A Nice, le drapeau israélien ne doit plus flotter sur le fronton de la mairie, les explications du préfet

A Nice, le drapeau israélien ne doit plus flotter sur le fronton de la mairie, les explications du préfet Le drapeau israélien est érigé sur le fronton de la mairie de Nice depuis les attaques du 7 octobre 2023. Il doit être retiré.

Le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, a adressé ce lundi un courrier officiel au maire de Nice, Christian Estrosi (Horizons), pour lui demander de retirer le drapeau israélien qui flotte sur le fronton de l'hôtel de ville depuis le lendemain des attaques du 7 octobre 2023. Une injonction justifiée "au nom du principe de neutralité du service public" a appris l'AFP auprès de la préfecture. Nommé préfet il y a un mois, Laurent Hottiaux prévoit également une circulaire à destination de tous les maires du département pour exprimer son opposition à l'affichage de tout drapeau étranger, quel qu'il soit, dans les mairies.

D'après le site officiel du service public, les agents publics et les collectivités qu'ils représentent doivent respecter une "obligation de neutralité", même s'ils bénéficient de la liberté de conscience, comme tout citoyen. Cette obligation interdit aux agents publics de "manifester leurs convictions" à l'égard des usagers et de ses collègues, qu'elles soient religieuses, philosophique, et dans ce cas-là, politique. Ils ne peuvent également pas "faire prévaloir leur préférence" pour une religion. En clair : un service public ne peut afficher un parti pris, y compris à travers un drapeau.

De plus, le pavoisement des bâtiments publics est hautement symbolique, bien qu'il ne fasse l'objet d'aucun texte de loi à proprement parler. Selon le site du ministère des Armées, seuls le drapeau français et, sous certaines conditions, le drapeau européen sont autorisés. Ce dernier doit obligatoirement être placé à droite du drapeau français (donc à sa gauche pour un observateur regardant l'édifice), conformément au décret du 4 mai 1963. Lors de cérémonies officielles, des drapeaux étrangers peuvent être tolérés, mais uniquement de manière temporaire, avec l'accord de l'organisateur, et toujours accompagnés du drapeau national.

Estrosi avait promis de le laisser jusqu'à la libération des otages

"J'ai pris des engagements face aux Niçois", a affirmé Cristian Estrosi dans la soirée, rapporte Nice-Matin. "Je continuerai jusqu'au bout à mettre mon énergie contre toutes les formes d'antisémitisme et d'antisionisme". L'élu avait déclaré qu'il maintiendrait le drapeau israélien tant que des otages seraient retenus à Gaza.

Plusieurs recours avaient déjà été déposés devant le tribunal administratif pour réclamer ce retrait. Trois acteurs associatifs niçois, restés anonymes, s'étaient mobilisées, arguant que "le maintien des drapeaux israéliens sur la façade de la mairie participe à l'amalgame qui pourrait être fait entre la politique du gouvernement israélien et la commune de Nice". Le juge n'avait pas retenu le caractère d'urgence, rejetant ainsi leur requête sans trancher sur le fond.

Depuis fin 2023, la mairie de Nice est devenue le point de convergence des tensions locales. Des manifestations pro-palestiniennes quasi-hebdomadaires s'y tiennent, réclamant que le drapeau palestinien puisse également être hissé.

La décision du préfet a été saluée par David Nakache, président de l'association d'aide aux migrants "Tous Citoyens" et membre du mouvement citoyen ViVA. "Christian Estrosi place la ville de Nice en porte-à-faux avec la politique étrangère française. Il fait de la ville de Nice un soutien inconditionnel de la politique de Benyamin Netanyahu et rend notre ville symboliquement complice des atrocités subies par les populations civiles de Gaza. Cette posture est totalement inadmissible", a-t-il réagi auprès de BFM Nice Côte d'Azur.

Un "deux poids, deux mesures" ?

Sur cette même ligne, Benoît Kantel, ex-premier adjoint de Christian Estrosi désormais référent du Rassemblement national à Nice, a salué la demande du préfet sur BFM ce mardi matin : "Je crois que le préfet a totalement raison de formuler cette demande parce que c'est critiquable de mettre un drapeau israélien sur la mairie de Nice comme c'est critiquable de mettre un drapeau palestinien sur d'autres villes de France. Sur les mairies il ne devraient y avoir que le drapeau français parce que l'essentiel est de ne pas importer ce conflit terrible en France".

Cette question dépasse le seul cas niçois. En région parisienne, la préfecture des Hauts-de-Seine a également demandé, vendredi dernier, le retrait du drapeau palestinien qui avait été hissé sur le parvis de la mairie de Gennevilliers, au nom du principe de neutralité des services publics. Son maire, Patrice Leclerc (PCF), a dénoncé sur X un "deux poids, deux mesures", rappelant qu'aucune demande de retrait n'avait été formulée en 2022 lorsque sa commune avait arboré un drapeau ukrainien. Il s'étonne aussi du silence de la préfecture des Alpes-Maritimes sur le cas niçois pendant près de 18 mois.