Chrysoula Zacharopoulou : face aux plaintes pour viol et témoignages, la ministre se défend

Chrysoula Zacharopoulou : face aux plaintes pour viol et témoignages, la ministre se défend ZACHAROPOULOU. Une troisième plainte a été déposée à l'encontre de Chrysoula Zacharopoulou. Face aux témoignages des victimes, la secrétaire d'État a indiqué qu'elle trouvait ces accusations "inacceptables".

[Mis à jour le 24 juin 2022 à 23h25] Chrysoula Zacharopoulou fait l'objet de deux plaintes pour "viol". La secrétaire d'État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux est également visée par une troisième plainte pour "violences sans incapacité de travail par personne chargée d'une mission de service public", vendredi 24 juin. Alors que la pression s'accentue sur son maintien au sein du gouvernement, elle a réagi cet après-midi par le biais d'un communiqué transmis par son avocat, estimant que ces accusations sont "inacceptables" : "Les accusations graves à mon encontre, portant sur des examens cliniques médicaux réalisés afin de diagnostiquer et de soigner la maladie de mes patientes, sont inacceptables et révoltantes."

Par ailleurs, le parquet de Paris informe que cette nouvelle plainte confirme l'information de l'émission Quotidien, sur TMC. Cette dernière avait recueilli le témoignage de la patiente qui affirme avoir subi des "violences gynécologiques". Les faits se seraient passés lors d'un rendez-vous en 2018 avec la gynécologue pour soigner son endométriose. La secrétaire d'État explique, dans son communiqué, qu'elle n'a "jamais imposé le moindre examen à aucune de mes patientes sans leur consentement".

De nouveaux témoignages accablants

Si deux des trois plaignantes se sont exprimées publiquement sur cette affaire, franceinfo a recueilli le témoignage de six autres anciennes patientes de Chrysoula Zacharopoulou. Trois d'entre elles dénoncent des actes gynécologiques pratiqués sans demande de consentement. Les autres décrivent des "violences verbales" de la part de la gynécologue. Ces nouveaux témoignages évoquent des consultations traumatisantes. Parmi les récits, celui d'Emma âgée de 21 ans, qui a consulté la gynécologue pour son endométriose. "Dans la salle d'attente, je voyais les femmes sortir de son cabinet en pleurant. Et puis ça a été mon tour", raconte l'ex patiente. "Elle m'a dit : 'Je vais vous faire un toucher vaginal', sans me demander mon avis", affirme Emma. La témoin dévoile avoir été examinée à l'aide d'un spéculum. Un acte "brutal" et "douloureux", déclare Emma qui est pourtant habituée à cet examen médical. En sortant du cabinet, elle se dit "traumatisée" et raconte sa version des faits à sa mère. Cette dernière l'interroge : "Tu t'es fait violer ?" 'Limite'", lui répond sa fille.

Ce vendredi sur RTL, c'est une femme atteinte d'endométriose, maladie dont la ministre est spécialiste, qui raconte l'agression dont elle dit avoir été victime en 2018 à l'hôpital Bégin. "Sans me regarder dans les yeux, elle me demande de m'allonger. Puis sans me prévenir elle a mis sa main à l'intérieur de moi. J'avais l'impression que c'était un poing qu'on m'enfonçait. J'ai eu très mal mais je n'ai ni pleuré ni crié", a détaillé l'accusatrice précisant les propos qu'aurait tenu la gynécologue : "Normalement vous devriez crier. Vous devriez avoir mal."

Dans son témoignage, la jeune femme évoque également le discours de Chrysoula Zacharopoulou qui serait teinté d'une forme de violence psychologique : "J'ai osé demander si c'était vrai que j'étais stérile. Elle a alors repris mon dossier et m'a dit 'mais ma pauvre vous n'avez rien compris, vous n'aurez pas d'enfant vous êtes stérile'. Lorsque je me suis mise à pleurer elle m'a demandé 'pourquoi vous pleurez, je ne vois pas l'intérêt'". La témoin de RTL a expliqué avoir déjà dénoncé les faits à l'époque sans pour autant avoir porté plainte contre la gynécologue et désormais secrétaire d'État. Aujourd'hui, elle veut que son témoignage appuie les accusations des deux plaignantes.

Quelles sont les accusations de viol et violences gynécologiques qui visent Chrysoula Zacharopoulou ?

