"Refusés à bord" : 6 millions de passagers bloqués alors qu'ils ont passeport et carte d'embarquement
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"Refusés à bord" : 6 millions de passagers bloqués alors qu'ils ont passeport et carte d'embarquement

Le phénomène en augmentation laisse de nombreux voyageurs sur le carreau.

Le chiffre estimé est difficile à vérifier et paraît énorme : chaque année, 6,6 millions de passagers se voient refuser l'embarquement, même s'ils disposent d'un billet et d'un passeport valides, selon les résultats d'une enquête combinée aux données de l'Autorité de l'aviation civile britannique.

Cela pourrait bien vous arriver : vous avez votre billet d'avion en poche et pourtant, on vous refuse l'accès à bord. C'est le cauchemar que vivent chaque année des millions de passagers aériens victimes de la pratique du "surbooking". Cette politique, qui consiste pour les compagnies à vendre plus de billets que de sièges disponibles, prend de l'ampleur.

L'étude britannique, combinant sondages auprès d'un public cible et données de l'autorité de l'aviation civile, permet aussi d'estimer les voyageurs les plus touchés. Les voyageurs d'affaires arrivent en tête puisque 38% disent avoir été victimes de surbooking contre 16% des vacanciers. Ceux réservant vols et hôtels séparément (19%) y sont aussi plus exposés que ceux optant pour des voyages à forfait (16%). Et gare à ceux voyageant seuls (21%) ou entre amis (24%) !

En cas de surbooking, la compagnie doit légalement prendre en charge les passagers lésés en proposant un autre vol et des compensations. Mais tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. L'étude montre que 16%, soit environ 1 million de passagers par an, n'ont pas été replacés sur un autre vol. Et parmi eux, 71% ont perdu de l'argent à cause de transferts ou réservations manqués.

L'astuce des compagnies ? Miser sur un certain nombre de défections à l'embarquement (en moyenne 5%) pour rentabiliser chaque vol au maximum. Un calcul statistique qui leur permet d'afficher des prix bas mais se fait au détriment des passagers. EasyJet le reconnaissait il y a quelques années dans des propos repris par UFC Que Choisir. "Près de trois millions de clients d'EasyJet ne se sont pas présentés à l'embarquement. […] Aussi, pour pouvoir maintenir nos prix bas pour tous nos clients, nous pourrons être amenés à vendre plus de sièges que de sièges disponibles pour un vol si nous savons que fort probablement certains passagers ne se présenteront pas. Nous basons cette estimation sur l'étude de l'historique de chaque vol et l'examen des antécédents."

Vous pensez être couvert en cas de pépin ? Détrompez-vous. La plupart des assurances voyage ne prennent pas en charge le surbooking, considérant que c'est à la compagnie d'assumer. Seules certaines offrent une couverture "perturbations de voyage" spécifique en option.

La pratique est légale mais de plus en plus décriée par les associations de consommateurs. Rappelons que la compagnie aérienne est alors forcée de vous dédommager avec un barème fixe qui prend en compte le retard total à l'arrivée et la distance prévue. Pour un vol court-courrier, comptez 250 euros (125 euros si le retard ne dépasse pas deux heures) et jusqu'à 600 euros pour un vol long-courrier menant en dehors de l'Union Européenne.