"Nous resterons sur terre", le projet

L'Internaute : Comment ce projet est-il né ?
Cédric Delsaux : Au départ, il s'agit d'un film. Olivier Bourgeois, le réalisateur, est venu me voir pour me proposer de travailler sur des séries déjà commencées et, grâce au film, de les poursuivre. L'opportunité était de profiter de l'équipe du film et des autorisations du film, souvent assez compliquées à obtenir, pour prendre des photos. En Amazonie par exemple, le terrain nous avait été préparé, les indigènes ont été prévenus une dizaine de jours à l'avance qu'une équipe de "blancs" allait arriver pour filmer et photographier telle ou telle chose.
En fait, je me suis rendu compte que je souhaitais débuter une nouvelle série, qui pouvait justement s'appeler comme le film. Dès le départ du livre, je savais où j'allais, ce que je voulais montrer. Je suis un photographe de lieux, c'était pour moi une opportunité d'aller partout dans le monde et d'observer ce que nous avons fait de notre terre.
Comment le film et le livre se sont-ils positionnés l'un par rapport à l'autre ?
Mon livre est une vision personnelle du rapport de l'homme moderne aux lieux qui l'entourent
Ce qui m'a beaucoup plu, c'est qu'Olivier m'a vraiment laissé carte blanche. Il ne me demandait pas de suivre la vision du film. Je n'agissais pas non plus en tant que photographe de plateau. J'avais une liberté absolue de faire ce que je voulais. Nous avions peur au départ avec Pierre Barougier (co-réalisateur et chef opérateur) de nous marcher sur les pieds. De manière assez évidente, nous repérions les mêmes lieux potentiellement chargés et forts, mais quand il s'agissait de poser la caméra ou l'appareil photo, nous allions quasi systématiquement dans des endroits opposés. Nous avons chacun posé notre regard, mais sans jamais entrer en concurrence, sans jamais entrer dans une lutte de points de vue.
Le film finalement s'avère plus partisan, plus militant, il oppose la nature et l'homme. Mon livre quant à lui est plus une vision personnelle du rapport de l'homme moderne aux paysages qui l'entourent, de l'ambivalence que porte en lui l'homme par rapport à sa terre.