Enseignante agressée à Agde : une vidéo choc, quelles réactions ?

Enseignante agressée à Agde : une vidéo choc, quelles réactions ? Lundi 30 septembre à Agde, une enseignante a été violemment agressée par des parents d'élèves. Les syndicats enseignants se sont mobilisés contre le manque de moyens et la dégradation de leurs conditions de travail.

Une enseignante a subi une violente agression au sein d'une école primaire, lundi 30 septembre à Agde. Les faits font suite à l'intervention de l'enseignante pour séparer des enfants lors d'une bagarre. Les parents d'un des élèves concernés ont alors demandé un rendez-vous au directeur de l'école afin de rencontrer l'enseignante pour s'expliquer. C'est alors que les choses ont dérapé. Insultes, menaces de mort et violence physique : c'est ce que l'on peut voir sur la vidéo que l'enseignante a filmée lors de cette altercation, et qui a été diffusée le 7 octobre par Midi Libre. Olivier Biscaye, directeur de la rédaction de Midi Libre, justifie cette décision de relayer cette vidéo comme une nécessité de montrer une réalité méconnue : celle de la violence dans le quotidien des personnels de l’Éducation nationale.

La mère et la grand-mère de l'enfant ont en effet eu le temps de hurler à la directrice qu'elles avaient porté plainte contre elle (ce qui s'est avéré faux après vérification au commissariat), qu'elles allaient "l'attendre à la sortie", "la plumer", "la crever", lui suggérant de "rester chez elle quand le matin elle est mal baisée (sic)", avant d'être mises à la porte par le directeur. L'altercation a repris à l'extérieur du bureau, où les deux femmes ont frappé l'enseignante. A propos de l'enfant de 6 ans concerné, la grand-mère a ajouté : "On ne le met pas à l'école pour que vous lui appreniez l'agressivité !"

L'enseignante d'Agde mise à l'arrêt deux semaines

Suite à l'agression dont elle a été victime, l'enseignante a été mise en arrêt pour deux semaines et a porté plainte contre ses agresseuses. Le garçon de 6 ans a été placé dans une autre école et il est possible qu'il en soit de même pour l'enseignante lorsqu'elle reprendra ses fonctions, afin de la protéger vis-à-vis des menaces proférées contre elle.

Cette vidéo de 3 minutes, d'une rare violence, interroge de nombreux acteurs de l'enseignement public sur les moyens dont disposent les professeurs pour faire face à une telle agression. D'aucuns estiment que la victime a été réduite à filmer la scène pour conserver une preuve de l'événement, faute de pouvoir se protéger autrement et malgré la présence du directeur de l'école.

Ce type d'incidents serait en augmentation dans le département de l'Hérault, avec un record de 75 faits de violence depuis la rentrée scolaire, selon l'EMAS (équipe mobile d'accompagnement à la sécurité). Devant l'absence de réaction de la hiérarchie, qui aurait même reproché à l'enseignante d'avoir filmé l'altercation, les syndicats enseignants se sont mobilisés jeudi et ont exprimé leur soutien à leur collègue. La rectrice d'académie Béatrice Gille s'est finalement manifestée auprès de l'enseignante le vendredi 4 octobre. Elle affirme l'avoir assurée de son soutien et l'avoir "beaucoup écoutée", condamnant fermement l'agression dont l'enseignante a été victime. Béatrice Gille a également rappelé que le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer fait de la sécurité à l'école une priorité et souhaite avancer sans tabou sur la question des violences dans le cadre scolaire.

Un contexte de tensions dans l'Education nationale

L'agression d'Agde n'est pas sans rappeler le récent suicide de Christine Renon, directrice de l'école maternelle de Pantin, retrouvée morte dans la hall de son école le 23 septembre dernier, à l'âge de 58 ans. La directrice, membre du syndicat Snuipp-FSU et très investie dans son travail, avait expliqué son geste dans une lettre, laissant entendre que l’Éducation nationale était en partie responsable de sa détresse et de son épuisement. Elle dénonçait une accumulation des tâches, les réformes incessantes et parfois contradictoires, la dégradation des conditions de travail et le manque de moyens pour réaliser des missions qui "vident le métier d'enseignant de son sens", selon les mots du syndicat Snuipp. Des rassemblements ont eu lieu pour rendre hommage à cette directrice engagée. La pétition "plus jamais ça" a été mise en place, témoignant du ras-le-bol des enseignants démunis. Cette pétition dénonce des conditions de travail de plus en plus précaires, parfois même dangereuses, ainsi que l'inaction de la hiérarchie de l’Éducation nationale face à des problèmes réels et graves, menaçant la santé physique et mentale, et même la vie de ses enseignants. Après la grève des enseignants pendant le bac 2019, les vacances scolaires auront été de courte durée pour le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, et les tensions semblent loin d'être apaisées en cette rentrée.