Notes de frais des maires parisiens : la publication des dépenses fait polémique
Anne Hidalgo était dans le viseur des critiques depuis plusieurs semaines au sujet de ses notes de frais. Le média d'investigation Mediapart avait en effet révélé qu'en quatre ans, les frais de déplacement et de représentation de la maire PS de Paris s'élevaient à au moins 75 000 euros, pour notamment des frais vestimentaires.
L'édile a donc riposté en publiant jeudi 2 octobre la liste exhaustive des indemnités versées à ses élus parisiens, ainsi que les frais de représentation des maires d'arrondissements. "Dans un souci constant de transparence et de responsabilité", a justifié la ville. Mais cela a fait place à une autre polémique. Le journal Libération a détricoté toutes ces informations, et révèle des dépenses de fonds publics "extravagantes" entre juillet 2020 et la fin de l'année 2024.
Des dépenses qui dépassent parfois le raisonnable
Il faut savoir que les frais de représentation sont de 19 720 euros par an pour la maire de Paris, et de 11 092 euros pour les maires d'arrondissement, versés mensuellement. Si toute cette somme n'est pas dépensée durant l'année, les édiles doivent rembourser le reste. Sauf que certains y vont à coeur joie : Philippe Goujon, maire LR du XVe, n'a restitué qu'environ 650 euros sur les quelque 49 000 qui lui étaient alloués en quatre ans et demi. D'un autre côté, Rachida Dati est l'édile la plus économe, puisqu'elle n'a presque rien dépensé. Parmi les frais autorisés, on compte les "frais liés à l'apparence" comme les vêtements ou le coiffeur, les "frais de représentation" comme les repas, ou encore les "cadeaux protocolaires".
Pas de dépense frauduleuse à proprement parler : aucun frais ne semble sortir du cadre légal. Mais sont-ils acceptables pour autant ? Le cadre établi que l'argent dépensé doit être en "relation directe avec l'exercice du mandat", et "avoir un caractère raisonnable". Et c'est bien là que le bât blesse. Les frais font parfois halluciner : Jeanne d'Hauteserre, édile LR du VIIIe arrondissement, a dépensé 35 779,65 euros de frais de vêtements en quatre ans et demi, pointe Libération. La maire Horizons du Ve arrondissement, Florence Berthout, s'est elle rendue 20 fois chez le coiffeur en 2021. Et d'autres dépenses étonnantes, comme des "menus enfants" sur les factures de restaurant de Philippe Goujon. Des "erreurs" qu'il s'engage à rembourser à la ville, a-t-il assuré au journal. Autre ovni : le maire LR du VIe arrondissement, Jean-Pierre Lecoq, a dépensé 745 euros en juin 2023 pour des chaussures pour femmes - qu'il ne devrait donc pas utiliser au cours de son mandat.
"Des sommes folles en vêtement", des repas "dans les grandes tables parisiennes", des "caisses de champagne", ou encore des "bougies antiodeurs de tabac"... Le journal note des dépenses éclectiques et très peu justifiées. Libération pointe les difficultés à trier les dépenses. "Rares sont les édiles à préciser sur leurs justificatifs le motif de ces achats, qu'ils soient privés ou bien destinés à un pot à la mairie", indique le journal. La frontière entre le professionnel et le privé peut donc être brouillée.