Blocage du 10 septembre : la carte des mobilisations, vers une grève générale ?
"Il faut que le 10 septembre, ce soit la grève générale". Ces mots sont ceux de Jean-Luc Mélenchon, leader historique de La France Insoumise, le 22 août dernier. Preuve de l'ampleur démentielle que pourrait prendre ce mouvement citoyen qui appelait lui, à "bloquer le pays". L'initiative est née en réponse aux annonces budgétaires du Premier Ministre François Bayrou, visant à économiser près de 43 milliards d’euros en 2026. Désormais, l’appel circule largement sur les réseaux sociaux via le hashtag #Mobilisation10Septembre et le boss des Insoumis appelle lui a "faire tomber le gouvernement".
"Ce mouvement est né parce qu'on en a marre", pouvait-on lire sur le site internet mobilisation10septembre, désormais inaccessible. "Marre de voir Bayrou détruire ce qu'il reste de justice et de solidarité. Assez des coupes, assez des sacrifices toujours imposés aux mêmes, assez de l’austérité qui écrase les gens pendant que les puissants continuent tranquilles." Un appel à la mobilisation générale qui rappelle les débuts du mouvement des Gilets jaunes en 2018 contre l'augmentation du prix de l'essence.
Lundi 25 août, la députée LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain, assure être "favorable à la grève générale, bien sûr, mais vous savez, ça ne se décrète pas, ce sont les Françaises et les Français qui vont décider jusqu'où ils vont bloquer", explique-t-elle sur RTL. "Mon objectif de rentrée, c'est de construire une issue politique. Parce qu'il ne suffit pas de manifester, il ne suffit pas de censurer, il faut encore que la gauche soit en ordre de marche pour proposer aux Français une issue", poursuit-elle.
La gauche au soutien du mouvement
Jean-Luc Mélenchon a donc appelé à censurer François Bayrou, dans un texte paru dans La Tribune Dimanche, le 17 août. "Nous ne laisserons pas faire (...) que l'Assemblée nationale soit réunie au plus vite en session extraordinaire", a-t-il lancé. "Nous déposerons immédiatement une motion de censure pour faire tomber le gouvernement", préviennent les signataires de la tribune, selon qui "ce gouvernement est incapable d'entendre raison" et "prépare la rentrée avec un projet de budget dévastateur". Plusieurs responsables LFI se sont joints à cet appel du multiple candidat à la présidentielle, tout comme le secrétaire général du PS Pierre Jouvet qui dit vouloir une "censure directe et immédiate".
Les insoumis demandent "à tous ceux qui partagent (leurs) principes et (leur) volonté d'action pour en finir avec le gouvernement Bayrou de se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et à tout faire pour sa réussite". Un appel écouté par les partis de gauche, notamment le Parti Communiste, dont le porte-parole Léon Deffontaines a indiqué à l'AFP être "partie prenante" du mouvement. La patronne des Écologistes, Marine Tondelier a aussi appelé à soutenir cette mobilisation et celles à venir des syndicats, tout en refusant toute récupération politique. Le secrétaire général du PS Pierre Jouvet s'est également positionné "en soutien" du mouvement, mercredi 20 août. Les unitaires (ex-LFI) ont déjà appelé à faire du 10 septembre "le début de la lutte" pour "une vie digne et heureuse".
Les syndicats en ordre dispersé
Opposés au budget 2026 de François Bayrou, les syndicats ne sont eux, pas forcément d’accord sur les actions à mener à la rentrée. Une intersyndicale est prévue le 1er septembre. La CGT, la CFDT, FO, la CFE-CGC et la CFTC en feront partie "pour examiner les moyens de réagir pour contrer ce nouvel accès de brutalité envers la société et le monde du travail", expliquent-ils un communiqué commun publié le 9 août dernier. "Pour l’instant, le mouvement du 10 septembre est assez nébuleux. On ne sait pas vraiment qui en est à l’initiative. Qui appelle ? Sur quelle base ? Il n’y a pas de rejet de principe, mais nous devons nous organiser", explique Christophe Delecourt, secrétaire général de l’UFSE-CGT, chez 20Minutes.
