BHL - Dupont-Moretti : leur échange au vitriol, ou l'art de l'insulte distinguée

BHL - Dupont-Moretti : leur échange au vitriol, ou l'art de l'insulte distinguée Le célèbre avocat, qui défend Abdelkader Merah, a été l'objet du dernier billet de Bernard-Henri Lévy dans Le Point. Eric Dupond-Moretti lui a répondu dans une lettre bien sentie.

Quand Bernard-Henri Lévy n'aime pas ce qu'il a écouté ça et là, quand il s'enthousiasme pour une cause, qu'il s'insurge pour une autre, ou bien quand il a quelqu'un dans le nez, il prend la plume. Grand avantage pour le philosophe à la chemise ouverte, il dispose d'une page dans l'hebdomadaire Le Point pour rendre compte de ses humeurs. Et cette semaine, BHL est très agacé. Contre l'avocat qui défend Abdelkader Merah, le frère de l'assassin de Toulouse, condamné à 20 ans de prison pour "association de malfaiteurs", mais acquitté pour "complicité". Dans son long billet, Bernard-Henri Lévy décrypte à sa manière l'interview donnée par Eric Dupond-Morretti sur France Inter à l'issue du procès, le 3 novembre. Indigné par le "ton de solennité surfaite" de l'avocat, BHL dénonce un '"absurde numéro de donquichottisme". Le philosophe ne supporte pas qu'Eric Dupond-Morretti se présente comme le garant du droit, comme si la justice devait résister aux "diktats du populisme". "Qui, quand, où ?", s'interroge-t-il. Pour BHL, l'argumentaire développé par Eric Dupond-Morretti est de bout en bout "obscène" (lire ci-dessous).

A la longue prose de BHL, l'avocat a répondu avec concision. "Il est presque doux de recevoir des leçons de morale de celui qui, dans tous les domaines, se veut, depuis de trop longues années, l'arbitre des élégances". Et de poursuivre : "Je vous interdis de disserter publiquement sur ma sincérité et ses élans sans même me connaître ; d'ailleurs, lorsque nous nous sommes croisés, vous n'avez pas daigné me saluer, me jetant en offrande le regard condescendant d'un chauffeur de Rolls en gants blancs". Eric Dupond-Morretti se permet alors ce conseil : "Relisez les oeuvres de Botul, qui a beaucoup écrit sur le rôle de l'avocat". Botul ? Non, il ne s'agit pas d'un juriste renommé, mais d'un philosophe cité avec tout le sérieux du monde dans un ouvrage de BHL... alors qu'il s'agit d'un personnage fictif, créé par le journaliste du Canard Enchaîné Frédéric Pagès... L'avocat, manifestement très en colère, se permet enfin l'insulte, même s'il la retient par la prétérition : "Le 3 mai 1936, Magritte a écrit au critique Dupierroux qu'il n'était 'qu'une vieille pompe à merde'. Je n'ai, hélas, ni le talent, ni l'audace de Magritte".