Bourse : faut-il miser sur les clubs sportifs ?

Détenir des actions de son club préféré, c'est possible. Transformer sa passion en un placement gagnant, c'est autre chose.

L'Olympique lyonnais a été le premier club français à faire son entrée à la Bourse de paris. C'était en janvier 2007, un évènement. L'idée a choqué, et choque encore en France. Ailleurs, en Europe, de nombreux clubs ont choisi ce mode de financement pour se développer : Tottenham, Arsenal, Leeds en Angleterre, la Juventus de Turin, la Lazio de Rome, l'AS Roma en Italie ou encore le Borussia Dortmund en Allemagne. Il n'y a pas que ces grands championnats européens : d'autres plus confidentiels ont vu aussi des clubs pousser la porte des salles des marchés. C'est notamment le cas au Danemark avec Copenhague, Brondby, Aarhus, Aalborg et Schaumann.

Le club de Lyon a profité du vote de la loi rectificative au projet de loi pour le développement de la participation et de l'actionnariat salarié. Cette dernière, établie fin 2006, levait l'interdiction faite jusqu'à lors aux sociétés anonymes à objet sportif de faire appel public à l'épargne. Depuis, aucun autre club n'a rejoint l'OL.

Est-ce rentable ?

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Evolution du Dow Jones Stoxx Football depuis sa création en 1992. © Dow Jones

Il faut dire que les succès sont rares. L'efficacité du financement d'un club par l'émission d'actions semble refroidir les ardeurs des dirigeants hexagonaux. Newcastle, entré en Bourse en 1996, a vu son action passer de 3 euros à 0,60 euro en 2006 soit une moins value de 80 %, pour finalement se retirer en 2007. En Italie, la Juve, entrée en Bourse en 2001 à 2,7 euros, a perdu plus de 70 % de sa valeur et se négocie aujourd'hui à 0,80 euro. Le Dow Jones Stoxx Football, un indice boursier créé en 1992, qui permet de suivre l'évolution des cours des clubs cotés, ne montre pas autre chose : après être passé de 100 au moment de sa création à plus de 500 en 1997, il est aujourd'hui retombé à son niveau d'origine. Bref, ce n'est pas la panacée.

Sur quels clubs miser ?

Pourtant, certains clubs parviennent à tirer leur épingle du jeu. C'est le cas de Parken Sports, la société qui possède le club et le stade du FC Copenhague, dont la valeur boursière a augmenté de plus de 700 % depuis 1997. Sa réussite se base sur une stratégie visant à déconnecter le plus possible les revenus du groupe des aléas du football, en investissant par exemple dans les loisirs de haut de gamme et dans le fitness. Il a ainsi tordu le coup à une réalité : le sport fonctionne sur l'incertitude, or la Bourse en a horreur.

Sur une saison, le destin des clubs est plus incertain que celui d'entreprises classiques et la relégation d'un club dans une division inférieure est toujours possible. Avec la baisse de revenus qui s'ensuit, notamment ceux issus des droits télés... En développant d'autres sources de profit que le résultat sportif en lui-même, le club réduit donc cette incertitude financière. C'est d'ailleurs ce modèle que souhaite suivre Jean-Michel Aulas, le patron de l'Olympique lyonnais : développer le divertissement sportif. Les professionnels du marketing parle de "sportainment".

Ce projet prévoit ainsi d'ici 2012 la construction d'un stade et d'un centre d'entraînement mais aussi de deux hôtels, d'un centre de loisirs constitué d'aires de jeux pour enfants, de terrains de football en salle, d'espaces bien-être et de restauration, d'un bowling, d'un karting électrique, d'un golf indoor et de simulateurs de différents sports. En attendant, ce sont belles et bien les victoires et les défaites des joueurs qui animent le cours de bourse. A la veille de la trêve hivernale 2008, l'OL s'échange à 8,4 euros. Deux ans plutôt, une action valait 24 euros...