Christophe Galtier : condamné à de la prison ? Que risque l'ancien entraîneur du PSG ?
L'ancien entraineur du PSG Christophe Galtier, placé en garde à vue vendredi 30 juin, aura droit à un procès en décembre prochain.
Viré du PSG, mais toujours sous contrat (des négociations sont en cours pour mettre fin à la dernière année de contrat), Christophe Galtier et son fils John Valovic-Galtier ont été placés en garde à vue à Nice vendredi 30 juin dans le cadre de l'enquête sur les soupçons de discrimination à l'OGC Nice. Si son fils a été rapidement libéré sans aucune charge retenue contre lui, Christophe Galtier est resté plus longtemps dans les mains de la police.
Le technicien français, après sa libération, a été "déféré au parquet en vue de sa convocation devant le tribunal correctionnel de Nice, le 15 décembre 2023, pour y être jugé des chefs d'inculpation de harcèlement moral et discrimination à raison de l'appartenance ou de la non appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une prétendue race ou religion déterminée". Jugé le 15 décembre prochain au tribunal correctionnel de Nice, Christophe Galtier risque au maximum jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende selon les articles 225-1 et suivants, 222-33-2 et suivants du Code pénal.
Un mail interne explosif révélé par RMC
L'affaire Galtier a réellement explosé le mardi 11 avril. Le journaliste indépendant Romain Molina a été le premier ce jour là à relayer sur les réseaux sociaux un e-mail, sans en-tête ni signature, dans lequel des propos discriminatoires étaient attribués à Christophe Galtier. Le soir même, le même document était diffusé dans l'émission L'After foot sur RMC.
"Il m'a alors répondu [...] qu'en effet, on ne pouvait pas avoir autant de noirs et de musulmans dans l'équipe."
L'e-mail ayant fuité a été authentifié par RMC comme émanant de l'ex-directeur sportif de l'OGC Nice, Julien Fournier, à l'époque où Christophe Galtier était encore sur le banc niçois. Il y relate une explication qu'il aurait eu avec l'entraîneur après un échange avec celui-ci et son fils John Valovic-Galtier, par ailleurs conseiller sportif. "Une fois son agent/fils parti, j'ai fait état à Christophe (Galtier) de la discussion que je venais d'avoir et lui ai demandé si tout cela était vrai. Il m'a alors répondu que oui et que je devais tenir compte de la réalité 'de la ville' et qu'en effet, on ne pouvait pas avoir autant de noirs et de musulmans dans l'équipe", peut-on lire dans ce mail.
"Il m'a dit 'hier soir je suis allé au restaurant et tout le monde m'est tombé dessus en disant que nous avons une équipe de noirs' puis d'ajouter : 'Julien tu dois réaliser dans quelle ville nous sommes, nous sommes dans la ville de Jacques Médecin (ancien maire de Nice, ndlr), et notre équipe ne correspond pas à ce que veulent les gens, comme elle ne me correspond pas', il n'y avait aucun argument sportif mais bien uniquement des arguments religieux ou de couleur de peau".
Les infos de l'After sur les graves accusations de Julien Fournier contre Galtier (partie 2/2) pic.twitter.com/ZJ7wro8yRJ
— After Foot RMC (@AfterRMC) April 11, 2023
Le recrutement de joueurs musulmans et le ramadan au coeur de l'affaire
A Nice, Christophe Galtier se serait en particulier agacé de plusieurs recrutements réalisés par le club à l'initiative de Julien Fournier, notamment de l'arrivée de joueurs de confession musulmane dans son effectif. Ainsi, en avril 2022, "le mois du ramadan aurait fait imploser le vestiaire", selon les journalistes de Nice-Matin qui ont publié unev enquête le 12 avril.
Christophe Galtier, durant cette période, aurait évoqué "la difficulté de gagner des matchs" avec des footballeurs pratiquant le jeûne, estimant cette privation "trop impactante sur les performances des joueurs". L'actuel coach parisien en serait même venu selon Nice-Matin à menacer le milieu de terrain algérien Hicham Boudaoui de ne pas être titularisé si il refusait de s'alimenter pendant la journée.
Un conflit latent entre Julien Fournier et Christophe Galtier
Julien Fournier, qui se trouvait "au Brésil" quand l'affaire a éclaté le 11 avril, a fait savoir le lendemain être "loin de cette polémique" à laquelle il a été associé "à [s]es dépends", sans pour autant démentir être l'auteur du mail qui a fuité dans les médias. "Je ne suis en aucun cas à l'origine de la diffusion de ces informations internes vieilles d'un an au moment de mon départ du club", a néanmoins réagi l'ex-dirigeant niçois, toujours dans les colonnes de Nice Matin. "Le timing de ces révélations me révolte tout autant que leur contenu", a-t-il expliqué.
Le conflit entre Christophe Galtier et Julien Fournier lors de leur collaboration à l'OGC Nice était connu dans le monde du football. "Les rapports que je pouvais avoir avec Christophe étaient dès le début de la saison dernière assez chaotiques. Si j'explique les vraies raisons pour lesquelles Christophe et moi nous nous sommes disputés, Christophe ne rentrera plus dans un vestiaire en France ou en Europe", avait expliqué Julien Fournier à l'automne dernier.
"Je ne veux pas me fatiguer à débattre sur tout ce qui se dit. La fonction fait qu'on crée automatiquement un débat l'un après l'autre. Sur la forme, je ne suis pas surpris connaissant le personnage. Voilà, c'est tout ce que j'ai à vous dire", avait commenté l'entraîneur du PSG après cette première pique provenant de son ex-directeur sportif.
La réaction de Christophe Galtier, "anéanti et abattu"
Très rapidement stigmatisé, Christophe Galtier avait réagi assez rapidement. Dans un communiqué transmis à l'AFP le 13 avril par son avocat, l'entraineur du PSG a dit contester "avec la plus grande fermeté" les accusations de racisme. Par le biais de Me Olivier Martin, Christophe Galtier a même assuré vouloir "entamer des poursuites judiciaires" depuis qu'il a "pris connaissance avec stupéfaction des propos injurieux et diffamants" qui lui étaient prêtés. En conférence de presse, Christophe Galtier avait lu un communiqué et n'avait pas souhaité s'étaler sur le sujet, voulant laisser le travail de la justice. "Comme beaucoup d'entre vous, je suis profondément choqué par les propos que l'on me prête et qui ont été relayés par certains de manière irresponsable, a-t-il indiqué en conférence de presse quelques jours après la révélation du mail. Ils me heurtent au plus profond de mon humanité. Je suis un enfant des cités HLM, élevé dans la mixité, dans les valeurs de partage et de respect de l'autre, quelle que soit son origine, sa couleur, sa religion. Toute ma vie d'homme, de footballeur puis d'entraîneur a été dictée par le souci du partage et du bien-vivre avec les autres. Je ne peux accepter que mon nom et ma famille soient salis de la sorte." Depuis plusieurs semaines, l'affaire, toujours sous enquête, n'avait pas offerte de nouvelles déclarations de la part du technicien français.