Les femmes françaises à la conquête du sport "masculin"

Les femmes françaises à la conquête du sport "masculin" Finis les clichés et autres lieux communs ! Les femmes ne sont plus cantonnées au corps de ballet et s'intègrent de plus en plus à des sports dits masculins. Simple lubie ? Pas si l'on en croit l'histoire du sport féminin.

Longtemps considérées comme des petites choses frêles et sans force, les femmes n'ont pu exercer d'autres sports que ceux considérés comme bienséants vis-à-vis de leur corps. Aujourd'hui encore, beaucoup d'esprits pensent que la femme doit rester consignée à la danse classique et à la gymnastique. Et pourtant, beaucoup d'entre elles ont choisi de briser les codes de la tradition et de pratiquer un sport dit masculin.

Messieurs, il va falloir s'y habituer, les femmes ne sont plus simplement des petits rats d'opéra. Elles touchent au foot, pratiquent le hand, pédalent sur les traces d'Armstrong, maîtrisent le rugby, enfilent des gants de boxe et, surtout, jouent en catégorie professionnelle.

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L'équipe de France de football féminin © NatiSythen

La fausse bonne excuse du danger

Il faut savoir que les femmes ont toujours pu pratiquer un sport, à toutes les époques. Aussi les femmes étaient-elles libres de participer à n'importe quelle compétition durant l'Antiquité, à la seule condition de ne pas prendre part aux exercices masculins. En effet, les mœurs de la Grèce antique exigeaient une stricte séparation des sexes dans la société. Ainsi, les Jeux Héréens étaient considérés comme le plus grand rassemblement sportif féminin.

Toutefois, à partir du XIXe siècle, la reconnaissance des femmes dans le sport n'est plus acquise. Les autorités sportives et politiques développent une hostilité croissante à l'encontre de la gente féminine et déclarent l'interdiction de certains sports aux femmes pour de fallacieuses raisons médicales : corps trop fragile, dangers liés aux pratiques trop brutales, santé trop frêle... Mais les vraies raisons de ces interdictions dérivent en fait des mœurs conservatrices qui exigent qu'une femme ne se donne pas en spectacle.

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Equipe sportive féminine © Martine Gaulon - Galerie photo

"Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public : oui d'accord. Mais qu'elles se donnent en spectacle, à certains jours de fêtes, où sera convié le public, qu'elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n'est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable !", avait ainsi déclaré Henri Desgranges, créateur du Tour de France et journaliste français du début du XXe siècle.

Le retour en grâce des femmes dans le sport

 C'est avec les Jeux Olympiques de 1900 que la gente féminine a pu effectuer un timide retour compétitif. Malgré la persistance d'un dénigrement clairement machiste, quelques sportives parviennent enfin à se faire une place auprès des médias. C'est le cas de Suzanne Lenglen dans les années 1920, joueuse de tennis française dont la réputation n'est plus à faire, ou encore de Mildred Didrickson Zaharias dans les années 1930, athlète et joueuse de golf américaine. 

 

Aujourd'hui encore, les femmes sportives peinent à acquérir une notoriété médiatique et sont bien souvent négligée par la presse spécialisée. Par là-même, il existe encore trop peu de journalistes sportifs au féminin.

Ce cliché de l'homme comme vrai sportif est par ailleurs très présent en France. Il est de notoriété publique que la gym et la danse sont des sports de filles, contrairement au foot ou au rugby qui appellent sans fondement à une virilité extrapolée.
Paradoxalement, un homme peut éventuellement être gymnaste ou danseur. Mais pas question d'entendre parler d'une footballeuse ou d'une rugbywoman ! Ces sports sont catégoriquement jugés trop éprouvants pour la créature frêle, voire chétive qu'est la femme.

Il aura quand même fallu attendre l'engouement soudain pour la Coupe du monde 2011 de football féminin pour que les sports dits masculins commencent à s'ouvrir, un peu, aux femmes. Et pour que l'on prenne conscience que mine de rien, le foot au féminin existe officiellement depuis 1971, officieusement depuis 1919 déjà...

Cinq sports "typiquement" masculins qui s'ouvrent aux femmes

 

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Equipe de France de football féminin © NatiSythen

 Le football : 

Officiellement reconnu depuis 1971, le football féminin dépend de la FFF et de l'UEFA. Au même titre que l'équipe de France masculine, l'équipe de France féminine a la possibilité de participer à la Coupe du monde qui se déroule tous les 4 ans ainsi qu'au Championnat d'Europe. 

Les footballeuses françaises ont toujours figuré dans le top 10 du classement mondial féminin de la FIFA. Elles finissent 4e de la Coupe du monde en 2011.

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Match de handball féminin © West Point Public Affairs

 Le handball

Dépendante de la FFHB, l'équipe de France de handball a joué son premier match international en 1946 contre la Hollande.

De même que l'équipe de France masculine, les femmes participent aux championnats du monde et d'Europe, aux Jeux Olympiques ainsi qu'aux Jeux Méditerranéens bien qu'elles soient relativement peu médiatisées.

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Match de rugby féminin © Kelsey e.

 Le rugby : 

Les femmes aussi peuvent se vanter d'avoir leur Chabal au féminin ! Apparu en 1965 puis chapeauté par la FFR à partir de 1989, le XV féminin peut se targuer de voir son nombre de licenciées augmenter d'années en années.

Tout comme pour l'équipe de France masculine, il existe un Tournoi des Six Nations ainsi qu'une Coupe du monde féminine.

 

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Combat de boxe au féminin © Denis Gustavo

 La boxe

Assez peu réputée, la boxe féminine existe pourtant bel et bien et relève de la FFB. 

Révélée au grand jour par Million Dollar Baby, la boxe demeure néanmoins assez impopulaire auprès de la gente féminine qui y voit un sport  violent typiquement masculin.

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Course cycliste féminine © Rémy Gayet - Galerie photo

 Le cyclisme

Dépendant de la FFC, le cyclisme féminin s'ouvre encore trop peu aux femmes malgré les performances et la médiatisation de Jeannie Longo. 

Il existe pourtant un Championnat de France ainsi que la traditionnelle Grande Boucle féminine. Mais trop souvent escamotée par le Tour de France, cette dernière n'aura pas lieu cette année pour des raisons économiques.