Les personnages

'je suis un peu tous mes personnages, mais je n'ai pas de double.'
"Je suis un peu tous mes personnages, mais je n'ai pas de double." © L'Internaute Magazine / Marie Bruggeman

Pouvez-vous nous décrire vos personnages ?

Olivier Delorme : Cinq ont un rôle essentiel. Il y a la conservatrice du Louvre qui est arrêtée parce qu'on la soupçonne d'avoir organisé un trafic de tableaux : des pièces que le Louvre a prêtées pour des expos à l'étranger sont revenues sous la forme de faux. Et la chose a été fortuitement découverte quelques années plus tard. Les deux personnages centraux, sont un couple de garçons : l'un est archéologue... son copain le surnomme Indy ! L'autre est un ancien chef de chantier devenu tétraplégique après un accident de moto.

Ces deux garçons sont les plus proches amis de Marion la conservatrice, et également d'une prof grecque d'histoire ancienne qui vient d'être assassinée, selon un mode étrange, au cours d'un colloque à la Sorbonne.

Le quatrième personnage important est Malika Cherfi, l'auxiliaire de vie de Philippe, le garçon handicapé. C'est en quelque sorte le troisième membre indispensable du couple qu'il forme avec son copain Stéphane.

Enfin, le dernier personnage est un drôle de commissaire de police philosophe.

Dans votre livre La Quatrième Révélation, les prénoms de vos personnages avaient une signification. Est-ce le cas pour ceux de votre nouveau roman ? Et entre les deux enquêteurs Stéphane et Philippe, lequel vous ressemble le plus ?

Olivier Delorme : Madame Bovary,  c'est moi. Stéphane, Philippe, mais aussi le commissaire, Marion, Malika... Je suis un peu dans tous mes personnages, mais je n'ai pas de double. Stéphane est proche de ce que j'imagine que je serais devenu si j'étais l'archéologue que je voulais être à vingt ans ; Philippe de ce que je pourrais être si j'étais dans un fauteuil, il boursicote pour les mêmes raisons que j'ai essayé de le faire ; tous deux, ils " fonctionnent " en couple d'une manière qui rappelle à nos proches la manière que mon compagnon et moi nous avons d'être ensemble ; je suis aussi sceptique que Chevêche ; j'admire, comme Marion, cette Rose Valland qui, seule, se mit en travers du système de pillage nazi des œuvres d'art ; j'adore, comme Malika, donner du bonheur en cuisinant pour ceux que j'aime.

"Mais malgré son handicap, c'est bien Philippe, par sa personnalité, la force de son esprit malgré la défaillance du corps, qui est le vrai moteur de ce livre."

De la même façon que La Quatrième Révélation était pour moi centré autour du message que l'Hermès des Grecs peut avoir d'actuel, c'est autour de la supériorité de l'intelligence sur la force brute que représente Athéna qu'est construit L'Or d'Alexandre. Athéna c'est pour moi le combat pour l'intelligence et l'intelligence au combat : la prof assassinée se prénomme Athina ; le commissaire se nomme Olivier (l'arbre d'Athéna) Chevêche (l'oiseau d'Athéna) ; quant à Stéphane (le couronné, en grec), il porte le nom de Niquet.  Nikè est la divinité, associée ou confondue avec Athéna, qui donne la victoire et dépose une couronne sur le front du vainqueur. Philippe (en grec "qui aime les chevaux") a eu un accident de moto qui le contraint, depuis, à faire corps avec une autre sorte de "monture". Mais malgré son handicap, c'est bien lui, par sa personnalité, la force de son esprit et malgré la défaillance du corps, qui est le vrai "moteur " de ce livre. Et il est le dernier héritier du nom de sa lignée paternelle, les Pallas de Roquessels. Pallas est un des autres noms les plus courants d'Athéna.

Quant au "côté obscur de la Force", le nom pris par la terrible mère de Philippe lors de son second mariage, celui de son demi-frère ministre, c'est Prendieu-Legal. Prendre est le contraire de donner et Legal une marque de café : jeu de mots, qui sait. Dans le même registre, le président de la République s'appelle Brassov, du nom d'une ville de Transylvanie roumaine. Mais qui fut autrefois... hongroise. Enfin, les "méchants" se nomment Feuquières, comme le village de Picardie où j'ai enseigné l'histoire durant une année cauchemardesque (1983-84) de ma vie, ou bien encore Gorgovac, c'est la tête de la Gorgone Méduse, tranchée par Persée, qui orne le bouclier d'Athéna.