Qui sont les terroristes de Daesh qui ont attaqué la France le 13 novembre ?
[Mis à jour le 23 novembre 2015 à 09h08] Les enquêteurs en ont désormais la certitude. Le corps criblé de balles retrouvé dans l'appartement de Saint-Denis, après l'assaut du mercredi 18, est bien celui d'Abdelhamid Abaaoud, suspecté d'être le commanditaire des attentats à Paris . Les expertises ADN ont permis de confirmer que l'homme n'était pas en Syrie mais bien dans la banlieue de Paris ces derniers jours. Depuis samedi, de nombreuses opérations, en France et en Belgique, visent à identifier et à arrêter les terroristes dont certains seraient toujours en fuite. C'est le cas de Salah Abdeslam, qui aurait directement agi dans la capitale le 13 novembre et a semble-t-il réussi à fuir Paris, vendredi soir, en compagnie de deux complices présumés, arrêtés et inculpés en Belgique pour entreprise terroriste. Il est toujours visé par un mandat d'arrêt international. Voici les personnes impliquées dans les attentats de Paris.
Le commanditaire
Abdelhamid Abaaoud, Belge de 27 ans, d'origine marocaine, combattant en Syrie entre 2013 et 2014, était considéré comme le chef de Daesh en Europe, après avoir gravi les échelons de l'organisation terroriste. Il serait impliqué dans d'autres tentatives d'attentats dans l'Union Européenne, dont l'attaque du Thalys cet été. Abdelhamid Abaaoud, qui se fait appeler Abou Omar Soussi (ou Abou Omar al-Baljiki), serait bien le cerveau des attentats. Il est particulièrement connu de la police et des services anti-terroristes belges pour des actes de barbarie en Syrie. Il aurait notamment diffusé en mars 2014 une vidéo où on le voit à bord d'un pick-up en train de traîner des cadavres mutilés vers une fosse commune. Il a aussi emmené avec lui en Syrie son petit frère Younès, alors âgé de 13 ans, qu'il avait décrit comme "le plus jeune djihadiste de Syrie". Il a été la cible de l'opération menée mercredi à Saint-Denis et est mort sous les balles du Raid dans un assaut particulièrement violent. > Lire son portrait plus complet
L'équipe du Stade de France
Bilal Hadfi, Français de 20 ans, né le 22 janvier 1995, est l'un des kamikazes du Stade de France. Etudiant en électricité à l'Institut Anneeessens Funcks, à Bruxelles, il a longtemps vécu avec sa mère en Belgique, précisément à Neder-over-Hembeek. Sa radicalisation, extrêmement rapide, remonte au printemps 2014. Le jeune homme, qui consommait volontiers un peu d'alcool et de shit, qui aimait le football, cesse d'écouter du rap et justifie le port du voile pour les femmes. Janvier 2015 et les attentats de Charlie Hebdo semblent avoir été le point de rupture. Il part alors pour la Syrie. Il était inconnu des services de police français, mais connu des services belges pour radicalisation. Bilal Hadfi est mort en actionnant sa ceinture d'explosifs aux abords du stade de France le vendredi 13 novembre. > Plus d'infos sur Bilal Hadfi
L'équipe du Stade de France était aussi composée d'un homme en possession d'un passeport au nom d'Ahmad Al Mohammad, Syrien de 25 ans. Le passeport syrien a été retrouvé sur les lieux des explosions. On sait que ce document a été utilisé par un migrant, né à Idlib, et arrivé en Grèce, sur l'île de Leros, début octobre, après le naufrage d'une embarcation de fortune. On ne sait pas encore en revanche si le passeport correspond à l'identité exacte du terroriste ou s'il a été falsifié. Mardi, on apprenait qu'il appartiendrait à l'origine à un soldat de l'armée syrienne mort depuis plusieurs mois. Selon France 2, les empreintes relevées après les attaques aux abords du stade correspondent bien à celles enregistrées en Grèce, sur l'île de Leros. Le kamikaze, arrivé en Grèce comme des centaines de milliers de migrants ces derniers mois, aurait traversé l'Europe par la route des Balkans. Après la Serbie, où il aurait déposé une demande d'asile, il serait passé par l'Autriche pour rejoindre Paris et mourir, lui aussi devant le Stade de France.
Un troisième homme s'est fait exploser au Stade de France. Dimanche 22 novembre, la police a diffusé un appel à témoins avec une photo. Ce kamikaze, qui s'est fait exploser près de la porte H du Stade de France, avait aussi été enregistré le 3 octobre sur l'île de Leros, avec un passeport syrien au nom de Mohammad al-Mahmod.
