Ne jetez plus vos vêtements dans ces conteneurs présents partout, c'est inutile

Ne jetez plus vos vêtements dans ces conteneurs présents partout, c'est inutile Les célèbres conteneurs à vêtements présents dans les villes de France ne doivent plus être remplis.

Lorsqu'un vêtement ne vous va plus, est taché ou abîmé, plusieurs options s'offrent à vous : le donner à un proche, à une association, le vendre en ligne, ou le glisser dans l'un des nombreux conteneurs à vêtements répartis un peu partout en France. Simple, rapide, accessible, cette dernière solution a longtemps été privilégiée pour alléger ses placards.

Derrière ces bornes, l'entreprise d'insertion sociale Le Relais collecte chaque semaine 1 800 tonnes de vêtements, soit 55% du volume national. Ces textiles sont ensuite triés dans 14 centres pour être redirigés vers différentes filières : 6% sont revendus dans des boutiques solidaires, 55% sont exportés, 10% transformés en chiffons, 26% recyclés en matières premières comme l'isolant Métisse, et 3% finissent à la poubelle.

Mais depuis début juillet, "on a stoppé les collectes partout en France ", a annoncé Emmanuel Pilloy, président du Relais France et responsable du Relais Atlantique à Actu Nantes. En cause : un désaccord avec Refashion, un éco-organisme chargé de financer une partie de la collecte selon le principe du "pollueur-payeur". La contribution actuelle de 156 euros la tonne est jugée trop faible pour maintenir une activité. La filière en réclame 304. L'éco-organisme assure avoir "formulé une proposition d'aide d'urgence revalorisée à 192 euros la tonne". "Complètement insuffisant" pour Le Relais, qui exhorte le ministère de la Transition écologique "à intervenir fermement", selon Sud Ouest.

En attendant une issue, les habitants sont appelés à ne plus remplir les conteneurs. Le 15 juillet dernier, des antennes régionales du Relais ont déversé des tonnes de vêtements en guise de protestation devant des enseignes comme Kiabi ou Decathlon, qui siègent au conseil d'administration de Refashion. "Le Relais rend aujourd'hui symboliquement les vêtements de la fast fashion aux enseignes concernées", explique le réseau, qui a lancé une pétition.

© SIPA

"Si ça continue comme ça, on ne passera pas l'été", assure Pascal Milleville, directeur régional du Relais en Bretagne, à 20 minutes. "Si rien n'est fait, tout ce qu'on a construit depuis quarante ans va disparaître". Il déplore que l'éco-organisme, malgré une trésorerie de 200 millions d'euros, refuse d'accorder un financement équivalent à seulement un centime par article, soit à peine 15 % de ses réserves. L'organisme défend dans un communiqué que cette somme "sécurise les soutiens pluriannuels aux différentes parties prenantes" et vise à "accompagner l'évolution des modèles vers plus de recyclage et de proximité".

La fast-fashion serait l'une des responsables des difficultés de l'entreprise. En France, 850 000 tonnes de vêtements sont mises sur le marché chaque année, soit 200 000 de plus qu'il y a cinq ans, alors que la moitié ne sera jamais portée selon l'Ademe. "Lorsque les vêtements sont réemployés, on gagne de l'argent", assure Emmanuel Pilloy. Mais en cas de recyclage, "là, on perd de l'argent", souligne Emmanuel Pilloy auprès de Sud Ouest. Le recyclage coûte cher, et certains acteurs comme La Tresse, en Dordogne, ont déjà fermé.

Pour expliquer la crise, l'éco-organisme pointe surtout la "brusque chute des cours à l'export des textiles usagés triés, en Afrique majoritairement" où Le Relais envoie 25 à 30% de ses textiles. "Les Africains se tournent de plus en plus vers des vêtements neufs ou des fripes venant d'Asie", selon Refashion. Alors, "pour continuer à vendre là-bas, on est obligé de baisser les prix", explique Emmanuel Pilloy.