Jean-Luc Mélenchon parlait de grève générale, Sud-Rail a déjà annoncé une mobilisation pour le 10 septembre prochain. Ce lundi 25 août, l'Union syndicale lycéenne (USL) - premier syndicat lycéen - a toutefois appelé au blocus des établissements le 10 septembre prochain, selon BFMTV. "Dans les lycées, l'Union syndicale lycéenne appelle au blocage des établissements pour construire la mobilisation dans la durée, contre une politique austéritaire et destructrice pour l'éducation que nous combattons de longue date", indique le communiqué. L'appel à la mobilisation ne concerne d'ailleurs pas uniquement la date citée, l'USL ajoute qu'il porte "à partir" de cette date "et ensuite".
Selon un sondage Toluna-Harris Interactive pour RTL, publié vendredi 22 août, le mouvement de blocage du 10 septembre est soutenu par une majorité de Français. Sur les 1214 personnes interrogées, 63% disent adhérer au mouvement. Dans le détail, les soutiens des Écologistes sont les plus favorables au blocage (80 %), devant ceux de La France insoumise (79 %), et ceux du Rassemblement national (77 %). Le mouvement, qui a débuté après l'annonce par François Bayrou de mesures d'économies pour le budget 2026, veut dénoncer le projet du gouvernement. Selon le sondage publié par RTL, 70% des personnes interrogées se disent favorables "au fait qu'il y ait des manifestations pour protester contre le budget du gouvernement". Elles sont 38% à y être tout à fait favorables et 32% se disent plutôt favorables. Toutefois, seuls 58% des Français sont favorables à "bloquer le pays" le 10 septembre.
Jour-J : la carte des mobilisations du 10 septembre 2025
Les modes d'action rappellent fortement ceux des Gilets jaunes, nés en novembre 2018 contre la hausse du prix des carburants. Même logique de blocages, même appel à une mobilisation hors des structures syndicales. Pour l'instant, aucun signe distinctif n'est annoncé, contrairement au fameux gilet fluorescent de 2018. "Bloquons tout, ça veut dire des manifestations, des blocages de supermarchés ou de stations-service", expliquent plusieurs internautes sur X. Confinement volontaire, boycott des paiements par carte bancaire... Rien n'est assuré, mais plusieurs idées fleurissent sur les réseaux sociaux pour se faire entendre.
Le collectif à l'initiative du mouvement a déjà publié une carte des rassemblements et blocages sur son site internet. Des actions sont prévues le 10 septembre dans de nombreuses villes de France : Amiens, Angers, Avignon, Besançon, Bordeaux, Brest, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Le Mans, Lille, Limoges, Lyon, Marseille, Metz, Montpellier, Nancy, Nice, Orléans, Pau, Poitiers, Reims, Rennes, Strasbourg, Toulouse, Troyes, Valenciennes. Des blocages stratégiques sont aussi programmés, notamment au Port du Havre et des Raffineries en Ile-de-France. Pour autant, aucun blocage de rond-point, cœur des mobilisations des gilets jaunes, n'a été annoncé pour l'instant. Attention, Christophe Delecourt - secrétaire général de l’UFSE-CGT - l'affirme dans les colonnes de 20Minutes : "Le 10 ne sera qu’un point d’étape", il faut donc s'attendre à d'autres appels à la mobilisation avant la fin de l'année, peut-être même dès les prochaines semaines en septembre.
