Une pénurie de sardines en France ? Des ruptures en rayon et on sait pour quelle raison
Leur absence est loin de passer inaperçue dans les rayons des supermarchés. Et les plus grands consommateurs l'ont même déjà remarquée. Depuis la rentrée, les conserves de sardines se font de plus en plus rares et sont sujettes à une véritable pénurie. Considéré comme un produit bon marché avec un prix généralement aux alentours de un euro, chaque année, ce ne sont pas moins de 16 000 tonnes de sardines qui sont consommées en France. Il s'agit même du quatrième poisson le plus mangé dans l'Hexagone, derrière le thon, le saumon et le cabillaud.
Si ce produit de la mer est aujourd'hui principalement consommé en conserves, de nos jours, celles-ci n'ont plus grand-chose à voir avec les conserves de sardines bretonnes achetées dans le temps. En effet, depuis vingt ans, deux conserves de sardines sur trois sont importées depuis le Maroc et représentent ainsi 11% des exportations agroalimentaires du pays, rapporte RMC Conso. Et la raison est toute simple. Au Maghreb, le coût de la main-d'œuvre est jusqu'à dix fois inférieur comparé à la France, ce qui permet d'influencer les prix au sein de la grande distribution.
La surpêche et le réchauffement climatique comme principaux facteurs de pénurie
Or, étant donné que les conserves de sardines se vendent à petits prix dans les supermarchés, et face à une demande toujours plus importante, les Marocains ont décidé d'intensifier leur production. Et c'est bien là tout le problème. "La flotte de pêche côtière, en particulier celle spécialisée dans la pêche des sardines, a connu une augmentation considérable", a fait savoir le quotidien marocain Al Akhbar. Résultat, la sardine qui est pêchée toute l'année est victime d'une surexploitation sans avoir le temps de se reproduire. Par conséquent, les stocks ne peuvent donc pas se renouveler correctement, ce qui donne donc lieu à une pénurie. Et les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon l'Office national des pêches marocain, les débarquements de sardines sont passés de 950 000 tonnes en 2022 à 525 000 tonnes en 2024, soit une baisse de près de 46% en deux ans. Un constat qui s'observe également en France dans le golfe de Gascogne avec une population qui a été divisée par trois en 20 ans et qui a conduit l'Ifremer (l'Institut français de recherche sur l'océan) à classer la sardine dans la catégorie des espèces "dégradées".
Mais la surpêche n'est pas la seule raison qui conduit à une pénurie de ce poisson qui fait partie des dix espèces les plus pêchées au monde. Le réchauffement climatique a également sa part de responsabilité. Depuis quelques années, outre le fait que les sardines vivent moins longtemps - autour de douze mois alors qu'elles pouvaient atteindre l'âge de 10 ans -, on observe également une diminution non négligeable de leur taille, qui est passée de 17 à 14 centimètres dans l'Atlantique et de 15 à 11 centimètres en Méditerranée. Quant à leur poids moyen, celui-ci a également diminué de moitié. Les sardines se nourrissant de planctons, ces derniers sont en effet de plus en plus petits et beaucoup moins nombreux à cause du réchauffement de l'eau.