Renault : l'Espace visé, les normes pollution largement dépassées [dernières infos]

Renault : l'Espace visé, les normes pollution largement dépassées [dernières infos] Le gouvernement vient à la rescousse de Renault et confirme l'absence de fraude. Mais le constructeur est bien hors des clous avec des dépassements importants des normes d'émissions de CO2 et d'oxydes d'azote. La dernière version de l'Espace est visée.

[Mis à jour le 15 janvier à 11h59] Renault va-t-il être contraint d'opérer un rappel de certains de ses véhicules les plus récents ? Au lendemain de la tempête qui a secoué le géant français après la révélation de perquisitions menées par la répression des fraudes puis l'annonce de dépassements de normes anti-pollution, Renault cherche à éteindre l'incendie. Il peut compter pour cela sur le gouvernement, venu au soutien. Si le ministère de l'Ecologie a confirmé que des modèles de Renault dépassaient les normes de pollution au CO2 et d'oxydes d'azote (NOX), Ségolène Royal a tenu à préciser qu'aucune fraude n'avait été décelée. Comment l'expliquer ? Concrètement, Renault passe les tests d'homologation en laboratoires. Ces véhicules entrent alors dans les normes et sont validés, le tout sans dispositif de truquage comme pouvait l'être le fameux logiciel espion qui a mené à l'explosion du scandale Volkswagen à l'automne 2015. Mais, en dehors des conditions très précises et restrictives des tests d'homologation, les émissions de polluants s'envolent ! Selon une source proche du dossier citée par la radio France Inter, les émissions sur les véhicules PSA seraient deux fois plus importantes en conditions réelles qu'en test, un écart contenu et jugé plutôt bon. Pour Volkswagen, lourdement incriminé, ce serait trois à quatre fois plus... Et l'addition serait encore bien plus salée chez Renault ! France Info évoquait vendredi des dépassements de cinq à dix fois la normes de CO2 et d'oxydes d'azote sur l'un des véhicules phares du groupe, le dernier Renault Espace 5, considéré comme le fleuron de Renault, son véhicule étendard incarnant le haut de gamme prôné par la marque au losange. En décembre 2015, Renault avait justement été visé par une ONG allemande qui pointait du doigt les émissions élevées de gaz polluants (NOX) sur les nouveaux Renault Espace 5 équipés de moteurs diesel.

Alors, que risque Renault ? Réglementairement pas grand chose puisque ses véhicules sont bien homologués suivant les procédures actuelles. La modification des tests et l'entrée d'une nouvelle certification pour 2017 devraient toutefois obliger le constructeur à améliorer ses performances. Ces révélations interviennent peu après l'annonce par Renault d'un vaste plan d'investissements portant sur les émissions polluantes et visant à réduire l'écart constaté entre les résultats des tests d'homologation et ceux en situation réelle de conduite. Le coût de ce plan est estimé à 50 millions d'euros. Le constructeur devrait accélerer la mise en place de ce plan comme l'arrivée de moteurs de nouvelle génération moyennant un investissement de 1,2 milliard d'euros. Prévu sur une période de cinq ans, cet effort pourrait être du coup fait en trois ans seulement. La principale modification devrait être celle menant à l'ajout d'un système dit SCR (réduction catalytique sélective), plus efficace pour réduire les émissions de dioxydes d'azote (NOX) mais bien plus coûteux que le piège à NOX prôné jusque-là par Renault. La marque française imiterait ainsi PSA qui a préféré le SCR et qui se retrouve aujourd'hui parmi les bons élèves après les tests menés. PSA,qui regroupe Peugeot, Citroën et DS, n'a pas tardé à réagir jeudi, niant toute perquisition sur ses sites, assurant que les conclusions de la commission technique attestent de l'absence de toute anomalie sur ses véhicules et confirment l'efficacité des solutions technologiques installés sur les voitures diesel du groupe. Comprenez l'efficacité du SCR...

Renault devra donc réagir vite. C'est aussi et surtout une question d'image. La marque devra rapidement lever les doutes et éviter de se retrouver mis dans le même sac que Volkswagen. Le gouvernement, fortement lié à Renault (en terme d'emploi mais aussi d'actionnariat puisque l'Etat avait intensifié sa participation au capital du groupe), devrait être son allié. Jeudi, la première annonce intervenue à 11h30 via une depêche AFP informant des perquisitions a suffi à faire dévisser l'action Renault. Celle-ci s'est effondré à la bourse de Paris ce jeudi (-18% à midi, -15% à 13h30, -10% à à la clôture). Les visites des agents de la répression des fraudes auraient en tout cas eu lieu début janvier et sont restées secrètes jusqu'à la publication d'un tract de la CGT provenant d'un des sites du géant de l'automobile, à Lardy dans l'Essonne. Renault a confirmé la visite d'enquêteurs sur plusieurs sites : Lardy qui abrite un centre d'ingénierie, le siège du groupe basé à Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine et le QG technique, appelé "technocentre" basé à Guyancourt dans les Yvelines. Renault assure avoir coopéré pleinement avec ces agents. Selon la CGT, les perquisitions visaient des secteurs clés, notamment "l'homologation et la mise au point des contrôles moteurs". De quoi directement inquiéter les marchés, les investisseurs faisant rapidement le lien avec les conditions de l'explosion du scandale Volkswagen. Vendredi, Renault semblait retrouver du poil de la bête même si l'action tendait encore à tomber (-2% à midi).