L'origine du mouvement citoyen
Le mouvement du 10 septembre se veut depuis son lancement, apolitique et indépendant des syndicats, pourtant, il est diffusé par d’anciens Gilets jaunes, comme Anaïs Albertini, ainsi que par des comptes d’extrême droite et de la fachosphère. Libération note justement que les 28 premiers abonnements du compte X du collectif incluent plusieurs figures de la sphère complotiste et identitaire, dont le site pro-Kremlin "Nice Provence info". Le collectif appelle alors à un "arrêt total du pays" à partir du 10 septembre 2025, une action qu'il veut "pacifique pour dénoncer les injustices et reprendre le pouvoir collectivement". Les organisateurs, qui souhaitent rester anonymes, annoncent trois "modes d'action". D'abord, un boycott : cesser les achats dans les grandes surfaces, retirer son argent des banques, limiter la consommation (essence, fast-fashion…), et arrêter de travailler si possible (congés, arrêts maladie…)
"Après le boycott, vient la désobéissance", décrient-ils sur leur site. Le mouvement appelle à un "refus collectif de remplir certaines obligations" (déclaration, formulaire), à la "rétention ou ralentissement volontaire dans les services publics", mais aussi à "l'occupation pacifique de lieux symboliques (préfecture, mairies, antenne CAF)" ou encore "blocages ciblés" de routes ou de dépôts logistiques. "À partir du 10 septembre, on entre en résistance civique". Seulement, "ce mouvement ne tiendra que si on se soutient les uns les autres", d'après les organisateurs. Alors, ils appellent à la "solidarité citoyenne" à travers la création des caisses de grève et de soutien local, l'organisation de repas partagés ou encore l'ouverture d'espaces de discussion et de coordination dans chaque quartier et village, et le partage des savoirs.
14:25 - Le principal syndicat lycéen appelle au blocus des lycées
Ce lundi 25 août, l'Union syndicale lycéenne (USL) - premier syndicat lycéen - a appelé au blocus des établissements le 10 septembre prochain, selon BFMTV. "Dans les lycées, l'Union syndicale lycéenne appelle au blocage des établissements pour construire la mobilisation dans la durée, contre une politique austéritaire et destructrice pour l'éducation que nous combattons de longue date", indique le communiqué. L'appel à la mobilisation ne concerne d'ailleurs pas uniquement la date citée, l'USL ajoute qu'il porte "à partir" de cette date "et ensuite".
"Les lycéens ont toute la légitimité à se mobiliser contre une politique qui détruit leur quotidien, leurs conditions d'études et leur avenir (...) Parcoursup, nos emplois du temps, toutes ces questions déjà en débat sont liées aux choix d'austérité menés par Macron et donc intrinsèquement remis en cause aujourd'hui", estime le syndicat.
13:04 - Un préavis de grève déjà déposé par les syndicats de l'AP-HP
Quatre syndicats de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), CGT, FO, CFTC et UNSA, se mobilisent ce lundi 25 août contre le plan d'économies annoncé par François Bayrou. Des grèves sont prévues dans les 38 hôpitaux de l'AP-HP, un préavis a été déposé ce lundi. "On nous doit déjà plus de deux millions d'heures non payées. Le personnel ne prend pas tous ses jours de repos. Cet été les soignants n'ont pas pris plus de 15 jours", déplore Nathalie Marchand, secrétaire générale de la CGT de l'AP-HP, auprès de Ici Paris Ile-de-France. "Le personnel est tellement fatigué qu'il survit. On fait ce qu'on peut. On est presque soumis" explique-t-elle au micro de France Inter.
10:48 - Les initiateurs du mouvement opposés aux soutiens syndicaux et politiques
Selon un des initiateurs du mouvement du 10 septembre, le mouvement ne peut fonctionner que sans les syndicats et les partis politiques. "Que des partis politiques décident de s'approprier le 10 septembre, il n'y a pas de problème. Mais l'une de nos revendications phares, c'est la dissolution des partis politiques et des syndicats. Pour nous, ce sont des structures qui servent à diviser et qui ne représentent pas grand-chose", explique Julien Marissiaux, pour France Info. "J'ai déjà commencé à afficher partout où je peux. Il n'y a aucun logo politique ou syndical !", abonde de son côté Gilles, en Meurthe-et-Moselle. "Ou vous manifestez avec nous et vous êtes blancs comme tout le peuple, ou vous dégagez et vous allez manifester ailleurs", lance-t-il.
