La partie grecque du roman

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"Cette civilisation a inventé la philosophie, l'histoire, la démocratie, le théâtre, l'artiste comme individu..." © L'Internaute Magazine / Marie Bruggeman

Une partie de l'action se déroule en Grèce. Comment les scènes qui s'y déroulent vous ont-elles été insiprées ?

Olivier Delorme : La Grèce est au centre de tous mes livres parce que la Grèce est au centre de ma vie. Les deux ans que j'ai passés sur la petite île de Nisyros où je vais retourner vivre plusieurs mois dès l'année qui vient, constituent une expérience qui m'a profondément transformé. J'avais écrit mon premier roman à Paris, mais c'est là-bas que je suis devenu écrivain et je n'écris là-bas comme nulle part ailleurs. Le départ là-bas a été le début d'une nouvelle vie, totalement occupée par l'écriture ; le retour a été un arrachement incroyablement douloureux.

"Delphes est pour moi un des deux ou trois plus beaux lieux de la terre."

Cette fois-ci, la vie insulaire est moins présente que dans mes autres romans. C'est Thessalonique, Delphes, le cœur de la Grèce centrale qui servent de toile de fond à la partie grecque du roman. Delphes est pour moi un des deux ou trois plus beaux lieux de la terre. Un lieu où je me sens totalement bien. Serein. La Grèce de L'Or d'Alexandre est une Grèce moins charnelle, moins quotidienne que celle de mes précédents livres. C'est une Grèce plus philosophique, celle qui, par-delà les siècles, aujourd'hui plus que jamais, à des choses à nous dire sur l'homme et le bonheur qui nous donne des leçons diamétralement opposées à celles du monothéisme, à l'intolérance, à l'actuel et tragique retour du religieux dans la cité.

"La Grèce a aujourd'hui encore beaucoup à nous apprendre."

Qu'est-ce qui vous passionne dans l'histoire de la Grèce ?

Olivier Delorme : La liberté ! Cette civilisation a inventé la philosophie, l'histoire, la démocratie, le théâtre, l'artiste comme individu (avant les créateurs sont des artisans au service d'un prince dont personne ne connait le nom), et tant d'autres choses... Elle est aussi pour l'homosexuel que je suis, une civilisation dans laquelle les rapports amoureux sont indistinctement dirigés vers l'un ou l'autre sexe. Bref, c'est une école de liberté.

Ensuite arrive le christianisme, saint Paul qui dit essentiellement deux choses : il y a une Vérité unique révélée par un dieu unique et quiconque ne croit pas à cela est damné ; l'ordre sur terre est le reflet de l'ordre divin, donc chacun est sa place: comme il y a un Dieu, il y a un chef désigné par ce Dieu et il faut lui obéir, sans restriction mentale.

A la liberté est substituée l'obéissance, à la démocratie le droit divin, à la liberté de mœurs une morale sexuelle qui envoie pour 2000 ans les pédés au bûcher, à la philosophie est substituée la croyance et le commentaire des écritures saintes...

Bref, je pense que, dans la crise de la démocratie que nous connaissons, la Grèce a aujourd'hui encore beaucoup à nous apprendre.