Eric Zemmour plus français que Zidane ? Le coup du calendrier ne tient pas

Eric Zemmour plus français que Zidane ? Le coup du calendrier ne tient pas Le journaliste a affirmé ce lundi 12 septembre au matin sur LCI que Zinedine Zidane, Omar Sy ou Rachida Dati sont "moins Français" que lui puisque leurs prénoms ne sont pas issus du calendrier "des saints chrétiens".

[Mis à jour le 12 septembre à 23h31] En pleine promotion de son livre, "Un quinquennat pour rien", Eric Zemmour ne recule devant rien pour faire parler de lui. Après avoir lancé une polémique sur les prénoms la semaine dernière en déclarant sur le plateau de "C à vous" sur France 5 : "Donner un prénom qui n'est pas français, à son enfant, c'est se détacher de la France", Eric Zemmour a persisté ce matin sur LCI. Répondant aux questions d'Audrey Crespo-Mara, il a même précisé ce qui devrait selon lui servir de mètre étalon pour le choix des prénoms que l'on donne à son enfant : le calendrier des "saints chrétiens". 

VIDEO. Éric Zemmour estime qu'Omar Sy et Zinedine Zidane sont "moins français" que lui

"Éric Zemmour affirme qu'Omar Sy et Zinedine Zidane sont "moins français" que lui, la vidéo choc"

Et pour défendre cette affirmation, Éric Zemmour s'appuie sur un argument historique : "Ce fut la loi de la France pendant deux siècles, ce fut une loi établie par Bonaparte. Cette loi est restée et l'on devait trouver des prénoms dans le calendrier, le calendrier des saints chrétiens. Elle a été abolie en 1993, je ne vois pas pourquoi on ne rétablirait pas cette loi. Je crois que c'est une loi qui fait l'unité du pays (...) Mes ancêtres furent des nouveaux arrivants et ils ont respecté cette loi, ils ont donné des prénoms français c'est-à-dire du calendrier chrétien à leurs enfants".

Un argument que l'on a déjà pu entendre dans la bouche du polémiste puisqu'il l'utilisait déjà en mars 2010. Dans une interview donnée à Thierry Ardisson, il déclarait : "Il y a 30 ans, les préfets interdisaient aux parents de donner aux enfants des noms non chrétiens, qui n'étaient pas dans le calendrier." Et comme le soulignait déjà à l'époque ce blog du Monde, l'affirmation ne tient pas vraiment. Il faut d'abord noter que la première loi "établie par Bonaparte" existe bien. Il s'agit de la loi du 11 germinal, an XI, c'est-à-dire la loi du 1er avril 1803, une loi effectivement abolie en 1993.

Calendrier révolutionnaire

Cette loi prévoit effectivement l'usage du calendrier pour le choix des prénoms, comme l'explique un blog de franceinfo. Dans le premier article de la loi, on peut lire : "À compter de la publication de la présente loi, les noms en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus de l'histoire ancienne pourront seuls être reçus, comme prénoms sur les registres de l'état civil destinés à constater la naissance des enfants ; et il est interdit aux officiels publics d'en admettre aucun autre dans leurs actes."

Si on voit bien la référence au calendrier, le calendrier en 1803 n'est pas chrétien, mais révolutionnaire. On peut donc nommer son enfant Raiponce, Raisin, Marat, Cheval ou Amaranthe, mais pas de trace de prénom de saint catholique. Et même à l'époque, la loi offre la possibilité de nommer son enfant d'après "des personnages connus de l'histoire ancienne". Histoire ancienne qui n'est pas peuplée uniquement de saints chrétiens. On peut donc légitimement penser qu'Omar aurait par exemple trouvé grâce aux yeux des registres de l'état civil révolutionnaires.