Dominique Bertinotti : la ministre cachait son cancer depuis des mois

Dominique Bertinotti : la ministre cachait son cancer depuis des mois Dominique Bertinotti vient de sortir du silence : la ministre chargée de la Famille est atteinte d'un cancer depuis 8 mois. Elle l'avait confié à François Hollande mais pas à Jean-Marc Ayrault.

Personne ou presque n'était au courant. La ministre de la Famille avait simplement décidé d'en informer le chef de l'Etat lors d'une entrevue pour "raison personnelle", le 2 mars dernier. Dominique Bertinotti est aujourd'hui en phase de rémission d'un cancer du sein qu'elle combat depuis 8 mois. Elle avait prévenu François Hollande peu avant le début de sa chimiothérapie mais avait jusqu'à présent souhaité que son état de santé reste un secret. Y compris pour ses supérieurs directs : Marisol Touraine, sa ministre de tutelle et surtout Jean-Marc Ayrault, le chef de l'équipe gouvernementale. Le Monde, qui a recueilli ses confidences, écrit désormais qu'elle va retirer sa perruque et dévoiler ses cheveux "très courts" après une dernière séance de radiothérapie.

Depuis des mois, Dominique Bertinotti a donc porté une perruque et participé à tous les débats comme si de rien n'était, pour préserver sa vie privée. Le Monde indique aujourd'hui que des socialistes, son amie Ségolène Royal en tête, se sont étonnés à plusieurs reprises de sa "mauvaise mine "ou de ses "traits tirés". Mais la ministre déléguée en charge de la Famille a préféré attendre d'aller mieux pour rendre publique sa maladie, affrontant des heures de débat sur le mariage pour tous notamment, réforme pour laquelle elle se trouvait en première ligne avec Christiane Taubira.

Mammographie, chimiothérapie, perruque, peur du scandale

Dans son entretien au Monde, Dominique Bertinotti raconte son parcours de malade "pas comme les autres" : la mammographie qui a révélé le cancer, fin février, les examens qui ont suivi, la chimiothérapie, l'opération chirurgicale, les petits avantages du ministre qui n'attend pas en salle d'attente, l'arrêt de travail d'une semaine dont elle ne sait trop que faire, la perte des cheveux, l'achat de la perruque, la crainte d'être démasquée à l'Assemblée, le regard permanent des médias et des adversaires politiques... Pudique, l'agrégée d'histoire explique surtout pourquoi elle n'en a parlé à personne : "Je voulais bien être une ministre malade, pas une malade ministre", dit-elle. "Je ne me sentais pas assez forte pour gérer en plus le regard des autres."

La ministre décrit également comment elle est parvenue à réorganiser son agenda pour assurer ses fonctions tout en suivant son traitement des plus lourds : "huit matinées de chimio avec l'équipement glacé – casque, moufles et chaussettes à –20 degrés – prétendument pour aider la repousse des cheveux et des ongles". Les séquelles physiques et la fatigue sont aussi exposées tout comme les soutiens des infirmières, médecins et même du coiffeur synonymes de véritables "réconforts". Le but pour Dominique Bertinotti : éviter de "susciter la compassion" mais "faire évoluer le regard de la société sur cette maladie".