès sous la bannière "majorité présidentielle", bien que n'ayant pas été investie par LREM. Cette année, Marisol Touraine a apporté son soutien au président sortant à la présidentielle dès février 2022 : dans les colonnes du Parisien, elle assure alors qu'Emmanuel Macron est "le seul qui a la solidité de faire face aux défis et porter une vision positive de l'avenir". Samedi 7 mai, lors de la cérémonie d'investiture du président réélu, elle est très remarquée au premier rang. Chaleureusement saluée par Emmanuel Macron, elle lui glisse : "Maintenant tu as les mains libres. Tu peux faire tout ce que tu veux. Le pays tu peux l'embarquer !"
Marisol Touraine pourrait-elle travailler avec le camp Macron ? En tout cas, Eric Woerth, député LR récemment rallié à la majorité présidentielle, disait déjà d'elle en 2012, dans le Figaro : "Elle a du caractère mais on peut parler avec elle." Ajoutant : "Elle est dévorée d'ambition et très pragmatique." En tout cas, Marisol Touraine n'a pas exprimé d'incompatibilité avec le programme d'Emmanuel Macron, bien au contraire. "En Marche sera peut-être un lieu où la diversité sociale-démocrate pourra s'exprimer", postulait-elle en février dernier dans le Parisien. A la même occasion, elle se déclarait favorable à la réforme des retraites envisagée par Emmanuel Macron : "Tout ce qui permet la simplification des régimes de retraites est positif", affirmait-elle, ajoutant que l'allongement de la durée de cotisation, couplée à la prise en compte de la pénibilité, était "le meilleur levier, à la fois efficace et juste". Une femme venant de la gauche prête à porter la réforme des retraites, voilà de quoi contenter le président de la République.