La série Nightsleeper, programmée sur TF1, a été abondamment critiquée outre-Manche pour ces détails qui plombent le scénario, comme le jeu des acteurs...

Nouvelle mini-série venue d'outre-Manche, le thriller Nightsleeper, qui a été programmé à partir du mercredi 9 octobre 2024 sur TF1, met en scène le piratage et le détournement d'un train-couchettes voyageant de Glasgow à Londres. L'originalité de la série ? Celle-ci compte 6 épisodes et dure donc 6 heures, soit la durée exacte ou presque du trajet, qui va être vécu "en temps réel" par les spectateurs.

"Attention. Une fois que vous aurez vu le thriller de la BBC Nightsleeper, vous n'aurez peut-être plus envie de prendre le train pendant un certain temps. Et pour une fois, ce ne sera pas à cause des prix élevés, des retards et des annulations", a promis à sa sortie la BBC notamment, qui a produit la série avec le scénariste Nick Leather (The Control Room) aux commandes. Un bel argument de venterepris d'ailleurs par son acteur principal Joe Cole (Peaky Blinders), qui a assuré en pleine promotion avoir "évité les trains pendant un petit moment" après le tournage...

Nightsleeper fait beaucoup penser à Hijack, autre saga avec Idris Elba dans le rôle du sauveur (dans un avion cette fois) qui a fait le bonheur des abonnés à Apple TV+ en 2023. Le programme a aussi été abondamment comparé à Bodyguard (la série, pas le film avec Kevin Costner et Whitney Houston), énorme succès de Netflix en 2018.

Un scénario réaliste ?

Dans Nightsleeper on voit donc un train devenir fou, alors qu'il est commandé à distance par un dispositif informatique, fixé au câblage de l'un des wagons, avant une panique généralisée sur le réseau ferroviaire britannique. Mais il faut bien le dire, malgré ce scénario qui promet de belles scènes d'action, les critiques se sont vite avérées très mitigées lors de la sortie du programme au Royaume-Uni. Surtout du point de vue du réalisme.

Dans plusieurs médias, un détail du scénario ne passe pas : les inexactitudes sur la possibilité de pirater de la sorte un train entier et, plus encore, tout le réseaux ferroviaire d'un pays. En plus des téléspectateurs, des experts en sécurité ont été appelés à analyser l'histoire de Nightsleeper et leur verdict est sévère : Jake Moore, conseiller mondial en cybersécurité pour l'entreprise technologique ESET, a suggéré que l'intrigue n'était tout simplement pas crédible. "Le train est accessible à distance et démarre ensuite tout seul", ce qui est selon lui tout simplement impossible. "Il existe toujours une menace pour les infrastructures nationales" (comme cela est arrivé en Pologne à l'été 2024), mais "il est peu probable que les trains puissent être exploités complètement à distance", indique-t-il dans le MailOnline.

Un autre expert salue quant à lui le réalisme du hacking, mais pointe des conséquences totalement irréalistes, notamment parce que Nightsleeper exploite mal le dispositif de freins d'urgence, qui n'a pas été bien compris par les concepteurs de la série et qui ne peut être techniquement bloqué comme cela a été présenté. Autre invraisemblance : le pilotage du train à distance qui se poursuit comme si de rien n'était, alors que les autorités ont coupé les signaux des téléphones portables en réponse au détournement. "Si personne n'a de signal téléphonique, alors comment l'appareil a-t-il pu communiquer à distance ?", s'interroge l'expert.

La BBC elle-même a suggéré que les pirates informatiques auraient besoin d'un accès physique à la cabine du conducteur pour réaliser un tel exploit. Ce qui semble un obstacle très difficile à surmonter. Elle a néanmoins tenté de défendre "l'aspect positif" de sa série, qui peut toujours "sensibiliser davantage les gens aux cybermenaces" et donc devenir "un bon outil pédagogique". Soit.

Des avis et des critiques encore plus sévères

Les critiques presse et les avis des spectateurs sont à l'avenant. Si certains ont salué sur les réseaux sociaux "une bonne vieille aventure à l'ancienne et très amusante", d'autres ont aussi pointé une "écriture bancale", une "histoire ridiculement tirée par les cheveux", un "casting agaçant et inégal", des "dialogues terriblement mauvais", bref, "15 wagons de bêtises" et "un seuil d'inexactitude" franchi "à grande vitesse", suggérant que les scénaristes ont "inventé des conneries au lieu de faire des recherches". "L'épisode 1 de Nightsleeper semblait indiquer que la série pourrait être intéressante. L'épisode 2 a soulevé de sérieux doutes. Après cela, la série a rapidement décliné", résume notamment un internaute, reflétant l'avis quasi général.

Le journal The Guardian notamment a trouvé Nightsleeper "incroyablement horrible", avec un scénario "lamentable" et un héros "si inexpressif qu'il vous rendra fou". A la fin d'une critique particulièrement caustique, il conseille : "Regardez plutôt Hijack à nouveau, ou Bodyguard, les deux feront l'affaire". Même le Centre national de cybersécurité britannique (NCSC) a utilisé la série et ses invraisemblances pour se faire de la pub : "Heureusement, nous n'avons jamais été confrontés à un tel scénario, mais notre équipe d'experts est prête à tout", a-t-il écrit sur X avec ironie.

Il faut dire que bien d'autres détails de Nightsleeper frôlent le ridicule, comme quand les deux personnages principaux vont commencer à fredonner la chanson de Kate Nash "Foundations",  alors que la crise dégénère en une prise d'otages. Même Joe Cole l'a avoué : "Certains passages sont un peu ridicules... Certaines de mes répliques... On pourrait les qualifier, d'une certaine manière, de ringardes, mais  je me suis dit, 'OK, ça va être amusant'."

Il en reste tout de même en effet qui ont jugé Nightsleeper "amusant". "Bien sûr que c'est irréaliste, c'est tout le but ! Asseyez-vous et profitez du voyage", commente un internaute quand un autre recommande tout simplement d'"accepter-le scénario pour son absurdité et vous devriez l'aimer !" Ou pas. A vous de voir.

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