L'équipe du Bataclan
Samy Amimour, Français de 27 ans, est le dernier terroriste du Bataclan à avoir été identifié. Né en 1987 et originaire de Drancy, en Seine-Saint-Denis, ce Français était connu des services anti-terroristes. Il avait été mis en examen en 2012 pour "association de malfaiteurs terroristes" après avoir tenté de rejoindre le Yémen. En 2013, alors qu'il est sous contrôle judiciaire, il part cette fois pour la Syrie et fait l'objet depuis d'un mandat d'arrêt international. Avant sa radicalisation et jusqu'en 2012, Samy Amimour était chauffeur de bus à la RATP. Le Monde indique que son père Azzedine, qui a travaillé dans le cinéma, aurait tenté d'aller le chercher en Syrie au printemps 2014, en vain. La mère de Samy Amimour est décrite par RTL comme une femme "ultra-laïque, féministe". Un ancien collègue de travail à la RATP, qui a suivi comme lui une formation, raconte que Samy "était un littéraire, il avait un bac L. Il corrigeait les profs quand ils faisaient des fautes de français ou qu'il y avait des erreurs dans l'énoncé des exercices". Il est mort le 13 novembre dans le Bataclan après y avoir commis la tuerie qu'on connaît. > Le portrait complet de Samy Amimour
Ismael Mostefai, Français de 30 ans, né le 21 novembre 1985 à Courcouronnes, a été le premier kamikaze identifié du commando, dès samedi, grâce à un doigt arraché lors de l'explosion de sa ceinture d'explosifs et retrouvé par la police scientifique. Il était jusqu'alors connu pour de simples faits de délinquance (huit condamnations entre 2004 et 2010) et pour "radicalisation". Jamais il n'avait été impliqué dans une affaire terroriste jusqu'ici. Habitant à Chartres depuis quelques années avec son père Mohamed, Algérien, sa mère, Lucia de Fatima Moreira, Portugaise, ses deux frères et ses deux sœurs, il était père d'une petite fille de 5 ans. D'après l'Echo Républicain, Ismaël Mostefaï venait d'avoir un second enfant juste avant de partir en Syrie. Certains de ses proches, interrogés sous le régime de la garde à vue puis relâchés, étaient sans nouvelle de lui depuis plusieurs mois. Selon ses voisins, il semblait pourtant s'être "rangé". > Son portrait complet
Un troisième homme est mort au Bataclan. Son identité n'est pas encore connue.
L'équipe des Xe et XIe arrondissements
Ibrahim Abdeslam, Français de 31 ans, est l'un des kamikazes qui ont semé la terreur dans les rues de Paris. Il s'est fait exploser boulevard Voltaire à Paris vendredi. Il pourrait avoir été surpris par sa ceinture d'explosif sur le chemin d'un objectif qui n'a pas été atteint par les terroristes, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Une piste qui s'est précisée avec la découverte d'un véhicule ayant servi aux terroristes, une Clio, dans le 18e lundi. Il n'a pas fait de victime, mais a blessé grièvement une serveuse. Français mais résidant en Belgique, à Molenbeek comme ses deux frères (lire ci-dessous), Brahim était connu des services de police selon la RTBF qui évoque un "passé de pyromane". A 14 ans, il aurait mis le feu à la maison familiale. Des faits qu'il aurait reconnus. > Le profil de Ibrahim Abdeslam
Salah Abdeslam, Français de 25 ans, né en septembre 1989, est le frère cadet du précédent. Il aurait lui aussi fait partie du groupe ayant tiré sur des terrasses de cafés et de restaurants dans les Xe et XIe arrondissements de Paris. Il est pour l'instant en fuite et fait l'objet d'un mandat d'arrêt international. La police l'a identifié grâce à une Polo noire et une Seat noire, louées avec son frère Brahim, en Belgique, en début de semaine dernière. Les deux véhicules ont servi aux attaques à Paris. Le second a été retrouvé à Montreuil dimanche matin, avec un lourd arsenal à son bord. De Montreuil, Salah Abdeslam serait monté dans un autre véhicule, une Golf grise, pour rejoindre la Belgique, avec deux autres individus. Leurs noms sont connus depuis ce mardi : Hamza Attou et Mohamed Amri. Ils sont actuellement écroués en Belgique.
Ces deux complices font dire à Libération qu'une quatrième équipe a pu apporter un "soutien logistique" aux trois groupes mentionnées ci-dessus. Salah Abdeslam aurait été contrôlé avec ces deux individus près de la frontière samedi, mais le trio n'a alors pas arrêté. Malgré une importante opération ce lundi à Molenbeek, où il résidait lui aussi, Salah Abdeslam n'a toujours pas été trouvé. Il ne figure pas non plus dans les personnes interpellées mercredi après l'assaut de Saint-Denis.
