Quand l'auteur se dévoile !

A l'occasion de sa venue sur le plateau de L'Internaute Magazine en 2005 et en 2008, les lecteurs lui ont posé des questions sur lui et sur son rôle d'écrivain. Un bon moyen de pénétrer aussi dans l'intimité de l'auteur.

'j'ai toujours été attiré par le genre polar.'
"J'ai toujours été attiré par le genre Polar." © Cécile Debise / L'Internaute Magazine

Etes-vous plutôt Ian Pears ou Dan Brown ?

Olivier Delorme : Résolument Ian Pears... mais plus encore Umberto Eco ou... Dumas et Anatole France, un auteur injustement oublié, iconoclaste et drôle !


L'écriture d'un polar est-il nouveau pour vous ?

Olivier Delorme : J'ai toujours été attiré par le genre. Dans mon deuxième roman, Le Plongeon, il y avait déjà une fausse intrigue policière. Mais cette fois j'ai joué le jeu plus sincèrement en bâtissant un vrai suspense. Et c'est jouissif ! Surtout quand les lecteurs vous disent que ça marche, qu'ils n'ont pu lever le nez de votre bouquin après s'y être plongés. Aussi ai-je la ferme intention de continuer, parce que j'y prends du plaisir et parce que je crois que c'est un bon moyen de dire des choses sur la société contemporaine sans être ennuyeux et pontifiant.

"C'est un bon moyen de dire des choses sur la société contemporaine sans être ennuyeux et pontifiant. "


Vous positionnez vous comme auteur ou comme auteur gay ?

Olivier Delorme : C'est compliqué et biaisé à la fois. Je suis d'abord un auteur et ce que j'écris s'adresse à tous... Comme, avant moi, Gide, Cocteau, Yourcenar, Roger Stéphane (lisez son livre Parce que c'était lui, pas seulement parce que je le préface. Il sort en janvier en poche H&O) et tant d'autres. Mais en même temps, on écrit avant tout à partir de ce qu'on est. Et je suis gay.


Dans le monde tel qu'il est, où nous avons la liberté, mais où il y a à la fois Benoît XVI et un régime iranien qui pend des jeunes gens parce qu'ils sont homosexuels, j'ai la responsabilité, je crois, de ne pas le dissimuler comme a pu le faire Proust. Il faut écrire avec sincérité.

"On écrit avant tout à partir de ce qu'on est."

Cela ne signifie pas que je me définisse avant tout comme gay... mais je suis d'autres choses et gay. Cette dimension-là est donc forcément présente dans mes romans. Ce que j'essaye de dire dans mes livres, là-dessus, c'est que l'homosexualité en littérature peut être autre chose que la traditionnelle malédiction, que la provocation systématique à la "Dustan" (qui ne provoque plus rien ni personne), ou qu'un certaine "homosexualité de salon".


On peut concilier l'amour et le libertinage, gay ou non, mais l'homophobie continue à sévir et à tuer. Ce message-là s'adresse à tous, qu'ils soient gays ou non...

Les deux ans que vous avez passé sur une petite île grecque, étaient-ce deux ans de "méditation" ?

Olivier Delorme : Deux ans de bonheur ! Si je pouvais y retourner, je le ferai demain.... Une petite maison, un poêle à bois, un village de quarante habitants, des vapeurs de soufre venant du volcan et devant moi, la pente couverte d'oliviers, d'amandiers, d'asphodèles en février et de bleuets en mai, la mer et au loin les côtes turques.


J'avais peur en partant de m'ennuyer très vite. Pas une minute ce ne fut le cas : entre mes disques et l'écriture, ces deux années-là furent les plus riches de ma vie. Celles où j'ai le plus écrit et où je suis passé d'un âge à un autre : des conditions idéales pour... grandir ou mûrir, comme on veut !

'mais il est vrai que, pour l'instant, ce genre littéraire m'amuse beaucoup.'
"Mais il est vrai que, pour l'instant, ce genre littéraire m'amuse beaucoup." © L'Internaute Magazine / Marie Bruggeman

Vous n'avez pas envie de changer de style d'écriture? Vous lancer dans le chick-lit, par exemple ?

Olivier Delorme : Je suis un classique. Irrémédiablement, je le crains. Je ne sais pas si je continuerai encore longtemps dans la même veine. D'autres projets que le thriller me travaille : j'aimerais faire un jour (très immodestement) mes Mémoires d'Hadrien, un petit roman très caustique sur le monde littéraire...

Mais il est vrai que, pour l'instant, ce genre littéraire-là m'amuse beaucoup. Et puis, il me permet de surprendre le lecteur et de l'entraîner sur des terrains qu'il n'attend pas.

Les lecteurs pourraient être effrayés par un livre sur le handicap, mais en lisant L'Or d'Alexandre, à travers une histoire, ils sont amenés à se poser des questions là-dessus...