Mort de Nahel : le policier auteur du tir peut-il retourner en prison ?
Incarcéré depuis cinq mois, le policier auteur du tir ayant entrainé la mort de Nahel, à Nanterre en juin 2023, est sorti du prison le mercredi 15 novembre. S'il a quitté sa cellule, Florian M. a été placé sous contrôle judiciaire et sa remise en liberté est soumise à plusieurs conditions : il doit "verser un cautionnement" et doit respecter plusieurs interdictions. L'homme de 38 ans ne doit pas entrer en contact avec les témoins et les parties civiles de l'affaire de la mort de Nahel, a interdiction de "paraître à Nanterre" et de détenir une arme.
La remise en liberté acceptée après le rejet des précédentes demandes formulées entre juillet et novembre est un soulagement pour le policier, selon son avocat Me Laurent-Franck Liénard. Le juge d'instruction qui a décidé de libérer l'homme mis en examen a estimé que les conditions qui justifiaient la détention n'étaient plus remplies. Le policier était retenu pour éviter toutes concertations avec ses collègues impliqués et pour assurer sa protection après les violentes émeutes qu'avaient provoqué la mort du jeune homme de 17 ans. D'après l'avocat, il en allait également de la santé psychologique du policier qui a subi un "choc mental terrible" pendant une détention "extrêmement pesante" : "Il était placé à l'isolement, il ne voyait personne, ne parlait à personne, et ne comprenait pas qu'il soit traité comme ça". Non seulement de dénoncer des conditions de détention difficiles, le conseil regrette une "détention manifestement politique" et a assuré sur BFMTV/RMC que son client "n'avait rien à faire en prison".
Un retour en prison possible ?
Le policier est sorti de prison, mais l'affaire est loin d'être terminée. L'homme reste mis en examen pour meurtre et risque donc d'être renvoyé devant la justice à l'issue de l'enquête, sauf si les charges sont abandonnées à la fin des investigations. En cas de procès, le sort du policier et une éventuelle condamnation seront laissés aux mains des jurés et une peine de prison pourra être prononcée renvoyant Florian M. derrière les barreaux. La date du procès n'est pas encore connue.
En cas de condamnation, la peine et éventuellement la durée d'un emprisonnement dépendront des charges retenues contre le policier. Alors que le policier est mis en examen pour homicide volontaire, son avocat a indiqué sur BFMTV/RMC souhaiter la requalification des faits en "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et a annoncé se battre pour obtenir un non-lieu.
Le policier et sa famille menacés de mort
Dans les jours qui ont suivi la mort de Nahel, le policier Florian M. et sa famille ont reçu des "menaces extrêmement graves" et certaines menaces de mort, a rappelé Me Laurent-Franck Liénard, sur BFMTV/RMC, ce jeudi 16 novembre. Ces menaces justifiaient en partie le placement en détention. D'autres mesures de protection ont été prises pour ses proches ou pour sa sortie de prison a ajouté l'avocat. La famille a dû déménager "loin et refaire totalement sa vie" puisque l'adresse du policier avait été partagée sur les réseaux sociaux. Le policier suspect "doit se protéger, vivre de manière anonyme et c'est évidemment très très lourd à gérer", a souligné son conseil. Le nouveau domicile de la famille a d'ailleurs été placé sous surveillance. La chaine d'information en continu indique également que le policier a touché la cagnotte le montant de la cagnotte qui avait été mis en ligne pour les soutenir, lui et sa famille.
Si le policier a souffert de sa détention, il souffre aussi de la mor de Nahel d'après Me Laurent-Franck Liénard. "Son intention n'a jamais été de tuer, jamais de donner la mort, et il est le premier dévasté par la mort de Nahel", insiste-t-il. L'avocat juge que le policier a "utilisé son arme dans un cadre légal" qu'il "n'a jamais visé une zone létale".
La mort de Nahel est survenu le 27 juin 2023 à Nanterre. Le jeune homme de 17 ans conduisait une Mercedes jaune et le véhicule roulant à vive allure avait été repéré par deux policiers motards. Après une course poursuite durant laquelle l'adolescent avait grillé un feu rouge et traversé des passages piétons, le véhicule avait été coincé dans des embouteillage. Le policier suspect s'était alors placé au niveau du capot de la voiture et pointait son arme vers Nahel. Le jeune homme avait alors redémarré le moteur et reçu une balle au niveau du thorax, le blessant mortellement.