"C'est tout simplement du bon sens" : entre Attal et Scholz, ça coince sur le Mercosur
Les chefs de gouvernement français et allemand se sont rencontrés lundi 5 février pour la première fois depuis la prise de fonction de Gabriel Attal à Matignon. Ils se sont entretenus pendant 30 minutes en tête-à-tête avant de livrer un compte-rendu de leur échange. Ils n'ont pas pu cacher leurs divergences, en particulier sur un sujet central dans l'actualité : les négociations européennes autour d'un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur.
"L'Allemagne est un pays qui est très attaché au libre-échange, a répété Olaf Scholz, fervent défenseur du traité. "Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que nous avons besoin de tels accords, car ils ont une grande importance géostratégique", a-t-il affirmé.
'We agree to disagree'
"Les négociations avec les pays du Mercosur sont en cours depuis 20 ans déjà, il n'est pas si étonnant qu'on ait le sentiment qu'elles doivent aboutir", a-t-il pressé. Il a indirectement déploré la position de la France, jugeant "inacceptable" de se plaindre de la perte d'influence de l'UE dans le monde tout en se privant des "moyens d'améliorer les perspectives de croissance économique de notre continent grâce à de bonnes formes de coopération, y compris dans les relations économiques."
De son côté, Gabriel Attal ne s'est pas démonté et a réitéré l'opposition de la France à la signature de l'accord tel quel, répétant que les "conditions" n'étaient "pas réunies". "Pardon mais les clauses miroir, c'est tout simplement du bon sens", s''est-il défendu, avant de calmer le jeu : "Il peut arriver que sur certains sujets, on ne soit pas d'accord. Mais on l'assume et on le reconnait, ça fait partie du dialogue qu'on a entre nous. 'We agree to disagree' ('Nous sommes d'accord pour ne pas être d'accord'), comme on dit."
Le jeune Premier ministre a mis en garde contre "la brèche de la division" entre leurs deux pays, ajoutant : "C'est celle qu'attendent les populistes, celle dont se repaissent les extrêmes, guettant la moindre de nos différences pour flatter les plus bas instincts et tenter de saborder l'Europe."