
Un Français sur sept boit de l'eau radioactive : découvrez sur cette carte si vous êtes concerné
Une enquête révèle qu'un déchet radioactif est présent dans l'eau du robinet de nombreuses villes françaises.
Vous pensez boire de l'eau, mais vous buvez peut-être aussi des déchets radioactifs. L'eau du robinet d'environ 10 millions de Français est contaminée par des rejets de tritium, qui proviennent des centrales nucléaires. C'est ce que révèle une enquête menée par Mediapart avec la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). C'est environ un Français sur sept qui habite dans une commune où du tritium "a été détecté dans l'eau potable au moins deux fois, et à un niveau au moins cinq fois supérieur au bruit de fond", qui correspond à 2 Bq/L (une unité de mesure de radioactivité), d'après Mediapart.
Mais alors quelles sont les villes qui sont les plus concernées ? Il s'agit surtout de celles "qui sont sur les cours d'eau le long desquels se trouvent des centrales nucléaires : la Seine, la Loire, la Vienne, la Garonne et le Rhône", a listé Julien Syren, codirecteur de la Criirad interrogé par Médiapart. Actuellement, 18 réacteurs nucléaires sont en activité en France, répartis sur tout le territoire.

Du tritium a ainsi été détecté dans de nombreuses grandes villes françaises : Paris, Nantes, Angers, Tours, Orléans, Lyon... D'après le Criirad, "la quantité de communes (et la population) concernées est probablement sous-estimée", et ce notamment parce que "certaines communes ne sont pas contrôlées (ou les résultats ne sont pas publiés)". Pour savoir si votre commune est concernée, le Criirad a mis au point une carte interactive regroupant les données sur les mesures de tritium en France. Vous pouvez consulter directement et gratuitement cette carte en ligne sur le site du Criirad.

Même si les rejets de tritium sont réglementés, la présence de ce produit radioactif est surveillée dans les eaux potables. Au-delà de 100 Bq/L, une enquête est menée. Mais entre 2 Bq/L et 100 Bq/L, rien ne se passe. Plusieurs analyses ont justement détecté des concentrations dans cette fourchette, notamment dans la Vienne (65 Bq/L en 2017) ou encore à Angers (56 Bq/L en 2019). Rassurons-nous, ces résultats sont loin du seuil de potabilité, établi à 10 000 Bq/l par l'Organisation Mondiale de la Santé.
Cette présence de tritium dans notre eau potable n'est toutefois pas anodine pour la santé, notamment celle des personnes fragiles, comme les femmes enceintes et les enfants. Peu d'études scientifiques ont déterminé cet impact du tritium sur la santé. Une revue d'étude américaine publiée en 2023 concluait que "la toxicité du tritium est égale ou supérieure à celle de nombreux autres nucléotides préoccupants.
La grande majorité des études indiquent que l'exposition peut avoir des conséquences biologiques, en abîmant l'ADN, en causant des dégâts physiologiques et du développement, en réduisant la fertilité et la longévité, et en élevant le risque de maladies, y compris de cancers". Alors que des alertes sur la qualité de l'eau du robinet mais aussi des eaux en bouteille sont régulièrement lancées depuis plusieurs années, il devient difficile de savoir quelle eau boire en toute sécurité...