10:27 - "C'est aux syndicats de convoquer leurs troupes", estime LFI
Au sujet du blocage du 10 septembre et de l'appel à la grève générale de Jean-Luc Mélenchon, la vice-présidente de l'Assemblée nationale et députée LFI du Val-de-Marne, Clémence Guetté, indique qu'il s'agit de "bloquer le pays parce que le seul rapport de force que peuvent comprendre les macronistes aujourd'hui, et le président de la République en premier, c'est le rapport de force économique. Il faut leur montrer que cette inégalité du partage des richesses, ça n'est pas possible", lance-t-elle sur France 2, ce lundi.
"Qui produit la richesse de ce pays ? Ce sont les travailleurs. Donc ce mercredi-là, nous disons, c'est aux syndicats de le faire, de convoquer évidemment leurs troupes, de leur dire de se mobiliser, mais nous leur disons, venez en appui de cette riposte populaire qui s'organise, c'est un mouvement spontané", poursuit-elle.
22/08/25 - 22:45 - 58% des Français sont favorables à "bloquer le pays" le 10 septembre
Selon un sondage Toluna - Harris Interactive pour RTL publié vendredi 22 août, 63% des Français interrogés disent adhérer au mouvement pour bloquer le pays le 10 septembre, 26% des sondés y sont opposés et 11% y sont indifférents. Ce mouvement dénonce le projet du gouvernement pour le budget 2026, qui veut faire plus de 43 milliards d'économies. Si une grande majorité des Français soutient l'initiative, ils sont 58% à vouloir "bloquer le pays" le 10 septembre (35% y sont tout à fait favorables et 23% y sont plutôt favorables). Enfin, 68 % des interrogés se prononcent pour "une censure à l'Assemblée nationale" de François Bayrou.
22/08/25 - 20:10 - 70% des Français favorables aux manifestations "contre le budget" le 10 septembre
Sur les réseaux sociaux, des appels à "tout bloquer" en France se multiplient pour contrer le projet de budget de François Bayrou et pour dénoncer les économies présentées par le Premier ministre. Selon un sondage Toluna - Harris Interactive pour RTL, une majorité de Français soutient le mouvement de blocage du 10 septembre. Au total, sur les 1 214 personnes interrogées entre le 20 et 21 août, 70% se disent favorables "au fait qu'il y ait des manifestations pour protester contre le budget du gouvernement".
21/08/25 - 11:20 - Après LFI, l’ensemble de la gauche soutient à son tour le mouvement
Dans une tribune publiée le 17 août dans La Tribune Dimanche, Jean-Luc Mélenchon a appelé à censurer François Bayrou et annoncé que LFI a "décidé de soutenir l'initiative populaire du 10 septembre". Les insoumis demandent "à tous ceux qui partagent (leurs) principes et (leur) volonté d'action pour en finir avec le gouvernement Bayrou de se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et à tout faire pour sa réussite".
L’appel a trouvé un écho auprès des autres partis de gauche : le PCF, par la voix de Léon Deffontaines, s’est dit "partie prenante" du mouvement. La patronne des Écologistes, Marine Tondelier a aussi appelé à soutenir cette mobilisation et celles à venir des syndicats, tout en refusant toute récupération politique. Le secrétaire général du PS Pierre Jouvet s'est également positionné "en soutien" du mouvement ce mercredi 20 août. Les unitaires (ex-LFI) ont déjà appelé à faire du 10 septembre "le début de la lutte" pour "une vie digne et heureuse".
19/08/25 - 11:15 - Les syndicats en ordre dispersé
Si les syndicats ont dit leur opposition au projet de budget de François Bayrou pour 2026, ils ne sont pas vraiment en ordre de marche derrière cet appel à bloquer le pays le 10 septembre prochain. Actions communes, individuelles, appels à la grève... Rien n'est encore déterminé. Seule une pétition a été lancée fin juillet, intitulée "budget : les sacrifices pour le monde du travail, ça suffit". Elle a recueilli 330 000 signatures. Certains syndicats - la CGT Energie ou Chimie - ont pris les devants en déposant des préavis de grève. Quid de la CDFT, premier syndicat français et plutôt adepte de la négociation ? Il organise une université d'été le 26 août, François Bayrou est justement convié.