Gérald Darmanin cible un imam de Paris, accusé d'"insinuations très choquantes", celui-ci s'excuse

Gérald Darmanin cible un imam de Paris, accusé d'"insinuations très choquantes", celui-ci s'excuse "Où sont ces 1 200 actes antisémites qu'il y a en France ?" s'est questionné mardi 14 novembre 2023 au matin l'imam de la Grande mosquée de Paris sur les ondes de RMC, faisant notamment réagir le ministre de l'Intérieur.

Depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier, suivie de la guerre entre Israël et le Hamas, les actes antisémites se sont multipliés dans le monde, et notamment en France. Régulièrement, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ou la Première ministre, Élisabeth Borne, font un point sur les chiffres. Invité de la matinale de RMC ce mardi 14 novembre 2023, Abdelali Mamoun, l'imam de la Grande mosquée de Paris, s'est toutefois interrogé sur ces actes antisémites recensés dans l'Hexagone.

"Où sont ces 1 200 et quelques actes antisémites qu'il y a en France ?" a-t-il questionné face à Apolline de Malherbe, semblant remettre en doute leur nombre. "Je ne dis pas que les chiffres sont faux, mais ils ne sont pas dévoilés, apparents", a cependant poursuivi Abdelali Mamoun. Et de développer : "J'aurais voulu qu'on dise que telle synagogue, ou que tel cimetière a été profané, que tel individu de confession juive a été agressé ou a subi des menaces." L'imam a alors réclamé des "éléments concrets".

"50% de tags, affiches, banderoles"

Des propos qui n'ont pas manqué de faire réagir Gérald Darmanin. Sur X (ex-Twitter), en début d'après-midi, le ministre de l'Intérieur s'est d'abord offusqué "des insinuations très choquantes" faites par l'invité de RMC le matin même, affirmant les "réprouve[r] totalement". Alors que la Grande mosquée de Paris s'est rapidement désolidarisée de son imam, Gérald Darmanin a remercié cette réaction, avant d'énumérer les actes antireligieux connus du ministère de l'Intérieur et enregistrés depuis le début de l'année, ainsi que leur nature exacte et la liste des départements les plus touchés.

Ainsi, "1 762 faits antisémites, 564 faits antichrétiens et 131 faits antimusulmans" auraient été comptabilisés à ce jour en 2023 par le ministère. Concernant les actes antisémites évoqués, il s'agirait, toujours selon le ministre de l'Intérieur, pour "50% de tags, affiches, banderoles (parmi lesquels des "morts aux juifs", des croix gammées, etc.)", pour 22% de menaces et insultes, pour 10% d'apologie du terrorisme, pour 8% d'atteintes aux biens, pour 6% de comportements suspects, pour 2% de coups et blessures et pour 2% d'atteintes aux lieux communautaires.

Paris est, de loin, le département le plus touché, avec 11% des faits recensés qui y ont été commis. Viennent ensuite le Rhône et les Hauts-de-Seine (5% pour chacun d'entre eux), puis les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes et la Seine-Saint-Denis (4% pour chacun d'eux). Affirmant par ailleurs que 8 952 signalements pour appel à la haine en ligne ont également été dénombrés, Gérald Darmanin a conclu son message en invitant "chacun à porter plainte s'il a connaissance ou qu'il est victime d'un acte antireligieux".

Hier soir, l'imam Abdelali Mamoun a de nouveau été invité sur BFMTV pour s'expliquer. "Je m'excuse auprès des téléspectateurs, de toute la communauté juive de France s'ils ont pu comprendre de ma part que j'ai remis en cause l'existence d'actes antisémites en France ", a-t-il dit. Il a ensuite tenté de défendre sa réaction lors de l'entretien. "La journaliste a eu une attitude un peu malhonnête de manière intellectuelle à mon égard, elle voulait me faire dire ce que je ne pensais pas. Au moment où elle m'a sorti le chiffre, j'ai été choqué du nombre. Je ne le connaissais pas", a-t-il ajouté. Et de se justifier encore : "Ma question derrière de connaître des détails de tous ces actes antisémites n'était pas pour remettre en cause, ou demander des preuves, ou minimiser, ou nier l'existence des actes antisémites en France".