Un troisième frère Abdeslam, Mohamed, a été arrêté par la police belge dans les premières heures de l'enquête. Il a été relâché lundi, faute de charges pesant contre lui. VIDEO - Mohamed Abdeslam : "Je n'ai rien remarqué, mes frères sont normaux"
Un troisième homme aurait agi dans les rues de Paris à bord de la Seat Leon identifiée depuis les premières heures de l'enquête comme un véhicule ayant servi aux attentats. Les enquêteurs soupçonnent Abdelhamid Abaaoud d'être ce 3e homme.
Les terroristes de Saint-Denis
Hasna Aitboulahcen, 26 ans, est la cousine d'Abdelhamid Abaaoud. Elle est morte le 18 novembre à Saint-Denis, lors de l'assaut du RAID dans un appartement où elle était retranchée avec son cousin et un autre homme. Non pas en tant que kamikaze, comme ce qui avait été avancé dans un premier temps, mais sous les balles du Raid. Née le 12 août 1989 en France, elle est l'ancienne gérante d'une entreprise de BTP, placée en liquidation judiciaire depuis 2014. Elle aurait plusieurs fois affiché sa proximité idéologique avec le djihad et aurait déjà essayé de rejoindre l'État islamique en Syrie ou dans le nord de l'Irak. Sur son profil Facebook, qu'a consulté le site belge DH.net, un message daté du 11 juin dernier dit : "Jver biento aller en syrie inchallah biento depart pour la turkie". > Plus d'infos sur Hasna Aitboulahcen
Abdelhamid Abaaoud (lire son portrait plus haut) a été tué lors de l'opération conjointe du RAID et de la BRI à Saint-Denis mercredi matin. Ce sont les analyses ADN qui ont permis d'identifier le corps meurtri par les impacts de balle (iTélé évoquait mercredi que la tête de l'homme avait été arrachée par les tirs et rendait impossible une identification grâce au visage...)
Un autre terroriste était présent dans l'appartement au moment de l'assaut. Les enquêteurs ont trouvé dans les gravats de l'immeuble un 3e corps, qui n'est pas encore identifié.
Le locataire de l'appartement de Saint-Denis
Parmi les personnes interpellées à Saint-Denis, directement ou indirectement liés aux attentats de Paris, figure Jawad Bendaoud, qui a hébergé les djihadistes présents dans l'appartement dyonisien. Il affirme sur BFMTV qu'il ne connaissait pas l'identité des personnes à qui il rendait "service". "J'ai appris que c'était chez moi et que les individus sont retranchés chez moi et... voilà. J'étais pas au courant que c'était des terroristes moi. On m'a dit d'héberger deux personnes pendant trois jours et j'ai rendu service, si j'avais su vous croyez que je les aurais hebergés ?" > Lire le portrait de Jawad Bendaoud, déjà condamné pour meurtre
Les messagers de la revendication de Daesh
Le Français Fabien Clain serait lui aussi impliqué dans les attentats. Ce djihadiste de 36 ans, d'origine réunionnaise, a longtemps vécu à Toulouse et est proche d'un membre de la famille Merah, résidant aujourd'hui en Syrie, a réalisé l'enregistrement audio accompagnant la revendication de Daesh samedi. Sa voix a été authentifiée. > Ce qu'il faut savoir sur Fabien Clain
Jean-Michel Clain serait l'homme qui chante avant et après la lecture du message audio de revendication, d'après Le Monde. Le frère cadet de Fabien Clain, âgé de 34 ans, a rejoint depuis plusieurs années les rangs de Daesh. Sur son profil Copains d'avant, il affiche en description : "Quallah accord le bonheur aux sincères qui sont les flambeaux de la bonne direction par qui les ténèbres sont dissipés".
D'autres pistes dans l'enquête
Mohamed Khoualed serait, d'après le journal anglais The Sun, l'artificier de la cellule terroriste qui a sévi à Paris. Agé de 19 ans seulement, cet expert en explosifs et en systèmes de détonation aurait conçu les ceintures des kamikazes de Daech. L'homme, présenté comme un proche de Salah Abdeslam, serait en fuite. > En savoir plus sur Mohamed Khoualed
Enfin, la piste d'un Français, Baptiste Burgy, était aussi suivie lundi en Italie selon la Repubblica. Mais celle-ci n'a pas été semble-t-il poursuivie.