Le Pen candidate à de nouvelles législatives ? Le RN a une stratégie
Le Rassemblement national (RN) a déjà décidé du sort du Premier ministre et prépare l'après-Bayrou. Sachant les votes de ses 123 députés décisifs pour le maintien ou non de François Bayrou à Matignon lors du vote de confiance à l'Assemblée nationale prévu le 8 septembre, Marine Le Pen a affirmé sur X que le RN votera "évidemment contre la confiance au gouvernement".
Plus que de renverser l'exécutif, la cheffe de file des députés lepénistes appelle à la dissolution, seul moyen selon elle de permettre "aux Français de choisir leur destin". Une option soutenue par son poulain et président du RN qui est allé jusqu'à évoquer la démission du chef de l'Etat au 20 Heures de TF1 le mardi 26 août. "Qu'Emmanuel Macron entende ce blocage institutionnel qu'il a suscité et qu'il prononce soit la dissolution de l'Assemblée nationale, soit qu'il remette sa démission", a déclaré Jordan Bardella.
Deux hypothèses qui appellent l'organisation de nouvelles élections, législatives en cas de dissolution et présidentielle en cas de démission. Marine Le Pen entend bien participer ou du moins essayer d'être candidate aux unes comme à l'autre, en dépit de sa peine d'inéligibilité de 5 ans avec exécution provisoire, prononcée en première instance dans l'affaire des assistants parlementaires.
Un recours auprès du Conseil constitutionnel
"Je me présenterai et j'irai défendre ma candidature auprès des instances chargées de la valider" assurait Marine Le Pen à la mi-juillet dans un entretien au Parisien au sujet de législatives qui suivraient une dissolution. L'élue du Pas-de-Calais, autorisée à assurer son mandat jusqu'aux prochaines élections, a promis d'utiliser "tous les recours possibles" pour faire tomber l'exécution provisoire de sa peine d'inéligibilité et pouvoir se présenter à tous les scrutins jusqu'au procès en appel. Pour cela, elle prévoit de braver sa condamnation en candidatant. Cela lui "permettra de déposer une question prioritaire de constitutionnalité" qui est "déjà rédigée" pour faire revoir le jugement. "À l'aune de mon dépôt de candidature, l'autorité constitutionnelle pourrait enfin analyser la validité de cette exécution provisoire de l'inéligibilité qui m'a été appliquée en première instance", expliquait Marine Le Pen au journal.
Une stratégie culottée, et qu'il vaudrait mieux mettre en place en vue d'élections législatives plutôt qu'à l'approche d'une présidentielle selon plusieurs cadres du RN. Miser sur une QPC, c'est compter sur le fait que le Conseil constitutionnel reviendra sur la décision pour ne pas empêcher une candidature. La méthode, déjà utilisée lors du procès, a pourtant prouvé qu'elle pouvait échouer. "Mieux vaut jouer à la roulette russe sur une législative qu'au moment de la présidentielle, ça serait trop risqué", a glissé l'un d'eux au Parisien. Si Jordan appelle donc à une dissolution ou à une démission d'Emmanuel Macron, le premier scénario paraît préférable pour le RN.
Le RN prêt pour des législatives, pas pour une présidentielle
Le parti d'extrême droite se prépare depuis des mois à de nouvelles législatives avec les élus Thomas Ménagé et Julien Odoul à la manœuvre. "On est prêts et mobilisés en cas de dissolution", affirmait ce dernier avant l'été, quand le RN se vantait d'avoir déjà validé 80 % des candidatures et mené un travail de recherches fouillé pour éviter d'investir des "brebis galeuses", à l'instar de celles pointées du doigt en 2024. Sur les 577 circonscriptions mises en jeu, le RN devrait représenter la plupart de ses 123 élus actuels, de nouveaux profils et miser sur des candidats alliés membres de l'Union des droites pour la République (UDR) d'Eric Ciotti dans plus de 60 territoires.
Le RN semble en revanche moins prêt à s'engager dans une campagne présidentielle anticipée. Particulièrement en raison de l'incertitude qui plane sur la capacité de Marine Le Pen à se présenter. Si Jordan Bardella est déjà choisi par l'élue du Pas-de-Calais pour être "plan B", il ne s'agit que d'une solution de dernier recours. Lui-même soutient une candidature de son mentor : "Il existe un chemin juridique, il est étroit, mais Marine Le Pen est une battante". "Je souhaite de tout cœur qu'elle puisse être candidate" a-t-il déclaré sur TF1, ajoutant "et réélue" aux sujets de potentielles législatives.