Les révolutions tactiques du football Le 4-2-4 de la Hongrie (années 1950)

Le mercredi 25 novembre 1953, un véritable coup de tonnerre s'abat sur le royaume d'Angleterre : pour la première fois de l'histoire, la sélection des Three Lions est battue chez elle à Wembley (3-6), devant 100 000 spectateurs médusés, incapable qu'elle est de contenir les assauts d'une sélection hongroise déroutante.

Oncle Guszhi à la baguette

Ce succès inédit, la Hongrie le doit en partie à son sélectionneur inspiré, Gusztav Sebes (1949-1956). Ancien ajusteur aux usines Renault de Boulogne-Billancourt, "Oncle Guszhi" a façonné l'équipe nationale avec des règles nouvelles : horaires d'entraînement fixes, régimes alimentaires précis, port de chaussures légères non montantes, etc.

L'équipe évolue comme un seul homme, selon les principes communistes chers à Gusztav Sebes.

Mais c'est surtout sur le plan tactique que la révolution a lieu, les principes communistes servant d'inspiration au sélectionneur : l'équipe évolue désormais comme un seul homme, elle doit attaquer et défendre en bloc, privilégier la passe à l'action en solo et toujours soutenir le porteur du ballon.

Pour mettre en application ce projet, Sebes bouscule le schéma traditionnel et fait coulisser ses joueurs : l'avant-centre redescend d'un cran pour participer au travail défensif, les latéraux peuvent monter pour créer le surnombre et fluidifier l'attaque, et le gardien même peut jouer comme un libéro si besoin. Devant tant de mouvements, les adversaires perdent tous leurs repères et sont incapables de réagir.

Quatre ans d'invincibilité

la hongrie du début des années 1950 possédait la meilleure équipe au monde.
La Hongrie du début des années 1950 possédait la meilleure équipe au monde. © Annto - Fotolia.com

La sélection de Gusztav Sebes devient le Onze d'Or ("Aranycsapat") au fil de ses victoires, emmenée par un Ferenc Puskas étincelant et un Sandor Kocsis redoutable. Les Magic Magyars remportent les Jeux Olympiques de 1952, battent le record d'invincibilité international en enchaînant 31 matchs (dont 27 victoires) sans défaite puis accèdent à la finale de la Coupe du monde de 1954.