C'est la fin de la Nupes selon Jean-Luc Mélenchon : l'alliance des gauches aura vécu un an

C'est la fin de la Nupes selon Jean-Luc Mélenchon : l'alliance des gauches aura vécu un an A quelques mois des européennes, le fondateur de La France Insoumise a acté la fin de l'alliance historique des gauches, désertée par les socialistes, les écologistes et les communistes.

"Il n'y a plus de Nupes", a tranché Jean-Luc Mélenchon. C'est lors d'une réunion publique à Rochefort, jeudi 30 décembre, que le fondateur de La France Insoumise et initiateur de la Nouvelle union populaire écologique et sociale a définitivement enterré celle-ci. Née entre l'élection présidentielle et les législatives au printemps 2022, la Nupes a depuis traversé bien des turbulences. Le conflit au Moyen-Orient aura eu raison des dernières solidarités entre ses membres. Lâchés par tous ses alliés, les insoumis, par la voix de leur chef, on entériné sa mort. Cette coalition historique des gauches aura donc vécu un peu plus d'un an.

"Ils sont partis ! Donc il n'y a plus de Nupes. Alors on fait semblant qu'il y en a quand même une", a déploré Jean-Luc Mélenchon devant ses militants. Le fondateur de LFI a rejeté l'entière responsabilité de cet échec sur ses anciens partenaires socialistes, communistes et écologistes, les accusant de "gamineries", d'"enfantillages irresponsables dans le contexte dans lequel on évolue".

Un accord historique mais vite fragilisé

La Nupes était née dans la nuit du 1er au 2 mai 2022. A l'appel de Jean-Luc Mélenchon, candidat arrivé à la troisième place de l'élection présidentielle et loin devant ses adversaires de gauches, le Parti communiste français, le Parti socialiste et Europe écologie les verts se réunissaient tour à tour autour de La France insoumise pour un accord électoral historique en vue d'une coalition à l'Assemblée nationale. Un programme commun était signé et des candidatures uniques prévues dans chaque circonscription pour les législatives de juin 2022. L'objectif : remporter la majorité à l'Assemblée nationale et imposer à Emmanuel Macron une cohabitation, avec "Jean-Luc Mélenchon Premier ministre".

Si la Nupes a échoué à obtenir la majorité souhaitée, 151 députés ont été élus sous son étiquette. A l'Assemblée, l'alliance a pris la forme d'un intergroupe réunissant quatre groupes parlementaires distincts. Mais très vite, la coalition a montré ses limites. En commençant par le refus des partenaires de LFI de se fondre dans un seul et unique groupe, comme l'avait proposé Jean-Luc Mélenchon au lendemain des résultats définitifs des législatives.

Quelques mois plus tard, la Nupes était à nouveau rudoyée par l'affaire Adrien Quatennens. En septembre 2022, le député insoumis du Nord était accusé de violences conjugales, puis condamné à quatre mois de prison avec sursis. Alors que la polémique enflait, Jean-Luc Mélenchon apportait son soutien à son proche collaborateur. Le retour de ce dernier à l'Assemblée en avril 2023, après une suspension de quatre mois, réveillait la colère des partenaires de la Nupes. Adrien Quatennens était finalement exclu de l'intergroupe.

Début 2023, la bataille parlementaire contre la réforme des retraites a été l'occasion pour la gauche de refaire front commun. Mais là encore, des divergences ont émaillé les débats, notamment sur la façon de mener la résistance au texte dans l'hémicycle.

Les élections européennes et l'attaque du Hamas ont précipité la fin

L'approche des élections européennes a ravivé les tensions. Alors que La France insoumise proposait avec grande insistance une liste commune de la Nupes, l'offre a été rejetée de toutes parts, communistes, écologistes et socialistes préférant faire cavalier seul. "Nous leur avons proposé d'avoir une liste commune aux européennes. On a proposé que ce soit un vert qui soit la tête de liste. Celui qu'ils veulent, celle qu'ils veulent. Qu'est-ce qu'ils veulent de mieux ? Vous connaissez la réponse", s'est désolé Jean-Luc Mélenchon à Rochefort. 

Le retour de la guerre au Moyen-Orient, déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël, a achevé de déchirer la Nupes. Les réticences de plusieurs élus de la France insoumise a qualifier le Hamas de groupe terroriste ont été très mal reçues par les socialistes, les communistes et les écologistes. "La Nupes a vécu, c'est terminé. Pour le PCF, c'est clair : nous quittons ce rassemblement", a déclaré le communiste Fabien Roussel le 12 novembre sur TF1. "La Nupes est morte", actait déjà l'écologiste Yannick Jadot, le 17 octobre, dans les colonnes du Point.

Les socialistes ont voté un moratoire suspendant la participation de leurs députés à l'intergroupe Nupes. Les écologistes les ont bientôt imités. Au lendemain de l'adoption de la loi immigration dans l'hémicycle, le chef des insoumis Manuel Bompard a pourtant tenté un ultime massage cardiaque en envoyant un courrier à ses anciens partenaires invitant à organiser une "réaction" commune. Initiative rejetée par les groupes de la gauche. "Ça m'arrache la bouche de dire : j'admets que ce qu'on a construit est déjà détruit", a définitivement sanctionné Jean-Luc Mélenchon.