Ryanair compte supprimer des milliers de vols partout en France et dire adieu à 25 lignes
Face à la flambée des taxes, Ryanair riposte. La compagnie low-cost a annoncé le mercredi 30 juillet dans un communiqué qu'elle allait fortement réduire ses activités en France à partir de cet hiver. En cause : l'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avion, passée de 2,63 à 7,40 euros depuis le 1er mars pour les vols intérieurs et européens. Soit une hausse de 180 %, inscrite dans le budget 2025 pour rapporter 800 millions d'euros à l'État.
"Cette taxe astronomique rend la France moins compétitive par rapport à d'autres pays de l'UE comme l'Irlande, l'Espagne ou la Pologne, qui n'imposent aucune taxe aérienne" affirme l'entreprise. La Suède, la Hongrie et certaines régions d'Italie ont supprimé les taxes "pour stimuler le trafic, le tourisme, l'emploi et la reprise économique" rappelle la compagnie aérienne.
En réponse à cette taxe, Ryanair a annoncé "l'arrêt de ses opérations" dans trois aéroports français : celui de Bergerac (Dordogne), Strasbourg (Bas-Rhin) et Brive (Corrèze) d'où elle desservait l'Écosse ou le Portugal. Des mesures qui ne sont qu'un début puisque la compagnie prévoit de réduire de 13 % sa capacité dans le pays, ce qui signifie la suppression de 750.000 sièges. Cette baisse sera particulièrement marquée dans les aéroports régionaux (-27 %), mais touchera aussi Marseille (-9 %), Paris-Beauvais (-8 %) et Toulouse (-4 %). Par ailleurs, 25 lignes seront supprimées, dont celle entre Tours et Londres. "Cette perte de connectivité, entièrement évitable, sera désastreuse pour la connectivité régionale française, l'emploi et le tourisme".
D'autres lignes non rentables supprimées ?
Une décision qui intervient alors que la compagnie a multiplié les mises en garde face à l'augmentation de la taxe, qui rendrait de nombreuses liaisons vers la France non rentables. En février, son dirigeant Michael O'Leary menaçait de réduire ses activités en France si la taxe de solidarité était maintenue. Peu après, Ryanair supprimait deux lignes reliant l'aéroport de Vatry (Marne) à Porto et Marrakech, dénonçant une politique fiscale "à courte vue".
Aujourd'hui, la compagnie met à nouveau la pression sur le gouvernement français : "Sans action urgente, la France risque de perdre encore plus de capacité et d'investissements au profit de marchés plus compétitifs à l'horizon de l'été 2026, laissant ses aéroports régionaux à moitié vides", alerte Ryanair. Si la taxe est supprimée, l'entreprise promet "une croissance ambitieuse en France dans les années à venir" avec un investissement de 2,5 milliards de dollars dans le pays (25 nouveaux avions), un doublement de son trafic à 30 millions de passagers par an, et la création de 750 emplois supplémentaires en région.
La situation de trafic aérien est "inacceptable" en France selon le Chief Commercial Officer de Ryanair, Jason McGuinness. Il est encore inférieur aux niveaux d'avant-Covid "à cause de taxes et de frais de sûreté excessifs imposés par le gouvernement" qui rendent de nombreuses lignes régionales françaises non rentables, notamment en hiver. Au lendemain de cette annonce, la ministre française du Tourisme Nathalie Delattre a affirmé sur TF1 être "aux côtés du ministre des Transport Philippe Tabarot" pour supprimer cette taxe.
"Il n'en reste pas moins que Ryanair a un plan de suppression depuis un moment et profite parfois de ce type d'effet pour réduire la voilure", a-t-elle ajouté. La ministre estime qu'il "y a un problème avec cette taxe" et reconnait que "sur le low cost, cela peut se comprendre encore plus : quand vous faites un aller-retour, 15 euros sur un low cost ça peut faire une différence". "Cette taxe est de nature à ralentir le trafic aérien", a-t-elle affirmé.