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DOSSIER
 
Mai 2006

L'homme va-t-il disparaître ?

Alors que l'homme a pendant longtemps été considéré comme le "sexe fort", plusieurs biologistes pensent qu'il pourrait à terme disparaitre ! Et si l'existence de l'homme n'était qu'un "accident" ?

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Tous les hommes seront stériles dans 125 000 ans. C'est du moins ce qu'annonce Bryan Sykes, généticien à l'université d'Oxford dans son livre "la malédiction d'Adam : un futur sans hommes". Alors que l'on s'inquiète du faible taux de naissances de petites filles dans certaines régions d'Inde et de Chine en raison de préférences sociales, la biologie réserve elle de bien mauvaises surprises au sexe masculin.

Celui-ci serait d'ailleurs quasi superflu à l'espèce humaine. Au départ, il n'existait en effet qu'un seul chromosome sexuel. Ce n'est qu'il y a 300 millions d'années que l'un des jumeaux de cette paire de X s'est différencié en Y. Bryan Sykes expliquait d'ailleurs dans son précédent ouvrage "les 7 filles d'Eve", que la population européenne descend de sept femmes seulement.

Un chromosome masculin de plus en plus riquiqui

Le chromosome Y, porteur du sexe masculin, est minuscule (à droite), comparé au chromosome X. Il compte 40 fois moins de gènes ! Photo © Huntington F. Willard Nature

Plus grave : le chromosome Y serait en voie de disparition. Si on le compare à son homologue X, il a tout simplement l'air d'un nain. Alors que le X compte 3000 à 4000 gènes, le Y lui en contient à peine 80. Et son lent déclin se poursuit depuis son apparition, À ce rythme, il aura complètement disparu d'ici 10 millions d'années.

Comment expliquer cette régression ? "Contrairement aux autres chromosomes, qui vont par paire, le Y est solitaire et ne peut pas s'auto-réparer avec les gènes de son homologue. Il passe de père en fils sans subir de mélange" explique Marc Fellous, généticien à l'INSERM. C'est ce qui fait sa force (il lègue à chaque fois l'intégralité ses gènes à l'embryon), mais c'est aussi sa faiblesse: l'absence de recombinaison le rend particulièrement vulnérable aux mutations.

Ce n'est pas tout : stocké dans les cellules reproductrices (les spermatozoïdes), qui se renouvellent en permanence, il subit des réplications beaucoup plus nombreuses que les autres. Avec autant d'erreurs possibles à la clé.

Les hommes deviennent stériles

Non seulement les chromosomes Y seraient plus fragiles, mais ils seraient menacés par la raréfaction des spermatozoïdes. Parmi toutes les espèces, l'homme a déjà une volume de sperme très faible : la production quotidienne n'excède pas celle d'un hamster ! Mais sa concentration est aussi en cause. En 1992, une équipe d'épidémiologistes danois, explique que la fertilité masculine décroît de 1% par an. Une autre étude de Pierre Jouannet, chef du service de biologie de la reproduction de l'hôpital Cochin à Paris, a confirmé ces résultats en 2004. Elle a aussi démontré que les cancers du testicules avaient augmenté de 50% en 20 ans en France. Or le traitement de ce cancer, qui touche surtout l'homme jeune, entraîne une diminution de la fertilité de 30%.

D'ailleurs, les médecins notent une augmentation significative des consultations d'hommes pour des problèmes de fertilité. Mais est-ce réellement du à une hausse de la stérilité masculine ou à une meilleure offre de soins et une moindre réticence à consulter ?

Les causes seraient à rechercher dans notre environnement. Sont notamment suspectés la chaleur (les slips trop serrés sont fortement déconseillés !), les champs magnétiques, mais surtout les produits chimiques, tels que les pesticides, les solvants ou le tabac.

Et si les femmes se passaient des hommes ?

Il est parfaitement possible de mélanger les génomes de deux ovules femelles pour donner lieu à une nouvelle femelle. Tout cela sans aucune intervention du chromosome Y. Une manipulation bien entendu impossible du côté mâle, puisque la fusion de deux spermatozoïdes nécessiterait tout de même d'implanter un ovule (qu'il faudrait alors vider de son propre matériel génétique). Mais pas de panique pour ces messieurs : si l'expérience marche chez les souris, on en est encore loin chez l'humain, où un gène empêche notamment le mélange entre deux gamètes du même sexe. Et si on arrive à le désactiver chez la souris, rien n'est moins sûr pour nos hommes préférés.

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