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Les zéros de la fonction zêta de Riemann. © DR
"On ne peut pas prédire quand apparaîtra le prochain nombre premier, mais l'organisation de ces nombres est régulière"

Il figurait déjà sur la liste de Hilbert. Voilà donc un bon moment que les mathématiciens planchent dessus, mais sans succès : depuis 1859, exactement, date à laquelle le mathématicien allemand Riemann pose le problème. Mais quel est donc ce problème ?

En très résumé, il s'agit de connaître le plus précisément possible l'organisation des nombres premiers dans l'ensemble des entiers naturels. Les nombres premiers sont ceux qui n'admettent comme diviseur que 1 et eux-mêmes. Par exemple 3, 7, 13…

Vers 300 av J.-C., Euclide avait montré qu'il existe une infinité de nombres premiers et avait pressenti qu'ils se raréfiaient chez les grands entiers. On peut le mesurer grâce à Dn, la densité des nombres premiers, où Dn =P(n)/n où P(n) est le nombre de nombres premiers inférieurs à n. En 1791, Gauss pressent que Dn se rapproche de 1/ln n vers les grands nombres. Chose qui sera démontrée en 1896.

Prédire l'apparition des nombres premiers

On connaît donc la densité des nombres premiers, qu'y a t-il de plus à trouver ? Eh bien leur répartition, car quel est le lien entre une fonction, continue telle 1/ln n et une série de nombres répartie de manière irrégulière ? C'est ce à quoi Riemann s'attaque.

D'abord, il souhaite redémontrer la conjecture de Gauss. Pour cela, il se sert d'une fonction découverte par son prédécesseur Euler, en 1740 : la fonction zeta. Zeta(s) =1/1^s+1/2^s+1/3^s… pour s>1. L'intérêt d'une telle fonction, c'est que malgré son nombre infini de termes, elle possède une somme finie. Par exemple, Zeta(2)= (pi^2)/6.

Le mathématicien Bernhard Riemann. © DR

Le lien avec les nombres premiers n'est a priori pas évident, mais Euler a montré aussi que pour tout s>1, Zeta(s)est égale au produit 1/(1-(1/p)^s) pour tous les p premiers.

Riemann remplace s par un nombre complexe z, d'où le nom de "fonction zeta de Riemann". De plus, il réussit à associer Dn, la densité des nombres premiers, aux solutions de l'équation zeta(z)=0.

Sa conjecture : ces solutions, appelées "zéros" s'écrivent sous la forme z=1/2 +bi, b réel donné. Autrement dit, dans un plan à 2 dimensions, les "zéros" se trouvent répartis sur une ligne. Cela implique également que l'écart entre Dn et la courbe 1/ln n varie de manière aléatoire, un peu comme varie autour de ½ la proportion de pile ou face obtenue en lançant une pièce : on ne peut pas prédire avec précision quand apparaîtra le prochain nombre premier, mais l'organisation de ces nombres est très régulière. Voilà ce que prétend Riemann et qu'il reste à démontrer.

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