Chrysoula Zacahropoulou est accusée par deux plaignantes qui se présentent comme d'anciennes patientes de la gynécologue et dénoncent des faits de viol lors d'une consultation médicale. Les deux femmes, dont l'une précise qu'elle était majeure lors des faits présumés, ont détaillé leurs accusations mercredi soir dans l'émission Quotidien. L'auteure de la première plainte évoque une pénétration rectale réalisée selon elle alors même qu'elle avait exprimé le refus de l'examen médical. "Je lui dis non. Je vois que je n'ai pas mon mot à dire et elle met son gant. Je me suis mise à pleurer. Puis elle est rentrée", relate-t-elle précisant s'être "totalement figée, je ne pouvais plus parler, je ne respirais plus, j'étais coupée de tout. Je pleurais en silence. J'ai dit que j'avais mal, elle m'a dit : 'Non c'est bon, ce n'est qu'un toucher rectal".

La seconde plaignante indique avoir été agressée en 2016 alors qu'elle consultait Chrysoula Zacharopoulou pour des problèmes d'endométriose, la spécialité de la gynécologue et désormais secrétaire d'État. Dans son témoignage, elle raconte avoir subi ""un touché vaginal sans un mot [...] par surprise" et une pénétration rectale "sans consentement non plus". Des actes présumés qu'elle décrit comme "brutaux, violents et très douloureux". Aujourd'hui, l'ancienne patiente déclare être dans un "état post-traumatique qui est très difficile à gérer". Elle a ajouté au micro de Quotidien que lors de sa consultation "toutes les jeunes filles avant moi sortaient du rendez-vous en larmes".

La dernière patiente à avoir porté plainte pour violences sans incapacité de travail par personne chargée d'une mission de service public, vendredi 24 juin 2022, déposée contre Chrysoula Zacharopoulou, affirme avoir subi des "violences gynécologiques". Les faits se seraient passés lors d'un rendez-vous en 2018 avec la gynécologue pour soigner son endométriose.

D'anciennes patientes témoignent

La liste de témoignages contre Chrysoula Zacharopoulou s'allonge depuis que les plaintes ont été rendues publiques. Le vendredi 24 juin, c'est une ancienne patiente de la gynécologue qui a relaté son agression présumée auprès de RTL. L'accusatrice a expliqué être atteinte d'endométriose et avoir consulté la docteure pour cette raison. Chrysoula Zacharopoulou aurait, selon la jeune femme, "mis sa main à l'intérieur [de la patiente]", "sans [la] prévenir". "J'avais l'impression que c'était un poing qu'on m'enfonçait. J'ai eu très mal mais je n'ai ni pleuré ni crié", a ajouté l'ancienne patiente. Outre une pénétration non consentie, le témoignage évoque des violences psychologiques portées par le discours de Chrysoula Zacharopoulou lors de la consultation. "J'ai osé demander si c'était vrai que j'étais stérile. Elle a alors repris mon dossier et m'a dit 'mais ma pauvre vous n'avez rien compris, vous n'aurez pas d'enfant vous êtes stérile'. [...] Elle m'a demandé 'pourquoi vous pleurez, je ne vois pas l'intérêt'", a raconté la jeune femme.

Chrysoula Zacharopoulou est également mise en cause par une quatrième femme qui a expliqué à l'AFP avoir vécu sa consultation gynécologique, là encore pour des douleurs liées à l'endométriose, "au moins comme une agression sexuelle". Si elle est dit ne pas avoir porté plainte à l'époque de peur de ne pas être crue, aujourd'hui elle "hésite" à le faire. Selon Sonia Bisch, fondatrice de l'association Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques interrogée par BFMTV, son organisation a également reçu les témoignages de trois autres femmes qui "dénoncent de graves violences psychologiques où elles se sont senties humiliées, violentées" lors d'une consultation médicale avec Chrysoula Zacharopoulou.

Comment Chrysoula Zacharopoulou et le gouvernement ont-ils réagi aux accusations de viol ?

Chrysoula Zacharopoulou s'est exprimée par la voix de son avocat, vendredi 24 juin.  "Je n'ai pas connaissance du contenu de ces plaintes, dont je souligne qu'elles ont été déposées dans les jours qui ont suivi ma nomination au gouvernement et qui concernent des consultations qui seraient intervenues il y a plusieurs années", explique-t-elle. La secrétaire d'État explique, dans son communiqué, qu'elle n'a "jamais imposé le moindre examen à aucune de mes patientes sans leur consentement". Par ailleurs, elle trouvent les accusations "inacceptables" : "Les accusations graves à mon encontre, portant sur des examens cliniques médicaux réalisés afin de diagnostiquer et de soigner la maladie de mes patientes, sont inacceptables et révoltantes."

