DSK et Nafissatou Diallo : les dessous d'un accord

DSK et Nafissatou Diallo : les dessous d'un accord Après un an et demi de procédures l'affaire DSK serait en train de prendre fin aux Etats-Unis avec un accord à 6 millions de dollars. Dernier acte d'une très longue et sombre histoire ?

[Mis à jour le 30 novembre 2012, à 13h43] Selon le New York Times, DSK et Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofitel qui l'avait accusé de viol le 14 mai 2011, auraient trouvé un accord pour régler leur différend à l'amiable. DSK serait prêt selon Le Monde à verser 6 millions de dollars (4,64 millions d'euros) à son accusatrice pour l'annulation de toutes les poursuites. Une information qui a été démentie par les avocats de l'ancien patron du FMI. Entre juillet et août 2011, l'affaire DSK était abandonnée au pénal par un tribunal de New York déboussolé par les "mensonges" de Nafissatou Diallo. Mais la plaignante et ses avocats décidaient de maintenir ces poursuites au civil, devant un tribunal du Bronx. Que cacherait alors cet accord trouvé plus d'un an après ?

1- Un moyen d'éviter une procédure plus risquée pour DSK. Aux Etats-Unis, les deux procédures (pénale et civile) sont totalement dissociées et sont régies par des règles différentes. Au civil, il suffit en effet de  convaincre un jury à la majorité, soit à 51 % de ses membres. Autrement dit, une victoire s'annonçait plus aisée pour Nafissatou Diallo qu'au pénal, où les sentences doivent être prononcées "au-delà de tout doute raisonnable", c'est-à-dire l'unanimité du jury... De plus, en portant l'affaire dans le Bronx, Nafissatou Diallo mettait également toutes les chances de son côté. Les jurés locaux, issus en grande partie des communautés noires et latinos de la ville, étaient sans doute les mieux placés pour donner raison à la femme de chambre. Plusieurs études américaines ont prouvé statistiquement que des réparations étaient plus facilement accordées aux minorités que dans d'autres juridictions. Un contexte qui explique sans doute le ton moins martial adopté par les avocats de DSK et, finalement, la conclusion probable d'un accord en catimini pour éviter la sanction.

2- Une façon de se faire oublier pour Diallo et DSK. DSK et Nafissatou Diallo souhaitaient-ils vraiment voir de nouveau leur vie privée exposée au grand jour dans les médias ? Rien n'est moins sûr. L'un a vu sa carrière politique brisée par l'affaire en mai 2011. L'autre a été la cible des paparazzis et d'enquêtes très intrusives des journalistes et des avocats pendant un an. En repassant coûte que coûte devant un tribunal, les avocats de Nafissatou Diallo savaient qu'elle devrait à nouveau s'expliquer sur ses versions changeantes des faits, sur ses mensonges à la police de New York au sujet de sa famille ou de sa demande d'asile. De son côté, le camp DSK pouvait craindre un nouveau déballage sur sa vie privée, des références douteuses sur ses "parties fines" en France, la convocation de témoins déjà cités dans l'affaire du Carlton ou même de Tristane Banon à la barre. Au civil, les deux parties doivent en effet passer un interrogatoire préliminaire sous serment pendant lequel ils sont questionnés par les avocats de la partie adverse. De quoi en décourager plus d'un.

3- Une affaire d'argent depuis le début. Toute condamnation pénale étant écartée dès juillet 2011, la procédure civile entamée par Nafissatou Diallo le mois suivant visait dès le départ au versement de dommages. Les avocats de Nafissatou Diallo espéraient obtenir à l'époque des "dizaines de millions" devant le tribunal du Bronx chargé de l'affaire, selon plusieurs experts interrogés par les médias de chaque côté de l'Atlantique. Un accord financier "hors tribunal" pouvait donc très bien venir remplacer une sanction judiciaire, comme il est de coutume dans ce genre de procédure aux Etats-Unis. Le juge McKeon, chargé de l'affaire du Sofitel, serait d'ailleurs connu comme un défenseur zelé des réglements à l'amiable. Reste à savoir pourquoi la somme évoquée par le Monde (6 millions de dollars) est aujourd'hui assez loin des "dizaines de millions" évoqués à l'époque. L'urgence et la certitude d'obtenir de l'argent pourraient être des éléments décisifs. En s'engageant dans les poursuites, Nafissatou Diallo et ses avocats se seraient lancés en effet dans un combat de plusieurs années, coûteux et sans garantie de résultat à la fin.

Selon Le Monde encore, DSK "contracterait un emprunt bancaire de 3 millions de dollars" et son épouse Anne Sinclair, dont il est séparé, lui prêterait les "3 millions restants" pour verser les 6 millions de dollars à Nafissatou Diallo. DSK et Nafissatou Diallo devraient se rendre tous les deux dans le bureau du juge Douglas McKeon dans le Bronx, le 7 décembre, pour finaliser l'accord et mettre fin à la procédure.

EN VIDEO - Le 29 mars dernier, une première audience dans la procédure civile intentée par la femme de chambre Nafissatou Diallo contre Dominique Strauss-Kahn avait eu lieu. Aujourd'hui, la procédure pourrait être abandonnée.

"Affaire Diallo: un nouveau proces commence pour DSK"