Najat Vallaud-Belkacem : collège, langues, islam... Elle hausse le ton [VIDEO]

Najat Vallaud-Belkacem : collège, langues, islam... Elle hausse le ton [VIDEO] Invitée de LCI ce matin, Najat Vallaud-Belkacem a de nouveau défendu sa réforme du collège. La ministre de l'Education fait monter d'un cran l'intensité de l'affrontement avec les anti-réforme.

[Mis à jour le 7 mai 2015 à 11h10] Le mercredi 6 mai 2015, 150 parlementaires UMP et UDI écrivaient à François Hollande pour lui demander le retrait de la réforme du collège, jugée comme "un naufrage pour la nation". Parmi eux, Bruno Le Maire, Bernard Accoyer, Eric Woerth ou encore Hervé Morin. La ministre de l'Education, objet de puissantes critiques pour cette réforme qui revoit de fond en comble les programmes des collégiens, a vertement répondu aux attaques ce jeudi matin sur LCI. Najat Vallaud-Belkacem a indiqué qu'elle "assumerait" la réforme "de toutes [ses] forces, sans jamais faillir". Pour la ministre, c'est le collège d'aujourd'hui qui serait un "naufrage" pour le pays. "Collège duquel sort un élève sur quatre sans maîtriser le français", ajoute-t-elle.

 

"Réforme des collège :"Je l'assumerai de toutes mes forces, sans jamais faillir", Najat..."

La ministre de l'Education nationale fait donc monter d'un cran l'intensité de l'affrontement avec les nombreux opposants au projet, qui réorganise l'enseignement au collège autour d'enseignements de pratiques interdisciplinaires (EPI). Dans leur courrier, les parlementaires de l'opposition dénoncent "une majorité de gauche qui propose de couper la langue française de ses racines". Principalement visé : l'enseignement du latin revu en partie dans les programmes. S'il devient obligatoire comme le grec via un EPI "Langues et cultures de l'antiquité", les opposants dénoncent un contenu d'enseignement qui se limite "à de simples notions de civilisation".

 

Autres critiques virulentes du texte : le fait de "rendre facultatif l'enseignement des Lumières au collège" ou de "fragiliser l'apprentissage de l'allemand". De fait, les Lumières ne sont plus intégrées à l'enseignement obligatoire dans le texte tel qu'il est proposé aujourd'hui. Quant à l'allemand, il pourrait souffrir de la suppression des classes bilangues (anglais et allemand) et des classes européennes (avec une matière enseignée dans une langue étrangère) jugées trop "élitistes" et souvent utilisées comme des moyens de contourner la carte scolaire en visant les établissements les plus "huppés". La deuxième langue vivante est en revanche avancée d'un an (en 5e au lieu de la 4e) avec 2,5 heures de cours par semaine. 

DOCUMENT - La lettre de Bruno Le Maire à François Hollande :

 

 

Najat Vallaud-Belkacem et François Hollande haussent le ton

La réponse ferme de Najat Vallaud-Belkacem est dans la lignée de celle opposée par François Hollande lui-même aux contestataires. Devant un groupe de jeunes réunis au Conseil économique, social et environnemental (CESE), le chef de l'Etat a indiqué mercredi qu'il entendait "le concert des immobiles", qu'il a qualifiés de "bruyants" opposants, "qui au nom de l'intérêt général supposé défendent leurs intérêts particuliers".

En visite elle-même dans un collège de Seine-Saint-Denis ce mercredi, Najat Vallaud-Belkacem avait déjà répondu sèchement à la requête portée par les députés à l'Elysée, indiquant qu'"à chaque fois que la gauche cherche à faire de l'égalité, la droite lui reproche de faire du soi-disant nivellement par le bas". "Je sais que certains ne voudraient réserver cette réussite scolaire qu'à quelques uns, c'est précisément ce qui oppose la gauche et la droite", a-t-elle continué.

Sarkozy et les "pseudo-intellectuels"

Najat Vallaud-Belkacem a également attaqué vertement les réformes de la droite sur l'éducation et indiqué que Nicolas Sakozy "n'a aucune leçon à donner".

 

"Réforme des collège :"Je l'assumerai de toutes mes forces, sans jamais faillir", Najat..."

La ministre de l'Education nationale s'est aussi expliquée sur le terme de "peuso-intellectuels" utilisé pour qualifier  les détracteurs de la réforme des collèges. Elle a précisé qu'elle visait "ceux qui critiquent la réforme sans l'avoir lue", à savoir "Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Luc Ferry".

 

 

"Najat Vallaud-Belkacem: "Je visais Bruckner, Finkielkraut, Ferry, en parlant de..."

 

Les critiques contre le projet de loi sont particulièrement virulentes, y compris chez les syndicats d'enseignants qui appellent à un mouvement le 19 mai. FSU, FO, le SNALC, la CGT et Sud sont pour une fois unanimes dans leurs critiques du texte dont il est difficile de mesurer les conséquences, tant les contrevérités et les procès en mauvaises intentions sont nombreux de part et d'autre.  Sur Internet, le ministère a organisé la riposte avec un "vrai-faux" sur la réforme.

 

 

Najat Vallaud-Belkacem et l'enseignement de l'islam

Les critiques se sont également dirigées ces dernièrs jours sur l'enseignement des religions, en particulier dans les milieux proches de l'extrême droite. Najat Vallaud-Belkacem est accusée de favoriser l'enseignement de l'histoire de l'islam, au détriment des autres religions et en particulier du christianisme. Un "hoax" (rumeur infondée circulant sur le Web) a été diffusé récemment surles réseaux sociaux, reprenant une prétendue phrase de la ministre de l'Education. Les mots qui lui sont attribués disent que "dans un pays musulman comme la France, il n’est pas normal qu’il y ait encore des Français qui rejettent l’islam". La phrase indique que l’Education nationale doit "instaurer dans ses programmes les principes coraniques". Le but supposé : "habituer les Français dès le plus jeune âge". Suivent d'autres inepties indiquant qu'il faut "autoriser le voile, apprendre des passages du Corans (sic) et la culture musulmane", avec cette conclusion : "Après tout il ne faut pas oublier que contrairement au christiannisme, l’islam est compatible avec la démocratie !". La citation complète est associoée à une interview de Najat Vallaud-Belkacem sur l'antenne de RTL, le 12 juillet 2006. Le Monde, qui a enquêté, sur cette rulmeur, indique que Najat Vallaud-Belkacem n'était pas invitée de RTL ce jour-là.

 

Si elle ne s'est pas directement exprimée sur la question, Najat Vallaud Belkacem a indirectement pointé sur LCI la "mauvaise foi" des détracteurs qui dénoncent un "changement de culture" majeur dans le projet examiné. Sur les religions, les programmes prévoient un enseignement obligatoire du judaïsme et du christianisme en 6e puis de l'islam en 5e. Un principe qui ne devrait pas évoluer dans les nouveaux programmes. La ministre fait au passage le distinguo entre la "réforme du collège" et la "réforme des programmes" qui est actuellement en cours et confiée au conseil supérieur des programmes.

 

Concrètement, la réforme du collège revoit l'enseignement au collège en y intégrant du travail en petits groupes, qui devra atteindre 20 % des heures de classe, des enseignements de pratiques interdisciplinaires (EPI) à partir de la 5e et un accompagnement personnalisé pour tous les élèves avec la création de 4 000 emplois à temps plein.