En outre, Matignon n'a pas réagi et seule la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire s'est saisie de du sujet le 23 juin sur Franceinfo. "La justice est saisie et va se prononcer" sur l'affaire Zacharopoulou, a-t-elle rappelé. La voix de l'exécutif a également décrit la secrétaire d'Etat comme "une gynécologue qui pratique depuis de nombreuses années, qui a consacré sa vie à accompagner des femmes atteintes d'endométriose." Comme pour l'affaire Damien Abad survenue il y a un mois, le gouvernement promet que "si ces plaintes devaient donner lieu à d'autres faits de justice, des décisions seraient prises" mais estime "indispensable que la justice puisse travailler indépendamment du pouvoir politique, indépendamment de l'exécutif, pour qu'elle puisse mener à bien ses investigations et porter un diagnostic et une réponse".

Gynécologue à l'AP-HP, Chrysoula Zacharopoulou a-t-elle été signalée à l'hôpital ?

Chrysoula Zacharopoulou exerçait en tant que gynécologue et spécialiste de l'endométriose dans deux établissements de l'AP-HP : l'hôpital Trousseau et l'hôpital Tenon. Selon Franceinfo, elle pratiquait sous la direction du docteur Emile Daraï, lequel est également accusé de viols et d'autres violences gynécologiques par 25 patientes et visé par une information judiciaire pour violence commise par une personne exerçant une mission de service public mais non pour viol.

Après les révélations sur les accusations de viols gynécologiques visant Chrysoula Zacharopoulou, le directeur de l'AP-HP, Martin Hirsch, s'est exprimé sur Twitter, assurant n'avoir "jamais eu connaissance de plainte ou de signalement concernant la docteure Chrysoula Zacharopoulou". Auprès du Monde, l'association hospitalière a également indiqué : "Le CHU a mis en place une commission d'enquête fin septembre 2021 à la suite des accusations concernant le professeur Émile Daraï" et une "attention particulière a été portée à la remontée et au traitement des réclamations des patientes".

Quand Chrysoula Zacharopoulou a-t-elle été nommée au gouvernement ?

Chrysoula Zacharopoulou a été nommée au gouvernement Borne le 20 mai 2022 pour occuper la fonction de secrétaire d'État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, sous la houlette de Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères. Elle était une des surprises du remaniement, notamment parce que sa profession de gynécologue suggère que l'attribution d'un portefeuille dépendant du ministère de la Santé aurait été plus approprié. Sa nomination aux Partenariats internationaux peut s'expliquer par le rôle qu'elle a joué en 2021 dans le dispositif Covax censé organiser l'acheminement de vaccins contre le coronavirus des pays occidentaux vers les pays en développement.

La secrétaire d'État Chrysoula Zacharopoulou était toutefois engagée en politique avant d'être un membre de l'exécutif. Elle a notamment rejoint La République en marche (LREM) en 2019 et a été élue députée européenne la même année. En plus de son investissement au sein du parti présidentiel, Chrysoula Zacharopoulou a été chargée de mener une étude sur l'endométriose, sujet sur lequel elle est titulaire d'un doctorat et pour lequel elle a remis un rapport complet à Emmanuel Macron le 11 janvier 2022.

Après Gérald Darmanin et plus récemment Damien Abad, Chrysoula Zacharopoulou est la troisième ministre du gouvernement, mais la seule femme, à être mise en cause pour des agressions sexuelles. Elle est aussi la seule faire l'objet d'une enquête. Contacté par Franceinfo, Matignon n'a pas souhaité commenter l'affaire.

Chrysoula Zacharopoulou, gynécologue spécialiste de l'endométriose

Ancienne eurodéputée de LREM et désormais secrétaire d'État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou est à l'origine docteure en gynécologie. Née à Sparte, en Grèce, cette franco-grecque a fait ses études en Italie et est sortie diplômée de l'université romaine "La Sapienza", elle est même titulaire d'u doctorat sur l'endométriose. Un sujet de santé sur lequel elle a beaucoup travaillé notamment depuis son arrivée en France en 2007. Elle a exercé dans les services de l'hôpital d'instruction des armées Bégin avant de rejoindre les établissements de l'AP-HP. Au nom de son travail sur la maladie féminine a été nommée chevalier de l'ordre national du Mérite en 2017. Toujours dans le cadre de sa lutte pour la reconnaissance et la prise en charge de l'endométriose, elle a remis un rapport à Emmanuel Macron le 11 janvier 2022 pour améliorer le diagnostic de l'endométriose.

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