Alice Isaaz : "L'exode de mai 40 n’est pas assez traité" [Interview]

A l’occasion de la sortie en salles du film En mai fais ce qu’il te plaît, Alice Isaaz nous a accordé quelques instants de son temps. Rencontre.

La rédaction de Linternaute.com a eu l’occasion de rencontrer Alice Isaaz, jeune actrice de 24 ans qui joue le rôle de Suzanne dans le film de Christian Carion : En mai fais ce qu’il te plaît. Jetée sur les routes de France comme tout son village suite à l’invasion allemande, l’institutrice protège les enfants des horreurs de la guerre. Elle recueillera également Max, petit garçon d’origine allemande dont le père a disparu. Après avoir joué dans La crème de la crème de Kim Chapiron, Alice Isaaz ajoute la corde historique à son arc.

Linternaute.com : Christian Carion vous a confié un rôle en partie inspiré de sa mère qui a vécu l’exode.

Alice Isaaz : Oui, une partie est inspirée de la mère de Christian. Elle s'appelle Suzanne, elle était éclaireuse à vélo pour les villageois en exode. Mais plein de points diffèrent, elle n'avait que 14 ans par exemple. Elle n'était donc pas institutrice et encore moins secrétaire de mairie. On a donc été obligés de romancer pour la trame narrative du film. Christian m'a donné à jouer ce qu'avait vécu ça maman, je l'ai vécu comme un honneur. C'est hyper flatteur.

Linternaute : Qu’est-ce qui vous a touché dans ce projet ?

A. I. : Chacun d'entre nous avait un devoir de mémoire sur ce film. On rend hommage à ces gens qui ont vécu l'exode. Quand j'ai rencontré Christian, je n'ai pas hésité une seule seconde. C'était un vrai coup de cœur.

Linternaute : On imagine que ce n’est pas toujours facile de travailler avec des enfants sur un plateau de tournage…

A. I. : C'est limite plus facile quand ils sont en groupe, parce qu'ils jouent ensemble entre les prises. Mais j'ai aussi eu un rapport particulier avec Joshio puisqu'il est trilingue (anglais-allemand-russe) mais ne parle pas un mot de français. Il n'était pas trop avec les autres enfants et restait beaucoup avec moi. Une vraie complicité s'est créée entre nous deux. Des enfants comme lui, je pourrais en avoir 15 plus tard.

Linternaute : Au final, l’exode de mai 1940 apparaît peu au cinéma. C’est aussi une part de l’Histoire de France que le film réhabilite ?

A. I. : Pour moi l'exode est trop peu traité en général. Je sais qu'on m'en a parlé à l'école mais c'était survolé. J'aimerais qu'on en parle plus. C'était quand même 8 millions de personnes sur les routes, à l'époque c'était un quart de la population française. Ce sont des gens qui du jour au lendemain ont été obligé d'abandonner leur maison sans savoir s'ils reviendraient chez eux un jour.

EN VIDEO - La bande-annonce de En mai fais ce qu’il te plaît, dans les salles dès le 4 novembre prochain.