"Le problème avec mon père..." Marine Le Pen évoque sa dispute la plus rude avec le fondateur du RN
Marine Le Pen n'avait jusque-là réagi publiquement à la mort de son père que par un court message sur X. Mais ce dimanche 12 janvier, elle a accepté de répondre à six journalistes du JDD, pour une interview très complaisante d'un média devenu très conservateur et acquis aux discours de la droite nationaliste. Dans ce long entretien, d'abord consacré à la situation à Mayotte, où Marine Le Pen a passé plusieurs jours début janvier, le fille de Jean-Marie Le Pen est interrogée sur la relation qu'elle entretenait avec son père.
Le JDD, sans surprise, ne parle pas des condamnations de Jean-Marie Le Pen pour antisémitisme ni de son passé de tortionnaire en Algérie. Le journal préfère amener Marine Le Pen à se confier sur la nature de leurs relations personnelles et sur ce que l'homme aura apporté à la politique française. "Marie-Caroline, Yann et moi avions pour mon père un amour infini, et je crois qu'il en avait un tout aussi immense pour nous. Dans une famille, il y a toujours des disputes, des trahisons, des réconciliations… C'est normal", glisse ainsi la députée RN du Pas-de-Calais. "En réalité, nous sommes une famille normale. Une famille normale qui fait de la politique, ce qui multiplie forcément les occasions de s'engueuler. Pourtant, nous sommes aussi la preuve de ce qui fait la magie d'une famille. Malgré tout, nous nous sommes toujours aimés. Je sais qu'il a toujours été fier de nous", ajoute-t-elle dans les colonnes du média.
La patronne de l'extrême droite française assure que son père, "avec l'âge, en quittant progressivement la scène politique", s'est "recentré sur ce qui était vraiment important. Et pour lui, quoi qu'on en dise, ce qui comptait, c'était sa femme et c'était nous. Le reste n'avait plus d'importance".
L'interview est tout de même l'occasion pour Marine Le Pen de parler plus ouvertement du conflit politique qui l'a conduite à l'écarter du Front national et du combat judiciaire qu'elle a mené pour qu'il ne soit plus président d'honneur de sa formation politique. "Ce qui est malheureux, c'est qu'il se soit enferré dans ces provocations. En réalité, son côté rebelle et provocateur a fini par prendre le dessus sur tout le reste", regrette-t-elle, considérant que le principal obstacle politique pour elle était son entêtement à réitérer ses déclarations "polémiques" pour elle - mais illégales et racistes, selon la loi française. "Le problème, c'est qu'il recommençait. Et c'est là où, moi, à un moment donné, j'ai dit stop. Parce que ce n'était plus possible. Vous ne pouvez pas donner de l'espoir à des gens, leur promettre un avenir meilleur, tout en leur imposant de vivre ce combat politique avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête".
Marine Le Pen ajoute au sujet de leur plus grand conflit personnel et politique : "Prendre cette décision a été l'une des plus difficiles de ma vie. Et jusqu'à la fin de mon existence, je me poserai toujours la question : est-ce que j'aurais pu faire autrement ? C'est la grande interrogation qui m'habite. Est-ce que j'aurais pu éviter cela ? [...] Je ne me le pardonnerai jamais. Il n'avait plus le droit de le mettre en danger par provocation, orgueil ou je ne sais quoi. [...] Mais je ne me pardonnerai jamais cette décision, parce que je sais que cela lui a causé une immense douleur".