Un livre plein de symboles ?

je suis sans doute plus agnostique qu'athée.
Je suis sans doute plus agnostique qu'athée. © Cécile Debise / L'Internaute Magazine

Etes-vous croyant ? Ou ce livre est-il la manifestation d'un athéisme convaincu ?
Olivier Delorme : J'ai été élevé dans une famille catholique. J'ai longtemps cru et travaillé comme historien sur les débuts du christianisme et sur les questions touchant à l'histoire de l'Eglise (j'avais le Bas Empire romain et "Réforme et contre-Réforme" à mon programme d'agrégation d'histoire). Mais très vite le monothéisme m'est apparu un peu comme une monstruosité, la mère de tous les totalitarismes.

Mon troisième roman, Le Château du silence, évoque la Gnose (et si Dieu était mauvais?). Celui-ci remonte à l'âge où le polythéisme grec a engendré la démocratie et la liberté de philosopher. Aujourd'hui, je ne suis plus croyant, mais pas si sûr d'être athée. J'admire et je suis avec attention le travail de Michel Onfray depuis quinze ans. J'ai été heureux, en lisant très récemment son Traité d'athéologie de voir que nous disions les mêmes choses - dans des formes très différentes - sur Saint Paul. Je suis un adepte convaincu de ce qu'il appelle l'hédonisme solaire... Je parle de l'école de Cyrène et de l'épicurisme dans La Quatrième Révélation... Quant aux fins dernières ? Je suis sans doute plus agnostique qu'athée. Pas certain qu'il n'y ait rien... Mais ici-bas, résolument plus attiré par la sagesse de l'Odyssée que par les leçons de la Bible, par l'humanité et les contradictions des dieux grecs que par le masochisme chrétien, et par la liberté de philosopher que par la foi et les louanges.

"C'est un livre, qui, comme les précédents, est animé par une profonde conviction issue des Lumières et des combats républicains depuis 1789."

Votre roman sert-il une cause politique ? Laquelle ?

Olivier Delorme : Une cause politique ? Non. Une vision de ce que doit être, pour moi, la politique et qu'elle n'est plus : oui. Ce n'est pas un livre partisan. C'est un livre, qui, comme les précédents, est animé par une profonde conviction issue des Lumières et des combats républicains depuis 1789.

Ce que je déplore, à travers l'intrigue politique du bouquin, c'est la transformation de la chose publique en enjeu de rivalités personnelles, de conflits de pouvoir vides de contenu, sa confiscation par une véritable Nomenklatura qui la considère comme SA chose, et qui se considère comme au-dessus des lois.


En ce sens-là, mon roman est politique, comme L'Histoire contemporaine d'Anatole France pouvait l'être lorsqu'il écrivait sur la France de l'affaire Dreyfus, ou Dumas sur celle de la Restauration dans Le Comte de Monte-Cristo. C'est la raison pour laquelle j'ai appelé mon juge Bergeret (en hommage au personnage d'Anatole France) et qu'on retrouvera des personnages politiques portant le même nom que des personnages du Comte de Monte-Cristo.